S’il y a des lauriers à tresser pour cet ouvrage, c’est sans nul doute au dessinateur qu’il faut le faire. Avec l’équipe des coloristes de l’album, il se manifeste une amélioration sensible du dessin dans le sens d’une stabilisation du trait, d’une relative justesse des poses et des anatomies, et une fidélité -parfois jusque dans la raideur- au style martinien. Même si les visages manquent encore de cette vérité nécessaire pour que le lecteur ressente ne fut-ce qu’un brin d’empathie, on ne peut que constater le progrès et espérer qu’un jour, peut-être, Jacques Martin aura trouvé un successeur digne de lui.
S’il est en revanche des auteurs à jeter aux lions, ce sont bien les scénaristes. Ils s’y sont mis à deux (trois, si l’on compte Jacques Martin) pour nous concocter un script invraisemblable qui sonne faux aussi bien dans l’élaboration des personnages (le chef ibère Tarago est pétri de clichés stériles) que dans un récit qui n’arrive jamais à captiver le lecteur, en dépit d’un prétexte historique qui, pourtant, s’annonçait prometteur. La révolte des fils de Pompée contre César aurait pu permettre d’esquisser une partie de l’histoire de la péninsule ibérique et jeter un éclairage sur les rivalités et les enjeux politiques de la Curie romaine aux marches de son empire. Hélas, même cette pédagogie là n’est pas au rendez-vous et le scénario n’est pas assez bien ficelé pour que l’on comprenne ce que le jeune Gaulois flanqué de son petit compagnon égyptien viennent faire dans cette galère. On se consolera en relisant Astérix en Hispanie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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