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Alternative aux cahiers scolaires, les albums "Apprendre en s’amusant" de Bamboo

Par Charles-Louis Detournay le 20 juillet 2020                      Lien  
Bamboo mise (et gagne) avec la bande dessinée pédagogique dont quatre nouveaux titres viennent de paraître, parmi lesquels trois lancements de séries qui viennent compléter les 40 albums déjà parus au sein de la collection "Apprendre en s'amusant".

Avec le confinement, des millions d’enfants francophones ont dû malgré eux abandonner les bancs de l’école pendant de longs mois. Certes, des travaux envoyés par les instituteurs tentaient de maintenir le contact et l’apprentissage en place, mais les parents ne sont pas dupes : leurs enfants n’ont pas acquis toutes les bases nécessaires pendant ce second semestre.

Alternative aux cahiers scolaires, les albums "Apprendre en s'amusant" de BambooSi tout semble mis en œuvre pour éviter une seconde vague et reprendre normalement les cours à la rentrée, les parents nourrissent tout de même quelques inquiétudes. Mon enfant parviendra-t-il à reprendre le rythme scolaire en septembre ? Les mois de confinement n’ont-ils pas généré trop de lacunes, susceptibles d’opérer un décrochage avec la matière qui sera donnée l’année qui vient ? À ces questions, la réponse d’un bon nombre de parents est toute trouvée : ils se ruent en masse sur les fameux « cahiers de vacances », ces cahiers d’apprentissage plus ou moins ludiques, où les écoliers et collégiens peuvent trouver des exercices pour revoir leurs bases, voire se remettre à niveau.

Il existe pourtant des solutions annexes, tout aussi valides, et à ce titre, nous voulons nous intéresser à notre coup de cœur pédago-BD de l’été : la collection « Apprendre en s’amusant » de Bamboo. Sous ce titre, l’éditeur réunit une quarantaine d’albums répartis en une dizaine de séries, avec l’objectif difficile d’enseigner différentes matières tout en divertissant.

Les Insectes en bande dessinée T5 - par Cazenove, Vodarzac & Cosby - Bamboo.

Les titres évoquent d’ailleurs d’eux-mêmes les centres d’intérêt visés par les albums. Citons pêle-mêle : Les Petits Mythos, Les Dinosaures, Les Insectes, Les Animaux marins, Le Petit Louis XIV, Cléo (-pâtre), Les Châteaux de la Loire, Le Musée des Bozarts, Napoléon, L’Histoire de France et La Guerre de 100 ans.

« Les sujets traités par les albums ludo-éducatifs de Bamboo n’ont qu’un objectif : mêler humour et savoir, explique Olivier Sulpice, le PDG de la maison d’édition. Pour approfondir le sujet, Bamboo propose d’ailleurs systématiquement à la fin des albums, un dossier pédagogique rédigé par des spécialistes et illustré de photos ou de dessins originaux ! »

Dix ans après sa création, et aorès avoir atteint les 800.000 albums vendus, Bamboo donne un coup d’accélérateur à cette collection grâce à quatre nouveautés qui viennent de paraître, dont trois nouvelles séries qui nous ont séduits à différents niveaux. Analysons-les en détail.

Un extrait d’un dossier pédagogique qui vient compléter chaque album de la collection
Les Arkéos T1 - par Garréra, Alkéo & Ghorbani - Bamboo

Le Zoo des animaux disparus

L’un de nos premiers coups de cœur est cette nouveauté axée sur un principe aussi novateur que simple de prime abord : rendre hommage aux animaux qui ne sont plus sur Terre en leur dédiant un zoo. Comme vous le savez, chaque jour, des espèces animales s’éteignent à cause de l’action volontaire ou involontaire de l’homme. Réduits à un chiffre dans un journal télévisé ou dans un documentaire, cette disparition constante et latente n’attire plus l’attention, car l’on ne parle plus de ce qui n’est plus là. Sauf dans ce zoo imaginaire où les auteurs ont tout simplement décidé de leur donner une seconde vie, en imaginant que quelques spécimens y auraient trouvé refuge. Comme l’explique le scénariste Christophe Cazenove : « Pour différencier le projet d’autres séries sur les animaux, [j’ai eu] l’idée de créer un zoo qui ne propose aux visiteurs que des animaux qui n’existent plus. Au départ, j’ai cherché comment justifier le paradoxe de montrer quelque chose qui n’était plus là, mais bien vite j’ai réalisé que le plus important n’est pas de comprendre comment ce zoo peut exister, mais plutôt de comprendre pourquoi tant d’espèces ont été rayées de notre planète. En tant qu’amoureux et défenseur des animaux, [le dessinateur] Bloz a accroché à cette envie de parler d’un sujet grave de façon humoristique. »

Le Zoo des animaux disparus, T1 - par Cazenove & Bloz - Bamboo

Il faut toute l’expérience et l’habilité de scénariste de Christophe Cazenove pour maintenir l’équilibre de ce projet, page après page. Tout l’art du Zoo des animaux disparus est d’éviter tout militantisme ou toute action culpabilisante.

