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Alexandre Fontaine Rousseau : « Un scénario n’est pas une fin en soi, c’est un outil pour le dessinateur. »

Par Marianne St-Jacques le 20 février 2019                      Lien  
Critique de cinéma et grand mélomane, Alexandre Fontaine Rousseau est aussi l’un des rares scénaristes de bandes dessinées au Québec. Rencontre avec un auteur multidisciplinaire actif sur tous les fronts.

En 2012, Alexandre Fontaine Rousseau publie son premier album de bandes dessinées en tandem avec François Samson-Dunlop. Dans Pinkerton (La Mauvaise tête), deux personnages verbomoteurs tentent d’autopsier une rupture amoureuse en se servant de l’album du groupe Weezer comme grille d’analyse. En 2013, le duo récidive avec Poulet Grain-grain (La Mauvaise tête), dans lequel les deux mêmes comparses se lancent dans un improbable élevage de poulets. Deux albums qui reposent sur un humour hyperbolique.

En 2014, c’est avec Cathon qu’il s’associe pour publier Les Cousines vampires (Pow Pow), hommage senti au cinéma d’horreur gothique. Puis, en 2016, le scénariste fait équipe avec Francis Desharnais pour nous proposer Les Premiers aviateurs (Pow Pow), album qui retrace l’histoire de l’aviation à l’aide de la contrainte formelle et de la répétition excessive.

En plus de signer des articles critiques sur le cinéma ou la bande dessinée dans des publications telles que Panorama cinéma, 24 images, Sentinelle (Mém9ire) ou encore dans le collectif Bleu nuit : histoire d’une cinéphilie nocturne (Somme toute, 2014), Alexandre Fontaine Rousseau a récemment fait paraître deux ouvrages aux éditions De Ta Mère : Musiques du diable et autres bruits bénéfiques (2017) illustré par Vincent Giard, et Vieille école (2018), livre nostalgique sur la grande époque vidéoludique du NES (Nintendo Entertainment System) illustré par Cathon.

Enfin, depuis 2009, l’auteur est également animateur d’États altérés, émission radio consacrée au rock psychédélique et diffusée sur les ondes du 89,3 CISM, à Montréal.

ActuaBD l’a rencontré dans le cadre du 31e Festival Québec BD afin de discuter de ses multiples passions.

Alexandre Fontaine Rousseau : « Un scénario n'est pas une fin en soi, c'est un outil pour le dessinateur. »
Alexandre Fontaine Rousseau au 31e Festival Québec BD.
Photo : Marianne St-Jacques

Vous avez un parcours assez singulier de cinéphile, de mélomane, de critique et de bédéiste. Qu’est-ce qui vous a mené à la bande dessinée ?

Moi, je ne dessine pas, je suis scénariste. Je ne suis donc pas complètement autonome, je dois chercher des gens avec qui travailler, ce qui est un peu particulier comme dynamique. C’est vraiment précieux d’avoir quelqu’un qui vous donne de son temps et de son énergie pour faire aboutir l’un de vos projets – qui devient votre projet commun.

Je suis arrivé à la bande dessinée par un enchaînement d’accidents de parcours un peu absurdes. Je me tenais avec des gens qui dessinaient, qui faisaient de la bande dessinée, et j’ai l’impression que c’est une maladie contagieuse.

Je venais de faire mes études en cinéma et je trouvais qu’il y avait quelque chose de laborieux dans le fait de monter un projet et de travailler avec une équipe sur un plateau de tournage. Le décalage entre ce que l’on imagine que notre scénario va donner et le résultat à l’écran est un peu déstabilisant pour un cinéaste amateur. Immédiatement, j’ai trouvé que la bande dessinée avec quelque chose de fun, de direct. Les premières bandes dessinées que j’ai faites avec François Samson-Dunlop étaient destinées à la publication sur Internet. Éventuellement, j’ai vécu une rupture amoureuse, ce qui m’a donné l’idée du livre Pinkerton, qu’on a fait assez rapidement. On a édité 200 copies de la première version et le tirage s’est écoulé super vite. On s’est rendu compte qu’il y avait un intérêt pour ce livre ; on en a fait un deuxième (Poulet Grain-grain).

Extrait de Pinkerton (2012). Scénario d’Alexandre Fontaine Rousseau. Illustrations de François Samson-Dunlop.
© La Mauvaise tête.

Vous nous avez ensuite proposé Les Cousines vampires avec Cathon et Les Premiers aviateurs avec Francis Desharnais. En quoi votre démarche artistique a-t-elle évolué au fil des albums ?

