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Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 juin 2014                      Lien  
Hermann est un de nos grands dessinateurs, cet album le prouve sans aucun doute. Pourquoi, dès lors, si peu de reconnaissance officielle lui est-elle dévolue? Peut-être n'est-il pas né au bon moment, ni au bon endroit.

Quand on feuillette cet album (une nouvelle édition enrichie de 10 nouvelles pages), on se rend compte du chemin parcouru entre les années 1970 d’où sont issus Massacres, La Fuite, Le plus fort (Sc. Yvan Delporte), et Une Histoire d’ange scénarisée en 2013 et dont le scénario est signé Christian Godard.

Dans ces années 1970, il est l’égal de Giraud, capable de passe d’un réalisme et des ambiances à la Martin Scorsese à un trait épuré et humoristique à la Moebius. Techniquement, ses gouaches ont l’aplomb d’un des meilleurs illustrateurs américains qui croisent dans les eaux de Frank Frazetta.

Sans doute est-il né au mauvais moment, quand la bande dessinée franco-belge n’avait pas encore trouvé la voie pour toucher un public adulte. D’où une frustration qui transparaît dans l’histoire Le Massacre où il transpose l’affaire Sharon Tate.

Sans doute n’est-il pas né au bon endroit, non plus. Ce qu’on lui reproche le plus souvent : cette violence exacerbée, des idées radicales qui pourraient le faire passer pour un facho, on la transposerait aux USA, il ne serait simplement qu’un autre Frank Miller, précisément adulé pour cela.

Rétrospectivement, on peut rêver : si Hermann avait fait carrière là-bas, s’il avait dessiné Batman, ou même, et l’idée en vient quand on feuillette dans l’album les pages de La Cage, si un Alan Moore ou mieux, un Grant Morrison s’étaient occupé de son cas, où en serait aujourd’hui notre dessinateur belge ? Il aurait pu pourtant : il parle couramment l’anglais. Mais il a préféré rester avec ses potes dans le Plat Pays. Tant mieux pour la BD belge, tant pis pour la BD tout court.

Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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35 Messages :
  • Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat
    27 juin 2014 13:05, par RD

    Martin Scorsese

    et non Martin Scorcese

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  • Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat
    27 juin 2014 16:34, par badaboum

    Pour moi, l’équivalent de Hermann aux USA c’est Richard Corben. Je parle niveau dessin, ambiances, matières, transpiration des personnages... Au cinéma, ce serait Mad Max !

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    • Répondu par matt le 7 juillet 2014 à  01:11 :

      merci.
      j’ai toujours comparé Hermann et Corben, 2 de mes auteurs préférés... et tout est là. Moebius est un génie, mais "propre". Hermann est son pendant "punk". Très crade, jamais vraiment bien dessiné... et jamais considéré...mais quelle vie ! comme Corben, même, si je ne suis pas sûr qu’Hermann aime la comparaison (question de génération, et de continent)...

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  • Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat
    27 juin 2014 22:24, par Michel Dartay

    Une aisance époustouflante, un rendu exceptionnel des ambiances et du mouvement, en bref un surdoué du dessin ! Mais c’est vrai qu’il n’a jamais obtenu le succès mérité. C’est dommage, vraiment dommage !

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  • La planche présentée fait davantage penser à du Archie Cash qu’à du Moebius.

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    • Répondu par Thierry le 28 juin 2014 à  00:23 :

      À du Weyland je trouve.

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      • Répondu le 29 juin 2014 à  18:53 :

        Allons-y franchement, à du Graton. Non, mieux ; à du Devos.

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    • Répondu par badaboum le 28 juin 2014 à  23:34 :

      Normal, Malik s’est largement inspiré du style de Hermann pour Archie Cash.

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    • Répondu par Pol le 29 juin 2014 à  21:24 :

      Sur Bernard Prince, Dany a prouvé qu’il est un bien meilleur dessinateur réaliste que Hermann. Sur du comics de super-héros Dany aurait fait des merveilles, il suffit de voir les pages qu’il faisait sur Arlequin.

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      • Répondu le 1er juillet 2014 à  19:30 :

        Hermann à toujours eu des approximations ou des distorsions anatomiques mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas un grand dessinateur. Il a su faire de ses défauts un style et sa représentation de la nature sauvage et des éléments sont sans beaucoup d’égal. De plus il est un immense narrateur. Son découpage , par son énergie et certains plans fixes, très cinématographique est au dessus de l’énorme majorité de ses confrères, même Gir (à mon humble avis). Il s’en dégage un écoulement du temps très particulier. Son storyboard de l’ouverture du "Pirates" de Polanski est diablement plus puissant que ce qui apparaît à l’écran.