Au contraire, l’approche est volontairement humoristique et suit les pas d’une jeune stagiaire fraîchement débarquée au zoo. Sur le principe d’Une Saison au zoo de France 5, on se glisse donc dans son sillage pour découvrir les réactions des visiteurs, ainsi que les coulisses : comment approcher ces animaux méconnus, les nourrir, apprendre leurs particularités et parfois les raisons de leur extinction.

Le Zoo des animaux disparus, T1 - par Cazenove & Bloz - Bamboo

Le dessin humoristique et tout public de Bloz reste pourtant très précis et nuancé pour reproduire les animaux, dont certains n’ont d’ailleurs jamais été pris en photo. L’album s’appuie sur un séquençage minutieux et rythmé afin d’éviter toute lassitude : après un court récit de trois pages en guise d’introduction, les auteurs organisent l’ouvrage en gags en une planche, souvent en gaufrier, parfois en bande ou avec une seule grande image, histoire de varier les plaisirs. Enfin, du clown de service au directeur du zoo, des personnages bien campés évitent toute récurrence.

Une question demeure : ce concept de traiter d’animaux qui n’existent plus peut-il être bien compris par les enfants ? Nous l’avons testé auprès d’un jeune lecteur représentatif de 8-9 ans. La réponse a fusé, sans ambiguïté : « Un album très sympa et rigolo, et en plus, on apprend des choses : j’adore ! »

Le Zoo des animaux disparus, T1 - par Cazenove & Bloz - Bamboo

Les Arkéos Seconde nouveauté dans cette collection : une série dédiée à l’archéologie. Et si vous pensez immédiatement à Indiana Jones ou Lara Croft, sachez qu’ils ne sont évoqués ici qu’en référence, car ce sont de vrais archéologues dont il est ici question. Le co-scénariste Jean-Luc Garréra nous explique comment est comment il scénarise avec son co-auteur Alkéo, alias Alain Genot, véritable archéologue au musée départemental d’Arles, et déjà co-scénariste BD depuis 2009 de la série Arelate : « Contrairement à ce qu’on peut penser, Alain n’est pas du tout qu’un consultant sur cette BD. Il propose des situations de gags aussi et nous coscénarisons. Alain, bien sûr, amène son expérience du métier, et c’est un vrai confort pour nous. Il apporte la rigueur requise pour ce genre de BD, et je fais le lien avec la BD d’humour en façonnant les gags. »

De pédagogiques conseils sont également dispensés
Les Arkéos T1 - par Garréra, Alkéo & Ghorbani - Bamboo

Et de continuer : « Pour ma part, le but principal de la série est de rendre justice à l’archéologie : une profession qui me fascine depuis très longtemps, et j’ai eu l’occasion d’apprendre depuis longtemps que l’on en avait une image biaisée. Indiana Jones et Lara Croft sont bien sûr à pointer du doigt, l’image d’Épinal de l’archéologue-aventurier a la peau dure. Le but est de montrer un vrai visage de l’archéologie, qui est tout aussi intéressante et passionnante que l’idée que beaucoup se font de « chercheurs de trésors ». J’ai eu la chance de parler à pas mal d’archéologues, et c’est génial de voir l’excitation que peut provoquer un bout de céramique ou une pointe de flèche, là où on les imagine ne s’extasier que devant des salles aux trésors remplies d’or et de diamants ! »

On connaissait déjà Les Fonctionnaires, Les Gendarmes, Les Pompiers et les autres séries de Bamboo. Les Arkéos ne sont pourtant pas à ranger dans la même catégorie car on ressent dans la construction de l’album un vraie volonté pédagogique. De plus, certains gags estampillés Arkéo-fact se révèlent être de véritables histoires authentiques vécues par les intéressés. Ils sont même souvent cités !