C’est vraiment particulier, car d’un projet à l’autre, je ne travaille pas avec la même personne. J’écris toujours mes scénarios en fonction de la personne avec qui je collabore. Je pense que Pinkerton et Poulet Grain-grain sont des livres très écrits, où le scénario repose énormément sur les dialogues. Pour Les Cousines vampires, ç’avait été un exercice. C’était difficile pour moi de faire un livre où il y avait parfois des séquences de 10 pages sans dialogue ; c’était aller à l’encontre de mes réflexes d’écriture. Mais en travaillant avec différents auteurs, on apprend de chacune de nos collaborations. Chaque personne a des sensibilités différentes.

Quand je travaillais avec François, c’était la seule manière que j’avais de travailler, car c’était la seule personne avec qui j’avais travaillé. Au fil du temps, j’ai appris à m’adapter à ce que les dessinateurs veulent comme type de scénario. Je n’écris pas de la même manière pour tout le monde, pas seulement en terme de sensibilité, de sujet ou de type d’humour, mais aussi en fonction de ce que la personne veut comme document de travail. Un scénario n’est pas une fin en soi, c’est surtout un outil pour le dessinateur.

Extrait de Poulet Grain-grain (2013). Scénario d’Alexandre Fontaine Rousseau. Illustrations de François Samson-Dunlop.
© La Mauvaise tête.
Extrait des Cousines vampires (2014). Scénario d’Alexandre Fontaine Rousseau. Illustrations de Cathon.
© Pow Pow.

Les Premiers aviateurs est un album qui repose sur un jeu formel contraignant. Aviez-vous, Francis Desharnais et vous, la volonté de répéter ou de dépasser l’exercice entrepris par Francis dans La Guerre des arts (Pow Pow, 2014) ?

Absolument ! Francis et moi allions à TCAF, le festival de bande dessinée de Toronto. Nous étions dans une halte routière et je lui ai demandé s’il désirait faire un livre en répétant le dispositif formel de La Guerre des arts, car je voulais faire un projet avec lui. C’est le seul projet que j’ai réalisé où c’était le dessinateur qui me donnait des illustrations et qu’ensuite, c’était à moi d’écrire en fonction de celles-ci. Il me donnait les cases, et ensuite je les codifiais en disant : « On va mettre deux fois cette case-ci, ensuite trois fois cette case-là. » Le processus était complètement inversé. Ce n’était donc pas seulement le jeu formel de La Guerre des arts que nous reprenions, c’était aussi une toute nouvelle manière de travailler que nous n’avions ni l’un ni l’autre essayée auparavant.

C’était vraiment le fun de faire ce projet avec Francis. Nous avons des humours complémentaires. Parfois, les petits détails qu’il dessinait dans les cases me donnaient des idées ou m’imposaient des contraintes. Cette dynamique me forçait à aller dans des directions auxquelles je n’aurais pas nécessairement pensé. Au bout du compte, quand on peut se surprendre soi-même en écrivant, c’est qu’il se passe quelque chose d’intéressant.

Extrait des Premiers aviateurs (2016). Scénario d’Alexandre Fontaine Rousseau. Illustrations de Francis Desharnais.
© Pow Pow.

Il y a également un important jeu de langage dans Les Premiers aviateurs. C’est un dispositif humoristique, surtout avec l’usage anachronique du joual. Comment décririez-vous votre recours au langage ?

C’est un livre que j’ai écrit très rapidement, et c’est sorti comme ça, très naturellement. Ça me faisait vraiment rire de l’écrire. Je le récitais beaucoup dans ma tête. Il y a quelque chose de très oral dans l’écriture. C’est sûr que la dynamique de l’anachronisme a quelque chose d’amusant, mais je ne m’en suis rendu compte qu’avec le recul. Sur le coup, c’est simplement parce que je trouvais ça drôle. Quand on écrit pour de tout petits bonshommes noirs, ce ne sont pas vraiment des personnages ; ce sont des créatures. Il y a vraiment une distance qui n’est pas la même que lorsqu’on écrit des personnages. Je les ai fait jaser d’une certaine manière, car c’était important de leur trouver une voix. Dans le deuxième chapitre, ce sont vraiment des douchebags, et ils ont une voix particulière qui est très différente des autres personnages de ce livre. Ça faisait partie de l’exercice de les faire parler autrement.

Je sais que Samuel Cantin travaille aussi beaucoup en récitant ses dialogues dans sa tête. Je crois que c’est une qualité que les dialogues devraient avoir. Des blocs de texte figé ne sont pas exactement des dialogues. Dans la vieille bande dessinée franco-belge surtout, quand on lit des Blake et Mortimer, on se dit : « Personne ne parle comme ça. » Ils ne parlent pas comme des personnages, ils parlent comme des narrateurs, avec de longs dialogues d’exposition. Les parodier peut être drôle. Avec Vincent Giard, j’ai fait Le Brossadaire, une série de BD un peu absurde avec une narration verbeuse exagérée, parue dans le fanzine Le Bob. J’y défoulais mon franco-belge classique sur l’acide ! C’est un style d’écriture qui ne me vient pas naturellement, et que je trouve plate à lire.

