Alice Milliat, pionnière olympique - Par D.Quella-Guyot, L.Lessous, M.Millotte et chandre - Editions Petit à petit

Sportive mais aussi militante, Alice Milliat est à l’origine des premières rencontres féminines en football et en athlétisme. Malgré l’opposition de Pierre de Coubertin, peu (voire pas du tout !) sensible à la condition féminine, elle réussira à mettre en place les premiers jeux olympiques féminins en 1921. On a du mal à imaginer les difficultés de la jeune femme confrontée aux mentalités rigides de l’époque, faire sortir les pratiques du ghetto des préjugés et des stéréotypes persistants. Permettre aux femmes de disposer de leur corps et de leur liberté nécessitera de mener un combat de longue haleine, décliné pratiquement tout au long du siècle. Toute sa vie sera donc consacrée à la reconnaissance du sport féminin comme véritable discipline. Bien que très active, cette femme fort discrète sur sa vie privée décédera en 1957 dans une certaine indifférence. Aujourd’hui ne subsistent plus que quelques plaques de rues et installations qui portent encore son nom. Mais qu’en est-il du grand public ?

On s’en doute la proximité des jeux olympiques en 2024 a déjà commencé à générer une production éditoriale « ciblée ». On ne sera donc pas étonné de voir apparaître ces albums dans les rayons des libraires. Au-delà d’une démarche seulement opportuniste, cela sera aussi l’occasion de braquer le projecteur sur des figures peu ou mal connues. C’est tout l’intérêt de ce modeste ouvrage réunissant quatre auteurs. Scénariste, chroniqueur et fin connaisseur du medium, Didier Quella-Guyot a conçu un scénario le plus fidèle possible à l’itinéraire la pionnière olympique, mis en images par le dessinateur Chandre. Laurent Lessous s’est chargé de doubles pages documentaires richement illustrées et très érudites. Quant à la coloriste Marie Millotte, son nom figure aussi en couverture ; une pratique pas si courante et qui mérite d’être notée.

Depuis quelques années, l’éditeur s’est spécialisé dans ce type de produit rassemblés sous le label « Doc BD », des récits en bande dessinée entrecoupés de séquences documentaires ayant pour référence de grands faits de société comme la guerre 1914, les figures du rock, de la littérature ou les villes de France. Par delà l’originalité du sujet, l’alternance des pages dessinées et les sections documentaires est bien articulée et suit une progression logique, particulièrement érudite. Tout en évitant un encyclopédisme trop pesant, cet ouvrage relate avec intelligence le long et difficile parcours vers la reconnaissance du sport féminin.