Le logo "Arkéo-fact" en haut de chaque page indique la véracité de l’anecdote
Les Arkéos T1 - par Garréra, Alkéo & Ghorbani - Bamboo

« Dès le départ, nous voulions intégrer cette part de vécu, continue à nous expliquer Jean-Luc Garréra. Nous avons (par le biais du réseau professionnel d’Alain et un peu de mon côté par des YouTubers archéo que je suivais) proposé à qui le voulait de nous faire part de ses « Arkéo-Facts », des anecdotes de chantier, que nous avons mises en image quand c’était possible. C’est un exercice très intéressant et pas si évident d’adapter de vrais moments de vie, en gardant le rythme de l’album et des autres gags imaginaires.

Encore plus grand public que la précédente série, Les Arkéos profitent du dessin de Cédric Ghorbani pour évoquer ces situations réelles, ou proches de l’être. On tremble d’ailleurs en se rendant compte que les « pires » gags sont malheureusement avérés !

Les archéologues regroupent différents métiers : des paléographes...
Les Arkéos T1 - par Garréra, Alkéo & Ghorbani - Bamboo

Une belle façon de donner envie aux jeunes lecteurs (et aux autres) de faire de l’archéologie, du moins de mieux la comprendre. Une fois de plus, nous adressons un beau coup de chapeau au cahier pédagogique qui termine l’album, lequel permet de renforcer l’authenticité et l’apprentissage pour que la bande dessinée ne soit pas qu’un moment de divertissement. « Le cahier pédagogique permet de creuser certains sujets que l’on a été obligés de traiter rapidement, à cause du format rapide qu’est le gag, nous détaille toujours Garréra. Alain peut apporter beaucoup plus d’informations additionnelles dans cette partie et parfaire le travail fourni dans l’album. Il en est de même pour les Oiseaux en BD, où la LPO s’est chargée de cette partie. Pour le lecteur ou les parents qui veulent offrir ces BD à leurs enfants, c’est un gage de sérieux et de rigueur scientifique indéniable. »

... aux archéologues qui collaborent aux reconstructions 3D
Les Arkéos T1 - par Garréra, Alkéo & Ghorbani - Bamboo

Les Oiseaux en bande dessinée

Grâce à la transition de Jean-Luc Garréra, nous abordons maintenant la troisième nouvelle série, dont il est le seul et unique scénariste : Les Oiseaux en bande dessinée. Soyons honnêtes, le titre n’est pas folichon, et la thématique semble de prime abord bien moins excitante que l’attrait des animaux disparus ou celui du vécu des archéologues.

Et pourtant, Les Oiseaux en bande dessinée reste un autre de nos coups de cœur : encore plus appuyé pédagogiquement que les deux précédents, bourré d’humour tant dans les cases intermédiaires qu’en fin de gag, ils s’agrémentent du très beau dessin d’Alain Sirvent et des couleurs de David Lunven. Ornithologue à ses heures perdues, Jean-Luc Garréra nous explique qu’il a pourtant dû s’accrocher à cette idée avant de pouvoir la concrétiser. « Cela fait pas mal d’années que j’avais envie de faire ça, mais on a mis du temps à se caler avec Olivier [Sulpice] à l’époque où sont sortis « Les Animaux marins » « Les Insectes » et « Les Dinosaures » par exemple. Mais on avait toujours ça sous le coude et, l’année dernière, les planètes se sont alignées. Olivier a tout de suite pensé à Alain Sirvent pour le dessin, et j’avoue que je ne connaissais pas, à l’époque, ce don de caméléon graphique d’Alain. Il a parfaitement collé au style, et vu qu’on avait déjà envie de travailler ensemble, c’était parfait. »

Les Oiseaux en bande dessinée T1 - par Garréra & Sirvent - Bamboo

Il poursuit : « Ce n’est pas un choix personnel, mais les Oiseaux semblent tendre vers un public plus jeune. Le sujet veut ça, je pense. Cela n’exclut pas du tout les plus grands, puisqu’ils lisent beaucoup de BD jeunesse. Ce n’est rien de calculé, ça s’est fait comme ça, naturellement. Je ne suis pas très calé dans ce genre de calcul, je fais, et on voit où ça nous amène. Mais, pour les deux cas, je veux que le lecteur s’amuse et découvre quelque chose. Le côté coloré et tellement diversifié des Oiseaux amène un ensemble plus jeunesse au premier abord, certainement. »

Les Oiseaux en bande dessinée T1 - par Garréra & Sirvent - Bamboo
Jean-Luc Garréra
Photo : DR.