On est le premier public de son œuvre, donc la première personne que j’essaie de faire rire, en général, c’est moi, et ensuite, de préférence, la personne avec qui je travaille. C’est un des plaisirs d’avoir comme premier lecteur le dessinateur, c’est quelqu’un qui peut apporter des corrections ou rebondir que sur ce que j’écris.

Vous êtes aussi critique de cinéma et de bande dessinée. Vous contribuez ou avez contribué aux revues Liberté, Panorama cinéma, 24 images, Planches, Sentinelle. Quelle est votre démarche critique ? En quoi nourrit-elle votre pratique artistique ?

Je fais de la critique depuis toujours. Quand j’ai commencé Panorama Cinéma, j’étais au CÉGEP. Je trouve la critique particulièrement frustrante. Je n’ai aucun problème avec les livres que j’ai faits, mais je suis incapable de relire une critique que j’ai écrite il y a deux ans. Ma démarche critique m’est venue parce que je regardais énormément de films, parce que j’écoutais beaucoup de musique. Je suis un peu glouton d’œuvres. Je peux regarder 30 films par mois, 400 au bout d’une année. Faire de la critique, c’est d’abord un exercice pour soi-même, pour structurer notre rapport à la culture et lui donner un sens. C’est sûr que cela m’a permis d’appendre des choses. Tous les livres que j’ai faits sont assez différents, et je pense qu’une partie de cette versatilité vient peut-être de ces nombreuses influences. Je trouve cela naturel d’essayer des choses, et de ne pas me cantonner à un seul truc. Après, quand on a fait de la critique très longtemps, il y a un muscle critique qui s’installe et cela devient difficile de ne pas être dur avec soi-même, de se critiquer, et d’essayer de donner un sens à ce que l’on fait, alors que la meilleure manière de travailler c’est de simplement le faire. Et pourtant, c’est important d’avoir du recul sur ce que l’on fait, de se poser des questions sans que cela devienne quelque chose qui nous limite dans notre création. Faire de la critique m’a incité à développer ce réflexe, pour le meilleur et pour le pire.

Tout ce qu’on fait finit par aboutir dans notre travail créatif. C’est pourquoi je n’ai aucune difficulté à assumer mes influences. Par exemple, pour moi, Les Cousines vampires était un hommage au cinéma d’une certaine époque. Je voulais qu’il y ait des références sans que ce soit de l’humour référentiel. Je venais d’écouter beaucoup de films d’horreur gothiques classiques et des films d’exploitation des années 1970, et je voulais essayer de me les approprier. En ce sens, c’est peut-être l’œuvre que j’ai faite qui ressemble le plus à mon travail de critique. C’est aussi un peu le cas avec Pinkerton, dans lequel il y a un discours sur la critique. Les personnages se posent trop de questions et parlent quasiment en critiques. Ils ont un rapport vraiment particulier à la culture et une manière particulière de l’appliquer à leur vie.

Extrait des Cousines vampires (2014). Scénario d’Alexandre Fontaine Rousseau. Illustrations de Cathon.
© Pow Pow.

En 2017, vous avez traduit deux ouvrages parus aux éditions Pow Pow, Titan de François Vigneault et Longs cheveux roux de Meags Fiztgerald, deux albums originalement publiés en anglais. Puisque vous n’êtes pas un traducteur de métier, qu’est-ce qui vous a mené dans cette voie ?

C’est arrivé assez naturellement. Je travaille beaucoup avec Luc Bossé (éditeur chez Pow Pow). Nous parlons de projets. C’étaient des livres que je trouvais intéressants. J’ai dit à Luc que s’il cherchait quelqu’un pour la traduction, je serais capable de le faire.

Ce qui est intéressant, quand on traduit un livre, c’est d’entrer dans la tête de quelqu’un d’autre. Dans le cas de Titan, à force de le relire, je voyais plein de choses. J’étais vraiment à l’intérieur du scénario et je voyais comment François Vigneault construisait son histoire. C’était une autre manière de me remettre en question et de repenser mon travail.

François avait donné un fascicule de Titan à Pascal Girard, qui l’a passé à Luc. François n’avait même pas encore fini Titan quand on s’est dit : « Let’s go ! On va le traduire ! ». J’ai donc commencé la traduction pendant qu’il réalisait les derniers chapitres.

