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Alain Janolle : "Ce qui m’intéresse, c’est mettre en parallèle le développement intime des personnages et la reconstruction d’une civilisation."

Par Laurent Boileau le 1er juin 2010                      Lien  
Deyann, Gabriel, Ben et Léa font partie des jeunes humains qui doivent repeupler la Terre, la population ayant été entièrement décimée par les Drachs il y a 400 ans. Rencontre avec Alain Janolle, auteur de H.O.P.E. dont le tome 2 sort dans les prochains jours chez Drugstore.

L’an passé, le premier tome de H.O.P.E. était une des 40 découvertes mise en avant par Glénat pour fêter ses 40 ans d’édition. Quelle fut votre réaction ?

Alain Janolle : C’est déjà une vraie fierté d’intégrer le label Drugstore dans une maison d’édition telle que Glénat. Après, quand Patrick Hourcade, mon éditeur, m’a appelé pour me dire que j’étais sélectionné pour participer aux 40 ans, j’étais très content. C’est une visibilité supplémentaire pour mes albums.

Que représente pour vous la science-fiction ?

A-J : Je suis un fan que ce soit en littérature, en BD, au cinéma… Je suis un peu tombé dedans quand j’étais petit. Mais j’en lis moins maintenant. À chaque fois que je pense à une histoire ou à un graphisme - même si j’essaie de réfléchir à une histoire contemporaine ou de Fantasy – je dérive toujours sur la science-fiction.

Alain Janolle : "Ce qui m'intéresse, c'est mettre en parallèle le développement intime des personnages et la reconstruction d'une civilisation."

Est-ce difficile de s’émanciper des références du genre ?

A-J : Si je commence à me dire qu’il ne faut pas que je fasse telle ou telle chose sinon cela va ressembler trop à ça ou à ça, je ne vais pas m’en sortir ! Tout a déjà été fait, donc les références, je les assume et les revendique, que ce soit du côté de Paul Verhoeven avec Starship Troopers, ou du clin d’œil de La Planète des singes sur la couverture du tome 1. Après, c’est une question de traitement : je vais raconter une histoire de gamins qui vont essayer de s’en sortir dans un monde en reconstruction… Et tout va passer par ma vision de cette histoire. Donc, je ne me pose pas la question. Mais oui, je suis sans doute influencé par un nombre incalculable de films, de séries, de bouquins….

Quelle est l’originalité de H.O.P.E. ?

A-J : C’est la vision de jeunes adultes qui doivent reconstruire une civilisation. Il n’y a pas d’adultes mais ces jeunes sont confrontés à des problématiques d’adultes, à une survie, ce qui n’est pas forcément très enfantin. En tout cas dans nos cultures. Même si il y a une part de construction dans l’enfance, je pense que c’est pendant l’adolescence qu’on se construit réellement. Du coup, les protagonistes doivent reconstruire l’extérieur pendant qu’eux-mêmes se construisent à l’intérieur. C’est assez intéressant de les voir se dépêtrer dans leur appréhension des relations amoureuses et aussi dans les importantes responsabilités qu’ils ont sur les épaules. Ce qui m’intéresse, c’est de mettre en parallèle les deux : le développement intime et la reconstruction d’une civilisation.

Pourquoi changer de coloriste entre les deux tomes ?

A-J : Quand j’ai reçu les planches en couleurs du tome 1, je les avais trouvées très lumineuses et très chatoyantes… Aujourd’hui avec un peu de recul, je trouve qu’il y a beaucoup trop d’informations sur la couleur. Déjà que mon trait est assez détaillé… Sur le tome 2, j’ai demandé une colorisation un peu plus simple : mettre des informations là où il en faut et simplifier le reste, pour pas que se soit trop redondant.

Extrait du tome 1

Les couleurs du tome 1 ne correspondent peut-être pas au monde apocalyptique dépeint ?

A-J : Mais je ne voulais pas non plus tomber dans le sombre comme dans « La Route », où tout est carrément gris tout le temps. J’avais envie de montrer une cité dans laquelle la nature avait repris ses droits. Oui, tout est détruit, mais le jour où l’espèce humaine disparaitra, la terre continuera à vivre et il y aura toujours du ciel bleu et de la végétation partout. Donc, le côté lumineux des premières pages ne me dérangeait pas. Par contre, dans la ruche, dans le sanctuaire des adolescents, la dramaturgie demandait une colorisation plus oppressante.

Extrait du tome 2

Quelles leçons retenez-vous de cette première expérience en tant que scénariste ?

A-J : Pour moi, le plus difficile, ce sont les dialogues. Écrire quelque chose de naturel et d’un peu pertinent, sans redondance, et surtout pas informatif ! C’est ma grande peur et mon grand souci. Comme j’avais déjà travaillé avec Ange sur Némésis et Babel où j’étais dessinateur, j’ai demandé un coup de main à Anne, pour au moins avoir sa vision du scénario et des dialogues. Dès que j’ai un souci de construction ou de rythme, je sais que je peux lui demander conseil, donc c’est sécurisant. Le fait de changer d’éditeur était l’occasion pour moi de me lancer seul et donc de raconter mes propres histoires.

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photo © L. Boileau

Images © Janolle/Drugstore

 
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