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Alex Alice : « L’univers du Château des Étoiles me permet de développer beaucoup de facettes différentes : je vais continuer à le développer ! »

Par Charles-Louis Detournay le 3 novembre 2015                      Lien  
L'auteur du "Troisième Testament", de "Julius" et de "Siegfreid" a surpris en développant une série d'apparence plus jeune et plus merveilleuse. Avec ce second tome, il confère toute sa puissance à ce nouvel univers, une série qu'il va probablement continuer à porter dans les années qui viennent !

De manière générale, qu’est-ce que vous voulez raconter en bande dessinée ?

En tant qu’auteur, j’apprécie les récits qui m’emportent loin de la réalité quotidienne, qui amènent de l’évasion tout en ayant du sens dans notre monde réel. Une grande force de la bande dessinée est de pouvoir faire exister un univers en soi, grâce à l’aspect visuel qui est omniprésent. Ce qui me pousse à travailler une autre réalité que celle dans laquelle nous vivons tous les jours, comme un passé partiellement mythifié, une connotation plus romantique voire un univers complètement fantastique ou mythologique !

Vous avez eu la chance de percer immédiatement avec votre première série Le Troisième Testament : qu’est-ce que cela vous apporte aujourd’hui ?

Tout d’abord, de passer du temps à développer les projets, comme cela a été le cas pour Le Château des Étoiles. J’ai dû murir la thématique pendant plus de trois ans, avant de me lancer dans la réalisation. Et j’ai fait construire la maquette de l’Ethernef, ainsi que du scaphandre. Bien entendu, ce n’est pas indispensable, mais cela me permet de prendre plaisir à entrer dans l’univers. Par la suite, cela me permet d’appréhender différemment mes éléments : je connais bien mieux l’appareil grâce à cette volonté de l’avoir fabriqué. Je me suis posé des questions qui ne me seraient sans doute jamais venues à l’esprit, et qui m’ont aidé à charpenter la récit. La structure du vaisseau apporte un ancrage au réel.

Alex Alice : « L'univers du Château des Étoiles me permet de développer beaucoup de facettes différentes : je vais continuer à le développer ! »

Tout comme Le Troisième Testament, Le Château des Étoiles est issu d’une certaine culture allemande. Avez-vous un attrait particulier pour nos voisins d’outre-Rhin ?

Pas vraiment. Je pense qu’un voyage que j’ai fait avec mon père lorsque j’avais l’âge de mon héros Séraphin, m’a fait rêver : les châteaux, les villages médiévaux. J’ai donc grandi avec cette Allemagne du Romantisme.

Cet aspect romantique est porté par le Roi, qui ne regarde que vers les étoiles. Votre récit est animé par les trois enfants, dans un esprit de séries animées. Vouliez-vous trancher avec vos précédentes séries ?

J’avais une idée très précise de ce que je voulais : la gamme du récit devait pouvoir aller d’un humour physique assez basique, comme des mimiques de mes personnages, jusqu’au drame. Et je voulais bien entendu maintenir une atmosphère merveilleuse tout au long du récit, dans l’esprit des gravures qui illustraient les éditions de Jules Verne, et qui m’ont fait rêver lorsque j’étais enfant.

Vous avez aussi profondément modifié votre style graphique !?

Paradoxalement, alors que ces gravures sont en noir et blanc, j’avais besoin de me débarrasser de mon trait. Cela reste bien entendu la base de la bande dessinée, mais j’avais déjà ressenti des limites sur Siegfried. Je n’ai pas de regret car les effets dramatiques de cette précédente série se prêtaient très bien à ce jeu d’ombres, mais cela ne pouvait pas convenir à l’histoire lumineuse du Château des Étoiles. Ma technique d’encrage m’aurait retiré la magie et le mystère. En supprimant le noir, j’ai pu retrouver avec mes techniques des ambiances plus subtiles et une forme de merveilleux qui profite soit d’un trait léger, soit uniquement de la couleur ! C’est donc bien le ton du récit qui a dicté la technique que j’ai employée !

