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Alix T26 : L’Ibère - Par J. Martin, Chr. Simon, F. Maingoval et P. Weber - Éditions Casterman

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 décembre 2007                      Lien  
On sait que depuis plusieurs années, Jacques Martin a entrepris avec ses héritiers et les éditions Casterman un travail de pérennisation de ses bandes dessinées : Alix, Lefranc et Cie. Jusqu'ici, l'essai est loin d'être transformé.

S’il y a des lauriers à tresser pour cet ouvrage, c’est sans nul doute au dessinateur qu’il faut le faire. Avec l’équipe des coloristes de l’album, il se manifeste une amélioration sensible du dessin dans le sens d’une stabilisation du trait, d’une relative justesse des poses et des anatomies, et une fidélité -parfois jusque dans la raideur- au style martinien. Même si les visages manquent encore de cette vérité nécessaire pour que le lecteur ressente ne fut-ce qu’un brin d’empathie, on ne peut que constater le progrès et espérer qu’un jour, peut-être, Jacques Martin aura trouvé un successeur digne de lui.

S’il est en revanche des auteurs à jeter aux lions, ce sont bien les scénaristes. Ils s’y sont mis à deux (trois, si l’on compte Jacques Martin) pour nous concocter un script invraisemblable qui sonne faux aussi bien dans l’élaboration des personnages (le chef ibère Tarago est pétri de clichés stériles) que dans un récit qui n’arrive jamais à captiver le lecteur, en dépit d’un prétexte historique qui, pourtant, s’annonçait prometteur. La révolte des fils de Pompée contre César aurait pu permettre d’esquisser une partie de l’histoire de la péninsule ibérique et jeter un éclairage sur les rivalités et les enjeux politiques de la Curie romaine aux marches de son empire. Hélas, même cette pédagogie là n’est pas au rendez-vous et le scénario n’est pas assez bien ficelé pour que l’on comprenne ce que le jeune Gaulois flanqué de son petit compagnon égyptien viennent faire dans cette galère. On se consolera en relisant Astérix en Hispanie.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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4 Messages :
  • C’est en effet assez nul.

    Maingoval et Weber, chacun de son côté, nous
    avait pourtant habitué à des scénarios de bonne tenue.

    Le scénario original de Maingoval (La trahison de
    César) avait été refusé par Casterman.
    A en croire la bibliographie de Maingoval (sur
    son dernier livre paru) ce scénario sera bientôt publié ailleurs.
    On pourra donc voir si le refus de l’équipe
    éditoriale était justifié, ou si au contraire ils
    ont refusé un sang neuf par peur de la réaction conservatrice du public.

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    • Répondu le 4 décembre 2007 à  20:15 :

      Un scénario publié seul ? Ce serait intéressant, pour voir le travail du scénariste. En tout cas, le scénario de "L’ibère" n’était pas vraiment digne des albums de Martin. Mais "Le fleuve de Jade" était-il meilleur ? "Roma, Roma..." était bien meilleur. Martin est parti sur un dernier grand album (hélas pas au niveau du dessin, qui était assez mauvais). L’alchimie est difficile à trouver entre un dessin fidèle (jusque dans la raideur) et le scénario. Il y a chez Martin une innovation jusque dans la structure des planches qui n’est pas retrouvée aujourd’hui.
      Il aurait falllu mieux négocier ces reprises, comme cela a été fait pour Blake et Mortimer. Mais n’est-il pas trop tard ? Les lecteurs se seront sans doute détournés d’Alix, quelque peu déçus par les diverses expériences réalisées pour les récents albums (je songe notamment à l’hybride volume précédent, dont le scénario et les deux types de dessin avaient de quoi laisser stupéfaits plus d’un amateur de Jacques Martin).

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  • Je partage assez votre point de vue, tant sur le dessin : très bon mais assez inexpressif (mais ça peut s’améliorer) que sur le scénario, assez affligeant. C’est vrai que Martin a eu des couacs (Le fleuve de Jade en est un), mais c’était assez rare et ici, ça fait le deuxième Alix consécutif avec un scénario très pauvre, trop pauvre. Le problème est que le scénariste actuel s’occupe aussi de Lefranc et de Loïs, c’est mettre tous ses oeufs dans le même panier et au vu du résultat, c’est assez suicidaire.
    C’est assez rageant de constater qu’on a connu toute une période où le dessin laissait à désirer, alors que les scénarios tenaient la route (La Chute d’Icare, Roma, Roma) et que, maintenant que le dessin s’est sensiblement amélioré, on a affaire à des scénarios pour les 10-12 ans, sans que ce soit péjoratif pour les enfants, mais Martin a toujours su rallier tous les âges. Pensons à Moloch-Baal, aux scènes terrifiantes de l’Empereur de Chine, à la couverute même de Ô Alexandrie ! Nous avons maintenant affaire à des petites scènes sans relief, sans âme et, coomme le dit l’autre intervenant, sans l’aspect. pédagogique minimal.
    Album de transition, me dira-t-on ? Le problème, c’est que la transition dure depuis des années, et que Casterman n’a jamais réussi à trouver la bonne formule après tout ce temps , ce qui est imperdonnable.

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    • Répondu le 6 décembre 2007 à  09:19 :

      Martin aussi s’occupait de tous les scénarios, de Lefranc à Loïs (nouvelle série) en passant évidemment par Alix et, paraît-il, par une reprise de Orion. Sans parler des "Voyages" supervisés... Il assurait aussi les découpages, les esquisses, jusqu’à une période récente, peut-on lire. Mais c’était Martin ! Le problème reste toujours le même : comment prendre la place de gens de la stature de Jacques Martin, Jacobs, Morris, Goscinny... Il aurait fallu plus d’ambition, et faire le choix de Dargaud pour Blake et Mortiemr, choisir de très grosses pointures : ils ont choisi Juillard, Van Hamme, Ted Benoit, des auteurs de longue date. Weber est assez récent dans le milieu de la BD, pour ne rien dire de Maingoval. Ces auteurs sont estimables, mais on est loin de l’efficacité d’un Jean Van Hamme. Sente, de son côté est un jeune scénariste, mais, éditeur, il connaît les impératifs de ses productions.
      Je persiste à penser que Casterman n’a pas bien négocié ces reprises. Espérons que Taymans, Regric, Jacquemart s’en sortent mieux pour les nouveaux Lefranc, qui me paraissent des créations originales. N’oublions pas non plus que les scénaristes "incriminés", Weber et Maingoval, sont contraints de suivre des synopsis et indications de Jacques Martin, écrites depuis longtemps. Ces contraintes scénaristiques doivent être pour beaucoup dans les limites des histoires que nous, lecteurs, ressentons. D’où l’intérêt de lire le scénario original de Maingoval, pour qui s’intéresse de près à l’écriture, au développement d’une histoire, et aux projets avortés, fantômes et inachevés.

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