Avec de grandes ellipses entre les cases, le niveau de narration est très différent des deux séries précitées, plus proche des Dingodossiers par exemple, avec souvent une situation présentée par case et un petit hors-texte pour l’aspect pédagogique, avant que les oiseaux n’apportent eux-mêmes une info de plus, ou un décalage humoristique bienvenu. Les lecteurs attentifs pourront également retrouver quelques hommages, comme celui adressé au Jules du Vieux bleu et à son auteur, François Walthéry, l’un des premiers à avoir conseillé Jean-Luc Garréra au début de sa carrière. « J’aime glisser des petites touches d’humour un peu partout. Pour amuser, déjà et bien sûr, mais aussi pour distraire potentiellement le lecteur de ce qui va arriver. Même si ça peut être le cas de temps en temps, ces petites blagues sont en général destinées à amener quelque chose d’autre ou à l’appuyer. On apprend tellement mieux en s’amusant, il ne faut surtout pas se priver ! N’oublions partant pas l’aspect pédagogiques, comme ces fiches en fin de planche qui étaient déjà utilisées sous différentes formes dans les séries préexistantes (Insectes, Animaux marins, etc.). Je trouve ça indispensable pour ajouter des éléments que l’on n’a pas pu traiter dans la page. Ne serait-ce que la couleur de la fiche définit l’un des deux types d’oiseau : Oiseau volant (Fiche Bleue) ou Oiseau Marcheur (Fiche Verte), ainsi que l’indice IUCN selon l’état d’espèce menacée de l’oiseau cité, c’est très important. »

Le Zoo des animaux disparus, T1 - par Cazenove & Bloz - Bamboo

Une fois encore, nous avons été chercher notre lecteur-testeur de 8-9 ans pour nous assurer que notre propre engouement serait partagé. Et une fois de plus, la réaction confirme la réussite de l’album : « Très marrant, et en plus, on découvre beaucoup de choses sur des races qu’on ne connaissait pas ! »

Apprendre en scénarisant

Ce difficile équilibre est également présent dans la quatrième nouveauté de cet été, même s’il ne s’agit pas d’une nouvelle série comme les trois autres, car il s’agit ici du tome 5 des Insectes en bande dessinée, signé par Cazenove, Vodarzac & Cosby. Beaucoup de pédagogie, des situations qui parlent aux lecteurs, et un humour un peu plus trash qui conviendra bien aux adolescents.

La réussite de chaque album tient comme d’habitude à la symbiose formée par les coauteurs et l’éditeur. Nous nous sommes cependant demandés si la bande dessinée pédagogique ne demandait pas des qualités particulières pour atteindre son but : « On ne va pas se mentir, c’est une autre forme de travail, nous avoue Jean-Luc Garréra. J’ai scénarisé pas mal d’albums avant ces deux séries, et ici j’ai découvert une autre manière de travailler. Ça fait longtemps que j’avais envie de faire ce genre de BD, et mes copains auteurs peuvent en témoigner : je pars souvent en explications rigolotes sur les sujets qui me passionnent, ce n’est donc pas une nouveauté. Là où c’est nouveau, c’est que j’ai franchi le cap, et que maintenant, ça va être difficile de freiner. Il y a tant à dire sur tant de sujets. J’aime lire et me documenter, et ça tombe bien, c’est le minimum pour faire ces BD. Ensuite, pour faire par exemple le parallèle peu ragoûtant avec le mode d’alimentation de certains oiseaux, il faut « digérer » les infos acquises et les ressortir pour construire le gag et nourrir le lecteur. Un travail plus long que le scénario classique tiré de l’imaginaire. Il n’y en a pas vraiment un plus difficile que l’autre, c’est juste différent. Et passionnant. »

Jean-Luc Garréra et sa passion des oiseaux
Photo : DR.

Un passion très communicative à la lecture ! Voilà en tous cas quatre albums qui tombent à point nommé pour donner à nos jeunes lecteurs l’envie d’en savoir plus et de susciter leur curiosité sur le monde qui les entoure. Une qualité certainement plus importante que les autre à stimuler avant la rentrée !

Propos de Jean-Luc Garréra recueillis par Charles-Louis Detournay.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Viennent de paraître dans la collection "Apprendre en s’amusant" :
- Le Zoo des animaux disparus, T1 - par Cazenove & Bloz - Bamboo.
- Les Arkéos T1 - par Garréra, Alkéo & Ghorbani – Bamboo.
- Les Oiseaux en bande dessinée T1 - par Garréra & Sirvent - Bamboo
- Les Insectes en bande dessinée T5 - par Cazenove, Vodarzac & Cosby - Bamboo.

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