Vous déployez beaucoup d’éléments en seulement deux albums. Votre plan est-il bien construit dès le début de votre travail ?

Je désirais évoquer une véritable conquête de l’espace, mais en accéléré. J’aime l’idée de la conquête elle-même, les tests qu’il faut réaliser, les maquettes, l’espionnage, le décollage, les accidents, la première sortie dans l’espace, le premier pas sur la Lune, puis la Face cachée, etc. Ces éléments sont tellement évocateurs pour moi, que je voulais pouvoir développer de la magie en remettant tout à zéro : les personnages se savent pas ce qu’ils vont affronter, et même le lecteur découvre un univers dans lequel il ne sait pas à quoi s’attendre. Je n’avais donc qu’à suivre ces jalons incontournables pour construire le récit. J’ai aussi dû retirer pas mal d’éléments, même si j’y tenais beaucoup !

Qu’est-ce qui a motivé à finalement retirer ces séquences que vous trouviez importantes ?

J’ai longtemps imaginé une trilogie, avec la conclusion du second tome qui coïncidait avec l’arrivée sur la Lune, et un incident dans une crevasse qui marquait le cliffhanger. Je vous passe les détails, mais c’était une fin d’album intense. Et lorsque j’ai décidé de passer à un diptyque, je me suis retrouvé avec un trop gros suspense, qui se résolvait de lui-même la page d’après. Dans l’ensemble, l’histoire a dicté le format, mais une fois que votre choix est fait, vous devez faire des choix pour respecter le format qui s’est imposé !

Vous avez aussi constamment glissé des pages de vie au milieu de vos multiples rebondissements. Une manière de ne pas oublier vos personnages au profit de l’action ?

Oui, dans un récit d’action, vous pouvez facilement faire passer vos héros au second plan, car chaque recentrage sur eux arrête le récit d’une certaine façon. Pour qu’ils prennent la pleine mesure de ce qu’ils vivent, j’avais donc besoin que du temps passe, autant lors du voyage que sur la Lune.

Un jeu de rôle entre père, fils et mentor se tisse dans ce second tome. Fallait-il d’ailleurs lui donner une réelle conclusion pour lui apporter du crédit ?

Au final, cette relation est au centre de l’histoire : le parcours de Séraphin entre les deux visions du monde représentées par ces deux personnages. Il fallait trouver un équilibre entre le visionnaire romantique et le scientifique rationnel, car le récit naît de leur opposition.

Ce rapport distant du Roi aux autres personnages était-il nécessaire pour entretenir le suspense ?

Il y a une part de vérité historique, lorsque je place cette table qui monte par l’ascenseur dans le premier tome : ce Roi était très secret et il s’inventait d’ailleurs des repas avec des personnages historiques. Évidemment, cette nature secrète et distante est intrinsèque au personnage. Va-t-on le revoir dans la suite du récit ? Surprise !

En effet, on s’aperçoit à la fin de ce diptyque que vous annoncez la suite des aventures dans Les Chevaliers de Mars !?

J’ai vraiment mis les bouchées doubles pour terminer ce second tome et le proposer un an après le premier, afin de respecter les lecteurs, surtout les jeunes. Je dois donc tout d’abord terminer le story-board du dernier Julius, avant effectivement de me remettre au Château des Étoiles. Je suis en discussion avec l’éditeur pour voir si on pourrait sortir un livre en 2016 qui sera en lien avec l’univers, sans être un album à part entière car 62 pages représentent un trop gros travail pour tenir ce planning. Plus globalement, l’univers de la série me plaît vraiment beaucoup : il permet de pouvoir l’aborder sous plusieurs facettes, j’ai donc envie de continuer à le développer. « A suivre », comme on le disait dans les anciens feuilletons…

Propos recueillis par Charles-Louis Detournay

(par Charles-Louis Detournay)

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Photo en médaillon : CL Detournay

 
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