Par la forme d’abord. Alors que Maus comptait près de 300 pages en noir et blanc très précises et très denses, celui-ci en aligne une petite dizaine de grand format en couleur, publiées dans quelques grands journaux internationaux, entrecoupées de textes explicatifs et de documents reprenant des BD du début du siècle. Peut-être pour donner de la main à l’ouvrage, ce volume est imprimé sur du papier-carton, à la manière des livres de première lecture pour les 0-3 ans.
Empreint d’émotion, le propos est celui d’un homme que l’écroulement des tours jumelles de Manhattan a durablement ébranlé, un peu comme si cette douleur nouvelle ré-ouvrait les anciennes blessures si laborieusement refermées par un dialogue douloureux entre Spiegelman et son père racontant son expérience de la Shoah.
L’album est militant et participe à la croisade anti-Bush de saison d’une manière drastique et efficace. Ce faisant, on regrette qu’il se laisse envahir par la force de l’émotion davantage que par la clarté de la réflexion. Son caractère régressif en particulier nous semble desservir cette mission que Maus accomplissait merveilleusement : faire prendre conscience.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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