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Alice Picard : "Okhéania mélange écologie, fantaisie et steam-punk post-apocalyptique"

Par Nicolas Anspach le 29 avril 2011                      Lien  
Alice Picard travaille depuis le début des années 2000 avec Éric Corbeyran sur la série "Weëna. La dessinatrice a été séduite par "Okhéania", un projet pour la jeunesse que lui a concoctée son scénariste : un monde recouvert d’une mer végétale recouvrant en réalité un autre univers plus riche encore.

Jon, Jasper, Tania et la princesse Hélénia ont été rattrapés par Shark et sont en route vers l’île d’Ever Rest. Il est hors de question pour Hélénia de retrouver son père, l’Imperator, et de subir à nouveau sa tyrannie. Elle encourage donc ses trois amis à fuir ce vaisseau. Un bref moment de liberté pour ces quatre adolescents...


Alice Picard : "Okhéania mélange écologie, fantaisie et steam-punk post-apocalyptique"Alors que vous travailliez déjà avec Éric Corbeyran sur Weëna aux éditions Delcourt, vous avez créé Okhéania aux éditions Dargaud.

C’était l’un des projets en souffrance d’Éric Corbeyran. Trois ou quatre dessinateurs avaient déjà travaillé sur ce projet de série, sans pour autant aboutir. Éric avait déjà totalement scénarisé le premier album de la série. Lorsqu’il m’a parlé de ce récit, j’ai senti que c’était l’occasion d’illustrer quelque chose de différent. Même si j’adore la Fantasy, j’avais envie d’explorer d’autres genres. Okhéania contient une dose de steam-punk post-apocalyptique qui ne me déplait pas. J’ai adoré dessiner ces machines rétro, faites de bric et de broc.

J’ai également participé au deuxième tome des Véritables Légendes Urbain. J’ai dessiné une histoire qui se passait en septembre 2001 lors les attentats à New-York. C’était un récit à la fois contemporain et historique. Mine de rien, il y avait vraiment beaucoup de recherches à effectuer sur cette journée-là, sur la manière dont ce sont déroulés les attentats. La majorité du récit avait pour cadre un appartement. J’ai donc du faire des recherches documentaires pour retrouver les objets que l’on utilisait à l’époque. Cette date n’est pas si éloignée que cela, et pourtant nos habitudes de vie ont changé ! Ce fut pour moi un tout autre cheminement que Weëna ou Okhéania. Je devais m’inspirer de choses réelles.

J’aime toucher à tous les genres, même s’il est certain que je ne quitterai jamais longtemps la Fantasy. Aujourd’hui, j’ai envie par exemple d’illustrer un récit de science-fiction

D’où vient cet intérêt pour la Fantasy ?

J’aime dessiner les princes, les princesses et leurs jolies robes. Il y a toujours en moi un côté « petite fille » (Rires). En fait, les illustrateurs de la fin du XIXe siècle comme Alfons Mucha et Arthur Rackham m’inspirent beaucoup. Je suis beaucoup plus attirée par le conte, la fantaisie, la mythologie que par les récits d’Heroic Fantasy comportant de nombreux barbares…

Extrait de Okhéania T4
(c) A. Picard, Corbeyran et Dargaud.

Pourquoi avez-vous accepté de dessiner Okhéania ?

J’appréciais le côté écologique de l’histoire et la manière dont Éric parvenait à gérer un univers qui est complètement recouvert par la végétation. J’avoue avoir plus de difficulté à dessiner les scènes qui se déroulent au dessus de la surface. Les machines sophistiquées ne sont pas ce que j’apprécie le plus à dessiner. Mais du coup, je me suis régalé à illustrer les scènes qui se déroulent sous la surface.

Intervenez-vous dans l’histoire ?

Pas dans le premier tome puisqu’il avait été écrit pour un autre auteur. Mais pour les autres tomes d’Okhénia, nous procédons de la même manière que pour Weëna. Nous échangeons nos idées, nos réflexions quant à la manière d’agir de tel ou tel personnage face à un problème. Éric repart avec ses notes, et invente l’histoire.

Vous êtes issue de l’industrie du dessin-animé et du jeu vidéo. Ces expériences ont-elles eu une répercussion sur l’univers d’Okhéania ?

Lorsque j’ai travaillé pour Disney Montreuil, j’ai beaucoup dessiné pour un dessin animé consacré à Tarzan. J’ai notamment du faire des décors de jungle. Je m’en suis inspiré d’une manière inconsciente pour Okhéania. Les années que j’ai passées à réaliser des dessins pour Disney m’ont permis d’acquérir une certaine facilité dans le dessin des personnages en mouvement. J’essaie de les rendre dynamiques et vivants. Je veille à le dessiner dans l’instant de l’action, en réfléchissant aux mouvements qui précédaient ou suivraient ceux représentés dans la case. Nous devions avoir un rythme soutenu à Montreuil et cela m’a aidé à dessiner rapidement. Je travaille au crayon, ce qui me permet d’avoir un trait assez énergique.

Extrait de Okhéania T4
(c) A. Picard, Corbeyran & Dargaud.

Vous scannez ensuite vos crayonnés.

Oui. Je les fonce ensuite pour donner l’impression d’avoir un encrage traditionnel. Je ne suis pas à mon aise avec cette dernière technique. J’ai envie de travailler en couleur directe. Je réalise beaucoup d’aquarelles sur le côté, et j’obtiens un rendu qui me satisfait totalement. Je ne me perds plus dans les détails. Avec l’aquarelle, je peux tendre vers plus de suggestion en quelques coups de pinceau. Cela me permet aussi d’avoir une image plus légère, plus équilibrée. Mon prochain projet sera probablement réalisé avec cette technique.

Quand je travaillais dans le dessin animé, je dessinais surtout des personnages. J’ai appris à dessiner des décors et à mettre en couleurs mes dessins sur le tas en réalisant mes premiers albums de Weëna. L’apprentissage de la couleur a été laborieux. J’ai donc décidé de travailler avec une coloriste, Elsa Brants, avec qui j’ai une très bonne collaboration. Aujourd’hui, j’ai envie d’atteindre le niveau de certains auteurs qui excellent dans la couleur directe.

Okhéania est une série pour la jeunesse. Avez-vous eu des réactions d’enfants ?

Beaucoup de réactions positives. Ils apprécient l’aventure ! J’ai l’impression que beaucoup de BD jeunesse sont en réalité destinées aux parents, comportent un style trop recherché, trop graphique. Les petites filles aiment les personnages masculins. Les garçons, eux, les héroïnes. C’est amusant de les observer regarder les pages et de les entendre s’identifier à eux. Ils entrent véritablement dans l’histoire.

Quels sont vos projets ?

Okhéania se clôturera avec cet album. Nous travaillons aussi sur un projet de série qui aura pour cadre l’univers de Weëna

(par Nicolas Anspach)

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Illustrations : (c) A. Picard, Corbeyran & Dargaud.
Photo : (c) Nicolas Anspach

 
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