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Adam ("Kid Paddle", "Game Over") : "C’est très compliqué d’expliquer ce qui fait le sel d’un gag"

Par Christian MISSIA DIO le 18 janvier 2014                      Lien  
Alors que MAD Fabrik, la maison d'édition de Kid Paddle, est passée sous le pavillon du groupe Glénat, Adam, l'assistant de Midam, a accepté de commenter cette information. C'est aussi l'occasion d'évoquer l'avenir de la série "Game Over" et de faire la lumière sur ce dessinateur encore peu connu du grand public.
Adam ("Kid Paddle", "Game Over") : "C'est très compliqué d'expliquer ce qui fait le sel d'un gag"
Game Over T11 - Yes I can !
Par Midam, Adam & Patelin (c) MAD Fabrik

MAD Fabrik a été racheté par Glénat. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Adam : En fait, pour moi, cela ne change pas grand chose car mon employeur c’est Midam. Il peut travailler pour Pierre, Paul ou Jacques, cela ne change strictement rien en ce qui me concerne. Maintenant, ce qui est un petit peu dommage, c’est que MAD Fabrik était une structure dynamique. Aujourd’hui, c’est une histoire qui se termine. Il y a un petit peu de tristesse de ma part mais, concrètement, cela n’a aucune incidence sur mon travail.

Cela veut-il dire que le label va disparaître ?

Absolument pas, mais c’est juste que nous ne sommes plus la même équipe suite à ce rachat. Dimitri Kennes, Midam et son épouse Araceli Cancino se sont séparés professionnellement. La structure familiale de MAD Fabrik telle qu’on la connaissait est terminée, c’est ce que je voulais dire. Tout dépendra de Glénat désormais.

Hormis ce changement dans la direction, y a-t-il eu des départs au niveau des employés de votre structure ?

Ce que je sais c’est qu’avant le rachat, MAD Fabrik avait dans son équipe une secrétaire et deux infographistes. Ces personnes nous ont quitté car c’est Glénat qui se chargera de ces aspects là désormais.

Quelques extraits de Game Over T11 - Yes I can !
Par Midam, Adam & Patelin
(c) MAD Fabrik

Le personnage de Kid Paddle n’est plus présent dans Game Over depuis deux albums. Il avait déjà disparu de la série une première fois puis, il était revenu. Comment doit-on interpréter vos choix ? Doit on comprendre que la série Game Over se suffit à elle-même ?

Nous nous sommes posé beaucoup de questions concernant la présence de Kid Paddle dans ce spin-off. Au début, nous nous demandions si cela ne créait pas une confusion pour les lecteurs, car certains confondaient les deux séries. Par la suite, il y a eu une baisse des ventes de Game Over, nous avons donc remis Kid afin de dynamiser celles-ci, mais Midam a considéré que cela ne servait à rien et donc, il a pris la décision de le retirer définitivement. Nous ne regrettons pas ce choix car Game Over se porte mieux en librairie et il a vraiment gagné sa propre identité. Et puis Kid Paddle dans Game Over demande plus de travail. Comme nous avions énormément bossé ces derniers mois, nous avons décidé qu’il devait quitter la série.

Le trio fondateur, aujourd’hui séparé, de MAD Fabrik
Midam (à gauche), Dimitri Kennes (à droite) et Araceli Cancino

Y a-t-il des thématiques dans Game Over ? Par exemple, dans le précédent album, c’est la gaucherie de la Petite Princesse qui servait de ressort humoristique alors que dans celui-ci, c’est plutôt sa jalousie.

Non, c’est un hasard. Vous le soulignez, mais je ne m’en étais même pas rendu compte.

En ce qui concerne les couvertures, c’est Midam qui s’en occupe. Il essaie à chaque fois de trouver un gag et un titre intéressant, de préférence en anglais car nous essayons de rendre la série la plus internationale possible.