Dans le cas Meags Fitzgerald, c’était une expérience d’altérité intéressante pour un gars comme moi que de me mettre, pendant un certain temps, dans la peau d’une adolescente qui découvre qu’elle est bisexuelle. Ce que j’aimais aussi, c’était de pouvoir travailler de manière rapprochée avec ces auteurs. Surtout dans le cas de Longs cheveux roux. C’était un livre intéressant et problématique à traduire, car on passe de l’anglais, qui est une langue assez flexible sur la question du genre – il y a un plus gros flou au niveau du genre en anglais qu’en français –, et lorsqu’on l’adapte en français, il y a plein de choses que l’on sent qu’elle voulait laisser au neutre, mais que l’on doit d’une quelconque manière ramener à un genre ou à un autre. Il y a eu plein de questions. Aussi, à un moment donné, les personnages jouent aux sorcières et elles ont des noms de type « vieil anglais ». C’était vraiment drôle de leur trouver des noms en français qui faisaient « sorcière ». Je cherchais de vieux noms poussiéreux, comme « Corbella ».

C’était une expérience différente. Quand on fait de la bande dessinée, les possibilités sont infinies, tandis qu’en traduction, on a un problème à résoudre ; on n’exerce pas le même muscle. Ce sont deux défis différents qui se complètent. Pour faire de la traduction de bande dessinée, ça aide d’être conscient des spécificités du médium. On ne peut pas rallonger le texte et le français est plus long que l’anglais. Il faut donc parfois couper beaucoup de choses. Le but n’est pas de faire une traduction littérale, mais de faire une traduction qui fitte dans les pages. Toutes ces problématiques techniques sont propres à la bande dessinée et font qu’un auteur de BD a peut-être la bonne sensibilité pour traduire la bande dessinée.

Meags Fitzgerald (2e de la gauche) et Alexandre Fontaine Rousseau au Toronto Comics Arts Festival 2017, dans le cadre d’une table ronde sur la BD montréalaise mettant également en vedette Caity Hall, Jean-Philippe Malouin et Michel Rabagliati.
Photo : Marianne St-Jacques
Extrait de Longs cheveux roux (2017). Scénario et illustrations de Meags Fitzgerald. Traduit de l’anglais par Alexandre Fontaine Rousseau.
© Pow Pow.
Extrait de Titan (2017). Scénario et illustrations de François Vigneault. Traduit de l’anglais par Alexandre Fontaine Rousseau.
© Pow Pow.

En terminant, quels sont vos projets à venir ?

En ce moment, je travaille sur trois livres. Je travaille sur une suite aux Premiers aviateurs qui s’intitule La Course à l’espace, et qui est inspirée d’une exposition que nous avions faite, Francis Desharnais et moi, au Festival Québec BD. Nous avions monté des cases de bande dessinée dans les cellules du Musée national des beaux-arts du Québec. C’est un peu le même principe que Les Premiers aviateurs, sauf qu’il s’agit de la compétition entre les Soviétiques et les Américains à savoir qui se rendra sur la lune en premier. Francis et moi avons commencé à adapter la matière que nous avions pour cette exposition afin d’en faire une bande dessinée.

Sinon, je travaille sur un autre projet avec Xavier Cadieux, qui a fait Les 500 premiers Cadieux (La Mauvaise tête, 2016). Je viens de l’Outaouais et c’est une version complètement fantaisiste des aventures de Jos Montferrand, qui était un draveur célèbre. Son exploit le plus légendaire est d’avoir étampé sa botte au plafond d’un bar. C’est une histoire ridicule, je me suis dit que ce serait drôle de faire un récit dans un Québec folklorique alternatif absurde du milieu du XIXe siècle. C’est aussi un récit crépusculaire sur le vieux Jos Montferrand qui a bûché dur toute sa vie, qui a beaucoup bu, et pour qui c’est désormais difficile.

J’ai aussi commencé à traduire pour Pow Pow The Case of the Missing Men (Kris Bertin et Alexander Forbes), paru chez Conundrum (2017). C’est un genre d’hommage aux vieux récits policiers pour enfants, à la Nancy Drew (Alice Roy en traduction française), avec une esthétique un peu rétro et un ton un peu naïf, mais l’histoire est très intéressante avec une twist à la Twin Peak. C’est un beau projet.

La Course à l’espace. Installation de Francis Desharnais et Alexandre Fontaine Rousseau présentée au Musée national des beaux-arts du Québec en 2017, dans le cadre du Festival Québec BD.
Photo : courtoisie d’Alexandre Fontaine Rousseau.
La Course à l’espace. Installation de Francis Desharnais et Alexandre Fontaine Rousseau présentée au Musée national des beaux-arts du Québec en 2017, dans le cadre du Festival Québec BD.
Photo : courtoisie d’Alexandre Fontaine Rousseau.

(par Marianne St-Jacques)

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