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  • Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat
    28 juin 2014 13:57, par xav kord

    Qu’entendez-vous par "reconnaissance officielle" ?
    Pour ma part, j’ai le sentiment qu’il jouit de l’estime de la plupart de ses pairs et des professionnels de la profession, qu’en terme de récompenses et autres prix, son palmarès est pour le moins conséquent (en dehors bien évidemment du festival-dont-on-ne doit-pas-prononcer-le-nom) et qu’enfin il a connu un large succès commercial, y compris en dehors des frontières francophones...
    Hermann mésestimé ? Je n’ai vraiment pas cette impression...

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  • Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat
    28 juin 2014 22:12, par LC

    Dans ces années 1970, il est l’égal de Giraud

    Pas du tout, Giraud est largement au-dessus, par son dessin, son encrage, ses modelés, ses mises en scène. Jamais le dessin Hermann n’a le charme, la volupté, la sensualité de Giraud dans ces années-là, du dyptique Mine/spectre à Angel Face, le talent de Giraud associé à celui de Charlier (quelle force dans la narration)est éclatant, laissant ses collègues loin derrière.

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    • Répondu par Alex le 28 juin 2014 à  23:53 :

      Vous n’étiez qu’un moutard dans les années 70 et êtes donc bien mal placé pour parler de l’impact et -effectivement- des rapprochements évidents que les vieux débris comme moi (mômes alors) faisaient entre ces 2 surdoués de la bd franco-belge. Vous faites le constat (et le malin) 40 ans après la bataille.

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      • Répondu par Sergio Salma le 29 juin 2014 à  00:20 :

        C’est quoi cette idée de mettre les artistes en compétition ? Ridicule.

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      • Répondu par LC le 29 juin 2014 à  00:46 :

        Justement banane le recul permet de mieux juger qu’avec le nez dans le guidon. Hermann n’a rien d’un surdoué mais c’est un bon dessinateur (quoiqu’entre la page présentée ici et le lamentable Retour au Congo sorti il y a peu on puisse en douter). Dans les 70’ certains pensaient que Druillet était un génie, alors que ça a toujours un gros baltringue, alors le jugement de l’époque...

        Faudra expliquer la différence (d’âge) entre un moutard et un môme.

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        • Répondu par xav kord le 29 juin 2014 à  11:09 :

          Autant d’assertions non étayées et pleines de... vide en aussi peu de phrases, autant de sottises et de fatuité en aussi peu de mots : bravo !

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          • Répondu le 29 juin 2014 à  22:35 :

            Le recul pour juger ce n’est pas si bête, c’est la différence entre le travail d’historien et de journaliste. Que retiendra-t-on avec le recul des années 90/2000 ? Trondheim ? Arleston ? Clarke ? ZEP ? David B ? Aucun ? Tous ? D’autres ?

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            • Répondu par xav kord le 30 juin 2014 à  14:11 :

              Ce n’est pas l’idée d’avoir du recul pour analyser que je condamne dans les propos de LC, ce sont ses jugements à l’emporte-pièce dénués de sens (mais lestés d’une bêtise crasse). Au passage, on peut aujourd’hui feuilleter un Bernard Prince ou un Comanche des années 70, et on constatera justement que, si scénario et dialogues ont pris un (petit) coup de vieux, dessins et découpage sont toujours aussi efficaces...

              Quel historien de la BD, à supposer que LC en fût un, oserait traiter un auteur, ici Druillet (!), de "baltringue" ?

              Quel amateur ayant un minimum de recul, justement, estimerait légitime de comparer les mérites (?) d’un dessinateur à ceux d’un autre ? Ça doit être lié à la Coupe du Monde de football : on finit par voir des matches partout...

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              • Répondu le 30 juin 2014 à  15:25 :

                Quel amateur ayant un minimum de recul

                Justement, si LC est l’auteur auquel je pense, ce n’est pas du tout un amateur et c’est un connaisseur éclairé de la bd, et je suis pas loin de penser comme lui à propos de Druillet.

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                • Répondu par xav kord le 30 juin 2014 à  22:54 :

                  Ah ben alors, si un anonyme n’est pas loin de penser comme "LC", un auteur-auquel-on-pense, alors on ne peut que s’incliner. Mille pardons. Je le ferai pus.

