C’est donc à la fin du mois que paraît la nouvelle formule du magazine, pouvez-vous nous en dire plus ?
Dans cette nouvelle formule, nous réaffirmons la mission que s’est fixée BoDoï : explorer la bande dessinée. Le nouveau BoDoï est placé sous le signe de la diversité. Tout en continuant à interviewer les grands auteurs classiques, nous souhaitons aller à la rencontre de nouveaux talents et de nouveaux graphismes. Cette variété s’exprimera aussi bien dans les articles que dans les prépublications. Nous publierons désormais une histoire complète à la place d’un des albums prépubliés. Ce format court permettra d’exposer des graphismes différents de ceux des 48 pages couleurs que nous publions habituellement. Explorer la bande dessinée, c’est aussi guider le lecteur dans la production actuelle, plus que foisonnante. Nous avons donc augmenté le nombre de critiques d’albums, au nombre de 32.
Cette nouvelle formule entérine les changements que nous avions apportés ces derniers mois. Le magazine comprend désormais des strips, une rubrique sur la bande dessinée à travers le monde, et plus de repères pour les lecteurs (par exemple des introductions à l’univers de chaque auteur avant leur interview).
Cela fait plusieurs mois que vous annonciez des changements notamment sur le blog du journal, la décision était-elle difficile à prendre ?
Non, car la nouvelle formule s’inscrit dans la continuité de l’ancienne. Elle vise à garder les qualités de l’ancien BoDoï et à en ajouter de nouvelles. Nous avons voulu prendre le temps de penser et réaliser ces changements.
Quelles nouveautés envisagez-vous pour cette formule ?
Elles sont nombreuses. La mise en page a été repensée pour être plus graphique, plus aérée et plus dynamique. De nouvelles rubriques viennent alimenter le journal : des portraits, une sélection sur la production asiatique, un point sur le web. Il y aura plus d’articles et plus de variété. Les critiques seront plus nombreuses et plus fournies. Enfin, chaque numéro comprendra une histoire complète.
Comment choisissez vous les récits que vous pré-publiez ?
Par coup de cœur principalement. Nous épluchons le programme des éditeurs plusieurs mois à l’avance. Ces derniers nous envoient les premières pages de l’album (qui est en train d’être réalisé) et son synopsis. Parmi ces propositions, nous choisissons celle que nous préférons. Et attendons le verdict : l’auteur pourra-t-il réaliser l’album en temps et en heure ? L’éditeur accepte-t-il de nous en vendre les droits ? Suspense !
Depuis 1997, année de votre premier numéro, le monde de la BD s’est considérablement transformé, quels sont selon vous les changements significatifs ?
Avec l’augmentation de la production BD, le lecteur ne sait plus où donner de la tête. L’offre s’est extrêmement diversifiée et enrichie entre ces deux extrêmes que son un album expérimental et une BD commerciale. C’est pour cela que nous voulons servir de guide. Dans ce secteur, le manga s’est taillé une place importante : il happe les jeunes lecteurs et séduit les trentenaires biberonnés aux dessins animés japonais. Nous avons donc voulu mettre en avant une sélection Asie, qui pioche ce qu’il a de plus intéressant, ou de plus beau dans la production. Enfin, toute la nouvelle génération d’auteurs – qui ont percé grâce à des éditeurs comme L’Association – est désormais installée. Elle a amené de nouveaux lecteurs qui n’étaient pas habitués à lire des BD. Ces auteurs devenus des classiques étaient peu traités dans l’ancien BoDoï, nous leur accordons désormais la place qui leur revient. Voilà pour le passé. L’avenir tend sans doute vers une BD mondialisée, qui marie styles, genres et traditions de pays très différents. BoDoï propose donc chaque mois un petit tour d’horizon de ce qui se fait ailleurs. Et Internet commence déjà à changer la donne. Notre magazine s’est donc donné pour mission d’explorer ses tendances.
Des échecs, des regrets au cours de ces années ?
Nouvelle équipe, nouvelle formule, nous sommes uniquement tournés vers l’avenir !
Votre plus belle réussite, en dehors de… cette nouvelle formule ?
Le hors série qui accompagne cette nouvelle formule ! Consacré aux Grands Prix d’Angoulême, il dresse le portrait de 38 grands auteurs de la bande dessinée, à travers une biographie, une interview et un extrait de l’œuvre de chacun. Il retrace une page de l’histoire du neuvième art. Conçu en partenariat avec le festival d’Angoulême, ce numéro pourra servir de référence aux bédéphiles.
La surproduction éditoriale de ces dernières années (plus de 4000 titres cette année selon Gilles Ratier) ne facilite pas toujours le choix, ni le repérage des bons livres. Comment vous situez-vous dans ce contexte ?
Nous cherchons le talent ! En lisant le plus possible (un des avantages du métier !) et en demandant à nos collaborateurs (une dizaine de journalistes travaillent pour BoDoï) de le faire aussi. Toutes ces paires d’yeux fixées sur la production BD tentent d’en repérer le meilleur. Nous nous laissons aussi la possibilité d’épingler un album raté, et de revenir sur ceux qui nous auraient échappés.
La presse BD connaît bien des difficultés face à la concurrence des autres médias. Comment favoriser la vie des revues ?
Des améliorations sont à faire concernant les Messageries de la presse – qui répartissent les magazines dans les kiosques. Il faudrait que les kiosquiers puissent obtenir plus facilement et rapidement une revue qu’on ne leur a pas livrée et que les lecteurs réclament. De notre côté, nous avons amélioré la qualité du magazine : papier plus épais, couverture vernie, graphisme léché. BoDoï traite de l’actualité de la bande dessinée à travers des interviews, des portraits, des visites d’atelier et des prépublications qui ne se périment pas. BoDoï se collectionne.
BoDoï en 2018, ce sera quoi ?
Une multinationale bien sûr ! On plaisante…
Propos recueillis par Patrice Gentilhomme
(par Patrice Gentilhomme)
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En médaillon : Allison Reber - Photo : D. Pasamonik.
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