C’est un vendredi qui augure le tempo du week-end. Dans la Halle aux grains, quatre-cinq auteurs (sur 200 à venir) sont déjà présents pour le moment en dédicace, alors que les expositions s’installent encore. Des expos inattendues comme Noir c’est noir du Belge Philippe Foerster et De surprise en surprise du cartoonist Voutch dont on découvre les bandes dessiénes attirent indéniablement le regard. On a tout de suite un aperçu d’univers singuliers, avec des cartels clairs et un choix soigneusement effectué de planches qui s’offrent intimement du public : un effet de pénombre apaisant (elles ne peuvent pas être exposées à plus de 50 lux) met en évidence les œuvres. Nous vous détaillerons tout cela dans quelques articles à venir.
Au détour d’un stand, la présence de bande dessinée asiatique est également très rafraîchissante : on y découvre le 9e art taïwanais, ou encore le leporello qui illustre en une seule image en accordéon, une BD de plus de 50 mètres, toute l’histoire d’une ville en train de disparaître dans Qin Opera, de Li Zihwu et Men Xiaoyan, regard sur des traditions artistiques encore méconnues ici. À la Maison de la BD, 3 rue des Jacobins, on est d’ailleurs gâté avec une exposition introduisant à la bande dessinée de tous les continents.
En face, dans le chapiteau, rencontre avec différents éditeurs pour tous les goûts : BD européenne, africaine, comics, d’action, jeunesse, indépendante... Les éditeurs prestigieux ne manquent pas (Des Ronds dans l’O, Rue de l’Échiquier, La Boîte à bulles, The Hoochie Coochie, le prozine Tonnerre de bulles...), ainsi que les projets engagés (Bulles de mémoire, Amnesty...), réaffirmant le caractère exigeant du festival, un « anti-Angoulême » en quelque sorte.
À la Maison de la BD, en ville, au bord de la Loire, les bulles sont historicisées et présentées avec un grand soin pédagogique. À 18h30, la rencontre avec Posy Simmonds, venue inaugurer sa propre rétrospective -qui concerne surtout ses trois BD les plus connues- s’accompagne de ce cadeau symbolique qui lui est donné par la mairie : un exemplaire de Madame Bovary, en écho à sa version modernisée et revue, Gemma Bovery (Denoël Graphic). Dans un français délicieux (l’autrice a été jeune fille au pair en France dans sa jeunesse), Posy Simmonds a fait un charmant éloge de Blois, une ville qu’elle trouve « bouleversante » !
Une grande fresque de 20 mètres au sol, Qin Opera justement, représente bien la volonté de Blois de ne pas toujours aller à l’évidence. Cela ne se fait jamais au détriment du grand public : l’expo revient de façon très claire sur toute l’histoire des bandes dessinées, tandis qu’une salle dédiée au Chat du boulanger (Casterman) rappelle que la jeunesse est toujours un cœur de cible pour BD Boum.
Le soir, au château de Blois, tous les journalistes, auteurs et éditeurs sont conviés à un discours d’inauguration par l’incontournable maire (PS) de la commune Marc Gricourt qui connaît bien mieux la BD que l’édile de Champignac er qui remit une médaille d’honneur à Jean-Pierre Baron, longtemps président de BD Boum. L’ambiance est aux traits d’humour, à la décontraction, bref on sent un besoin de retrouvailles et de convivialité après des temps difficiles. Le maire revient par ailleurs sur la nécessité de débattre sur la précarité des auteurs et autrices BD.
Mais le festival ne fait que commencer : avec plus de 200 auteurs, 75 exposants, 14 expositions, 50 rencontres d’auteurs dont certaines animées par des journalistes d’ActuaBD, 15 ateliers, 5 spectacles et concerts, et les spéculations concernant la remise du Grand Prix samedi soir, BD Boum n’affiche aucun temps mort !
(par Auxence DELION)
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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