Au niveau des gags, les scénaristes sont souvent différents. Dans celui-ci c’est Patelin mais dans le précédent c’était Thitaume et chacun à son propre univers. Ces scénaristes ont émergé suite au concours que nous avions organisé sur notre site. Afin de leur donner une véritable expérience du métier de scénariste de BD, Midam a décidé les faire travailler sur un album complet chacun à leur tour. C’est pour cela qu’il y a des variations au niveau des univers. Par contre, je travaille actuellement sur le douzième Game Over et celui-ci sera signé par un collectif de scénaristes. Du coup, nous irons encore dans d’autres directions. Ce système que nous avions mis en place avec nos internautes fonctionne plutôt bien, au point que nous avons encore un bon réservoir de gags sous la main.

Quels sont les aspects auxquels vous faites le plus attention lorsque vous lisez les scénarios que les lecteurs vous envoient ?

Étant donné que nous sommes au onzième album et que le schéma scénaristique est très fermé, nous faisons particulièrement attention aux choses originales. Il faut que ça nous surprenne. Ce qui fait qu’un gag est pris ou pas, c’est bien entendu l’originalité mais surtout, c’est une équation de beaucoup de choses... C’est très compliqué d’expliquer ce qui fait le sel d’un gag. Parfois, nous recevons des gags qui sont dactylographiés, manuscrits ou même dessinés qui me laissent dubitatif mais il suffit que Midam s’en empare pour qu’ils deviennent drôles. C’est dû au fait qu’il est auteur complet, contrairement à moi. Il n’y a pas de recette, c’est juste que certaines personnes ont cela dans le sang et savent comment faire un bon scénario comique.

Comment avez-vous rencontré Midam ?

C’était fin 2001. Lorsque Kid Paddle a commencé à avoir beaucoup de succès, un magazine lui a été spécialement dédié chez Hachette. Midam n’arrivant plus à suivre le rythme de travail tout seul, il a donc eu besoin d’un assistant et a fait un appel d’offre. J’ai passé les tests et j’ai été choisi, tout simplement.

Au début, tout cela était très épisodique pour moi car il fallait juste proposer de la matière pour le magazine. Ensuite est né l’idée de faire des gags sur le Petit Barbare. Au bout d’un an et demi, je lui ai suggéré que nous avions assez de planches pour faire un album avec ce personnage. Nous avons donc publié le premier album de Game Over et celui-ci a eu beaucoup plus de succès qu’espéré. Nous étions véritablement surpris et nous avons poursuivi notre collaboration.

Quel est votre parcours ?

J’ai eu un parcours assez chaotique. J’ai débuté chez Dupuis bien avant que Midam n’y entre. J’ai réalisé quelques strips mais rien de vraiment convaincant. Par la suite, j’ai travaillé avec Denis Lapière sur un western mais là aussi, ce n’était pas très abouti. J’ai alors laissé tombé la BD pour la peinture et le jeu vidéo comme graphiste. Par la suite, j’ai voyagé. À mon retour, j’ai recommencé à peindre et c’est à cette période là que j’ai reçu cette proposition de bosser avec Midam. Je me suis dit que c’était un quitte ou double et j’ai foncé.

Hormis le travail quotidien, vous arrive-t-il de proposer de nouveaux projets BD à Midam ?

C’est à dire que Game Over et Kid Paddle me prennent énormément de temps. Surtout ces dernières années, où nous publions deux albums par an du Petit Barbare. Ajouté à cela, j’interviens aussi de temps en temps sur Grrreeny. Tout cela est très chronophage et je dois reconnaître que je n’ai jamais pensé à faire ma propre série. De plus, Midam compte sur moi pour que je le seconde efficacement.

Êtes-vous confiant pour votre avenir au sein de MAD Fabrik maintenant que la société a été rachetée ?

Je n’ai pas de boule de cristal, je n’en sais rien mais je me dis que ça devrait bien se passer car Glénat est une grande maison d’édition. Par contre, je pense que nous allons un peu diminuer le rythme de travail. Je crois que nous allons produire un album tous les neuf mois au lieux de deux albums par an, ce qui va un peu diminuer la pression. Pour le reste, je n’ai aucune idée pour l’avenir mais j’ai confiance en Midam.

(par Christian MISSIA DIO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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