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                • Répondu par Alex le 30 juin 2014 à  23:36 :

                  Un dessinateur de frêle envergure se permet qq provocations, c’était ma faute d’y répondre. Je ne lui donnerais plus ce plaisir. Un autre, le grand Moufti, interprétant toujours tout selon ses propres versets. C’est le fabuleux constat en direct de la bd franco-belge. Un naufrage sans nom, des guéguerres de pré-pubères. Bonne chance avec le futur. Et adieu.

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    • Répondu par badaboum le 29 juin 2014 à  00:47 :

      Dans ces années là, le dessin de Hermann était "crade" et je l’adore pour cela. Il dessinait en "8mm". Le 8mm du cinéma des années 70 où les personnages transpiraient. Hermann dépasse Giraud au niveau de la violence des personnages, plus réaliste chez lui. Quand Red Dust dans "Le Corps d’Algernon Brown" balance deux bastos a un type qui le baratine et lui sort "Même au théatre, tu te serais fait siffler, fumier !" (dialogue Michel Greg) C’est autre chose que Charlier et ses "damned !" et autre Bloods’nd guts !" ridicules à la longue (marre du cinéma de papa !).

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      • Répondu par Frenchoid le 29 juin 2014 à  12:58 :

        Je souscris aux propos de budabuda. Pour l’anecdote, Greg adorait déposer sur le bureau d’Hermann (du temps qu’ils travaillaient en studio) les pages fraîchement parues de Gir dans le [i]Pilote[/i] de la semaine. Greg avait cette façon à lui d’élever le sanglier (dans sa sous-espèce ardennaise)...

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        • Répondu par Phildar le 29 juin 2014 à  14:10 :

          Greg adorait déposer sur le bureau d’Hermann les pages de Gir dans le Pilote de la semaine.

          Preuve que Greg, grand dessinateur, savait que Hermann n’avait pas le talent de Gir et voulait booster son collaborateur. Tous les dessinateurs qui faisaient du western à l’époque allaient copier ce que faisait Gir, même Seron allait copier des décors dans Blueberry.

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          • Répondu le 29 juin 2014 à  18:54 :

            Et Gir n’a jamais lorgné ni sur Jijé ni sur personne d’autre bien entendu.

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            • Répondu par Pol le 29 juin 2014 à  22:32 :

              Renseignez-vous mon brave, Gir était l’élève de Jijé, il a fait ses armes sur Jerry Spring. Peu d’auteurs ont eu autant
              de descendants que Gir.

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      • Répondu par Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez le 29 juin 2014 à  14:15 :

        Le 8mm du cinéma des années 70

        Le 8mm n’a jamais été un format pour le cinéma, c’était un format amateur et dans les années 70 il n’existait plus, on était passé au super8. Il y avait un format semi-pro, le 16mm, qui était surtout utilisé pour le documentaire et la télévision. La plupart des westerns devaient être filmé en 35mm, même les westerns italiens ou espagnols.

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        • Répondu par badaboum le 30 juin 2014 à  01:18 :

          C’est 35 mm, T’as raison. hasta luego, Tuco !

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    • Répondu par matt le 7 juillet 2014 à  01:17 :

      pas d’accord ! il y a quelque chose de "viscéral" dans le dessin d’Hermann que n’a jamais eu Gir. Jean Giraud n’est plus là pour nous le dire, mais je pense qu’il nous aurait avoué son respect pour Hermann.

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      • Répondu par Olive le 17 juillet 2014 à  01:04 :

        Jean Giraud n’est plus là pour nous le dire, mais je pense qu’il nous aurait avoué son respect pour Hermann.

        Uhuhuh ! Vous connaissez bien mal Giraud...

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  • Abominable - Par Hermann - Ed. Glénat
    29 juin 2014 22:38, par Serge Sourdil

    Ce que Hermann a fait de mieux c’est Nick dans Spirou avec Morphée au scénario. C’est inspiré de Little Nemo que Moebius reprendra aussi à son compte quelques années plus tard (avec moins de réussite).

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    • Répondu le 30 juin 2014 à  05:20 :

      Morphée n’était autre que philippe vadooren, redac’chef du Spirou d’alors et auteur des fameux entretiens avec Franquin et Jijé, et par ailleurs il n’était pas très satisfait de son "nic". Si vous aimez little Nemo, précipitez-vous sur la version de Frank Pé !

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