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André-Paul Duchâteau : "Ric Hochet est un homme pressé !"

Par Nicolas Anspach le 3 octobre 2008                      Lien  
Son biographe décrit volontiers le scénariste de {Ric Hochet} comme un « gentleman conteur ». Sa moustache à la Errol Flynn doit y être pour quelque chose. Cet écrivain-scénariste qui a publié son premier roman en 1941 conserve le plaisir d’écrire. Il nous parle avec gentillesse et humour du 75e album de {Ric Hochet}, qui vient de paraître. Une occasion pour aborder également d'autres aspects de sa carrière.

André-Paul Duchâteau : "Ric Hochet est un homme pressé !"Il me sera difficile de rendre cette interview aussi passionnante que la monographie que vous a consacrée Patrick Gaumer. Était-ce un exercice facile que de parler de vous ?

Non, pas tellement ! Mais je dois vous avouer que Patrick Gaumer a une manière extraordinaire, presque amicale, de vous poser des questions. Dans sa recherche documentaire pour ce livre, il a découvert certaines choses dont je ne soupçonnais même plus l’existence ! Nos rencontres ont duré un temps certain, et à vrai dire je n’ai jamais considéré nos conversations comme étant des séances de travail.

Vous avez publié votre premier roman, Meurtre Pour Meurtre à quinze ans et demi. Aujourd’hui, après tout ce temps, trouvez-vous encore du plaisir à écrire ?

Oui, c’est une certitude. L’écriture m’est presque indispensable ! La phase de réflexion et de gestation pour faire naître une intrigue sont mes meilleurs moments dans la création d’une histoire. J’adore l’étape de l’écriture du synopsis, que cela soit pour un roman ou une bande dessinée. Le plaisir de construire, de réfléchir, d’être visité par les idées… C’est étonnant de les voir surgir et que l’ensemble de celles-ci forme un ensemble cohérent…

Encore aujourd’hui, c’est assez rare d’être publié si jeune …

Oui. J’ai eu la chance d’intégrer la collection que dirigeait Stanislas André Steeman. Ma vie aurait été sans doute différente si je ne l’avais pas écrit.

Vous vous servez de l’actualité, comme par exemple dans le diptyque On tue au théâtre ce soir / Puzzle Mortel où empruntez l’affaire de l’empoisonnement de Litvinenko au Plutonium …

Oui. Tout comme dans le 75e album, Code Pour l’Au-delà, je me sers de l’histoire de ce pianiste qui a été retrouvé sur une plage en tenue de soirée. Ces matériaux arrivent à point nommé pour entraîner un rebondissement ou un changement de scène…

En lisant la monographie écrite par Patrick Gaumer, on s’aperçoit que vous aviez plusieurs vies en une seule ! À un moment, vous travailliez pour Pourquoi Pas ?, puis chez l’éditeur du quotidien belge Le Soir, le groupe Rossel, ensuite au Lombard où vous assumiez le poste de rédacteur en chef de Tintin pour enfin terminer la journée par l’écriture de sketches radiophoniques à la RTBF… Mais comment faisiez-vous ?

Je ne sais pas ! J’étais en tout cas, le spécialiste des bonnes astuces pour trouver des places de parking rapidement. Enfin, quand je prenais la peine d’en trouver une ! Par exemple, le matin, en commençant ma journée, je ne restais que trois-quart d’heure à Pourquoi Pas. Autant vous dire que je me garais en double-file. Ensuite, j’allais chez Rossel. A midi, je rentrais chez moi, pour manger avec mon épouse et faire une courte sieste. L’après-midi, je repartais au Lombard. Puis, à 17h30, je me dirigeai vers la RTBF. J’étais membre du jury de l’émission « Voulez-vous jouer ». Je consacrai le week-end à l’écriture de mes scénarios. C’était une période assez trépidante !

Durant votre carrière, vous avez touché quasiment à tous les genres : téléfilm, radio, bande dessinée et bien entendu le roman. Est-ce un regret de ne jamais avoir écrit pour le cinéma ?

Si ! Le cinéma est un genre étonnant, où les projets naissent pour finalement ne pas se conclure. Je devais également participer à une émission de télévisée qui s’intitulait « Meurtre à … ». Le crime était commis dans différents endroits connus, comme par exemple Le Louvre. Le projet était assez avancé, et malheureusement l’affaire ne s’est pas faite. C’était très frustrant !

Extrait de Ric Hochet T75
(c) Tibet, Duchâteau & Le Lombard

Votre roman De 5 à 7 avec la mort a été adapté en téléfilm…

Oui. Ce roman a eu le Grand prix de la littérature policière. Il y a eu deux téléfilms qui ont été tournés au Japon. Le laps de temps séparant les deux adaptations était assez court. J’avais reçu la cassette vidéo du premier. Je ne comprenais évidement rien au téléfilm, mais cela avait l’air d’être assez bien fait. Quelques mois après, on m’a téléphoné du Japon pour m’acheter à nouveau les droits de ce livre. Étonnant !

Vous avez amené, dans de le diptyque On tue au théâtre ce soir / Puzzle mortel un nouveau personnage. Et non des moindres : la mère de Ric Hochet. Pourquoi avoir attendu presque 75 albums pour parler d’elle ?

Le père de Ric Hochet est apparu rapidement pour une raison simple : le fils de Tibet lui a demandé où étaient les parents de notre héros. Cette remarque était pleine de bon sens. J’ai donc inventé un père gentleman-cambrioleur. Tout le contraire de son fils, qui est journaliste-détective. Des années après, nous nous sommes aperçus que la mère était un personnage mystérieux, dont nous ne parlions jamais ! Mon imagination s’est remise à fonctionner. J’ai rédigé un premier scénario, On tue au théâtre ce soir, où Ric Hochet croyait que le Bourreau avait enlevé sa mère. