Roxane, illustratrice pour le cinéma, chasse le mâle sur internet. À 40 ans, elle n’a aucun mal à plaire. Les offres pleuvent, et les rencontres aussi. Au point de créer une routine malsaine et vaine. Jusqu’au jour où une mission professionnelle met Daniel sur son chemin. Roxane est sous le charme, mais lui, il est marié.
Derrière ce pseudo mystérieux et évocateur à la fois (Lilith, la mère de toutes les femmes ?), cette chronique sentimentale illustre avec réalisme et cruauté le monde des rencontres sur le web. Où règne la loi de l’offre et de la demande, où certaines ont le choix et pas d’autres, encore faut-il jouer le jeu. Car Roxane se noie dans ces dizaines de messages pleins de compliments et de mensonges stratégiques. Elle-même n’évoquera jamais ses enfants, et on ne connaîtra jamais leur nom durant le récit.
Pour autant, Roxane la romantique, tiraillée par sa sensibilité, ne vit pas ces moments de séduction comme une réussite. Et l’attirance "interdite" qu’elle éprouve pour son chef a quelque chose d’autodestructeur.
Lilith donne à son héroïne un charme parisien intemporel. Avec café et cigarettes à la limite de l’overdose. Ses moments difficiles n’en sont que plus touchants, tout comme un final assez moral qui la voit payer cher ses errements. Les planches favorisent les têtes à têtes en privilégiant des fonds majoritairement blancs. Les rares décors n’en sont que plus pertinents. Comme ces doubles pages vertigineuses où Roxane aligne sur un mur tous les profils contactés.
On ne sait presque rien de l’autrice, ni de la part vécue de cette histoire. Un mystère qui n’a rien de vraiment gênant pour une telle chronique, et qui évite de se lancer dans de savants raisonnements de crédibilité.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.