Cette série en deux tomes aborde avec humour le thème de la différence et de la tolérance : sociale, religieuse et humaine. Pourtant, tout commence bien pour notre trio SDF qui va enfin pouvoir se "ranger" dans une maison. Mais il n’y a pas de solidarité dans la pauvreté et certains n’hésitent pas à détrousser ceux qui n’ont déjà pas grand chose. Même retourner dans la rue s’avèrera plus difficile que prévu.
De son côté, Prie-Dieu a une façon bien à lui de mêler les trois religions du Livre (judaïsme, islam, christianisme) et son syncrétisme aura des conséquences inattendues. Enfin, Nicolas n’est pas un simple faire-valoir d’une minorité handicapée. Il est au cœur de l’histoire et sa sensibilité entièrement tournée sur le personnage de Gagarine est à l’origine de toute la poésie qui se dégage de cet album.
Au début de ce second opus, Nicolas a disparu. Or, si Amédée ne le retrouve pas rapidement, il perdra la maison. S’engage donc une recherche désespérée avec l’aide de Madame Louison, une infirmière qui le connait bien. On peut s’en douter, rien ne se passera comme prévu.
« J’adore la comédie italienne, nous explique Aurélien Ducoudray, Et "Affreux, sales et méchants" est un de mes films de chevet car d’une situation socialement très difficile, les personnages au seuil de la misère parviennent à être aussi drôles que méchants. Je voulais retrouver cette atmosphère, avec l’image un peu céleste du clochard interprété par Charlie Chaplin, tout en rappelant qu’être SDF n’a absolument rien d’enviable. Et pour ces clochards à qui l’on refuse toujours quelque chose, je suis parti de l’hypothèse d’observer ce qui allait se passer si l’inespéré leur tombait du ciel dans les mains, si le bonheur qu’ils attendent depuis si longtemps n’allait pas se transformer en cauchemar. »
« Sur la même hypothèse de voir si l’impossible devenir possible, nous détaille le scénariste, Je ne me suis pas intéressé au handicap en tant que tel, mais plutôt à un personnage enfermé dans son corps. Le trisomique que je mets en scène pourrait apparaître comme un doux rêveur, alors qu’au contraire, il est bien ancré dans la réalité, et souffre de ses limites. Lorsque j’ai évoqué cette idée de comédie dramatique à Anlor, elle était initialement très réticente, et pensait que son trait ne conviendrait pas. Au final, ses dessins se sont mis au service de l’émotion des personnages, et derrière une mise-en-scène très dynamique, les dialogues prennent une vraie densité, ce qui apporte le souffle nécessaire au récit. »
Aurélien Ducoudray est un scénariste qui ménage ses effets et qui sait faire rebondir les situations. Cette histoire, qui semble d’un premier abord cousue de fils blancs, se révèle beaucoup plus riche que prévue même si la fin est bien celle à laquelle on peut s’attendre.
Peu importe, on ne boude pas son plaisir et le dessin vif et précis d’Anlor est aussi une grande qualité de ces albums. Son trait a gagné en maturité depuis ses précédentes séries et sa mise en couleur est une vraie réussite.
Des qualités humaines, la tolérance n’est pas un vain mot... Et cet album l’illustre de la plus belle manière !
(par Jérôme BLACHON)
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
D’A coucher dehors, d’Anlor & Aurélien Ducoudray (Bamboo - Grand Angle), commander :
le T1 chez Amazon ou à la FNAC
.
le T2 chez Amazon ou à la FNAC
Des mêmes auteurs, lire notre chronique de leur précédente collaboration chez le même éditeur : Amère Russie, ainsi qu’une précédente interview d’Anlor