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"Akira" revient en salle et en 4K

Par Jaime Bonkowski de Passos le 21 août 2020                      Lien  
L'héritage d'Akira dans la bande dessinée mondiale, dans la science fiction, dans le cinéma d'animation et dans la culture en général n'est plus à contester. Le chef-d’œuvre de Katsuhiro Otomo fait partie des monuments de la pop-culture contemporaine et figure comme une référence absolue du manga aussi bien en Asie que dans le reste du monde. Ce 19 août, la sortie en salle d'une version 4K remasterisée du film d'animation sorti en 1988 est donc l'occasion de se rappeler les raisons de son succès, et de constater que, même trente ans plus tard, Kaneda et sa bande n'ont pas pris une ride.

On a déjà beaucoup glosé sur Akira, y compris sur ActuaBD. Pourtant, il semble que cette œuvre a encore et toujours quelque chose à nous dire, une pertinence qui résonne encore trente ans après sa création. Comment la folie des hommes peut-elle conduire une civilisation à la ruine, comment les leçons de l’Histoire, aussi cruelles soient-elles, peuvent facilement s’oublier, les conflits inévitables entre deux générations qui n’ont pas connu les mêmes traumatismes, mais aussi l’espoir dans l’avenir et dans le renouveau,... Ne sont-ce pas là des sujets d’une étonnante actualité ?

"Akira" revient en salle et en 4K
© Akira / Dybex S.A.

Des thèmes très japonais, certes (l’ombre traumatique de la bombe atomique, les conflits sociaux de l’immédiat après-guerre, le décalage entre les Japonais de la Seconde guerre mondiale et les "enfants de la bombe"...) mais qui sont aussi transversaux, facilement compréhensibles et appropriables par tous les publics. Voilà pourquoi Akira est toujours pertinent en 2020. Les questions que le film aborde ne sont toujours pas résolues, les enseignements toujours pas assimilés, en dépit du fait qu’ils soient dispensés par les événements avec une violence rare.

Une violence qui, en 1991 lorsque le film arrive dans les salles française, fait scandale : on est alors au début de la vague nippone du manga qui va déferler sur la France, et l’animation japonaise apparaît comme le sommet d’une violence « gratuite » et « barbare », à condamner et à censurer à tout prix pour protéger nos bambins.

Si aujourd’hui, nous sommes un peu plus habitués à la violence constitutive de bon nombre de nos divertissements (qu’ils soient japonais, américains ou d’ailleurs), la brutalité d’Akira reste inédite et inégalée. Les ville sont réduite en cendres non pas sous l’impulsion de rayons lasers tirés par des guerriers de l’espace, mais à cause de l’arrogance de quelques scientifiques jouant à Dieu. Les enfants sont enlevés et torturés "pour la science", pour le progrès, mais il n’en ressort aucun super-héros aux idéaux de fer, seulement des êtres brisés et instables, dangereux pour eux comme pour les autres.

Critiquée, condamnée, censurée, c’est pourtant la violence d’Akira qui, en partie, confère sa force à l’œuvre. Esthétisée mais jamais glorifiée, magnifiée dans toute son horreur, la violence apparaît comme une réalité inévitable et indépassable de l’être humain, de laquelle émane une certaine beauté morbide, mais qui causera au final toujours la ruine des mondes. On assiste pas à la violence d’Akira comme on apprécie un film catastrophe aux destructions spectaculaires. La violence du film dérange, interpelle, attriste, elle n’est ni vaine ni optionnelle.

Une violence organique et mécanique qui décompose les corps.
© Akira / Dybex S.A.
Néo-Tokyo à l’aube du cataclysme
© Akira / Dybex S.A.

Elle est aussi et surtout dispensée par une qualité de réalisation proche de la perfection, un tour de force technique qui encore aujourd’hui défie les limites du cinéma d’animation.

En 1988, Akira est un OVNI du cinéma, une pièce vingt ans en avance sur son temps, d’une qualité de production qui semblait alors inatteignable, se jouant de toutes les contraintes du genre. Travail de titan et d’orfèvre, ou de titan orfèvre, il est difficile pour les non-initiés de se représenter la quantité de travail derrière chaque scène, chaque plan, chaque image, fruit des efforts de l’auteur du manga lui-même qui s’est fait pour l’occasion réalisateur afin de garder la mainmise sur sa création.

Pour la réouverture des salles après le covid, les cinéma français ont donc choisi d’attaquer la saison avec la toute nouvelle version d’Akira remasterisée en 4K pour assurer une expérience inédite aux fans de la première heure comme aux nouveaux amateurs. Une initiative assurément commerciale, mais qui n’en reste pas moins réussie, et qui a le mérite de ramener du monde en salle, et qui réactualise une oeuvre qui ne doit pas sombrer dans l’oubli.

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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4 Messages :
  • "Akira" revient en salle et en 4K
    12 février 2021 10:53, par Milles Sabords

    C’est un must en matière de Manga ! J’ai d’ailleurs conserver tous les albums souples que Glénat avait publié à l’époque. Plus le temps passe et plus ce genre de format prend de la patine, de l’intérêt, pour une œuvre magistrale !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Richard (Teljem) le 12 février 2021 à  12:42 :

      Savez-vous que votre pseudo avec une faute n’est pas gravé dans le marbre, il suffit que vous le corrigiez dans le cadre "votre nom" avant de prévisualiser votre message, il sera ainsi corrigé pour vos messages ultérieurs. (je vous rappelle que mille est invariable)

      Répondre à ce message

      • Répondu par Milles Sabords le 13 février 2021 à  07:24 :

        Et moi je vous rappelle que ça n’est qu’un pseudo pas la fin du monde... en tout cas, pas celle du monde d’Akira.

        Répondre à ce message

        • Répondu le 13 février 2021 à  11:15 :

          Alors retirez un L, ça fera Miles (comme le prénom, Miles Davis) comme ça ça fera pseudo.

          Répondre à ce message

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