Quand on feuillette cet album (une nouvelle édition enrichie de 10 nouvelles pages), on se rend compte du chemin parcouru entre les années 1970 d’où sont issus Massacres, La Fuite, Le plus fort (Sc. Yvan Delporte), et Une Histoire d’ange scénarisée en 2013 et dont le scénario est signé Christian Godard.
Dans ces années 1970, il est l’égal de Giraud, capable de passe d’un réalisme et des ambiances à la Martin Scorsese à un trait épuré et humoristique à la Moebius. Techniquement, ses gouaches ont l’aplomb d’un des meilleurs illustrateurs américains qui croisent dans les eaux de Frank Frazetta.
Sans doute est-il né au mauvais moment, quand la bande dessinée franco-belge n’avait pas encore trouvé la voie pour toucher un public adulte. D’où une frustration qui transparaît dans l’histoire Le Massacre où il transpose l’affaire Sharon Tate.
Sans doute n’est-il pas né au bon endroit, non plus. Ce qu’on lui reproche le plus souvent : cette violence exacerbée, des idées radicales qui pourraient le faire passer pour un facho, on la transposerait aux USA, il ne serait simplement qu’un autre Frank Miller, précisément adulé pour cela.
Rétrospectivement, on peut rêver : si Hermann avait fait carrière là-bas, s’il avait dessiné Batman, ou même, et l’idée en vient quand on feuillette dans l’album les pages de La Cage, si un Alan Moore ou mieux, un Grant Morrison s’étaient occupé de son cas, où en serait aujourd’hui notre dessinateur belge ? Il aurait pu pourtant : il parle couramment l’anglais. Mais il a préféré rester avec ses potes dans le Plat Pays. Tant mieux pour la BD belge, tant pis pour la BD tout court.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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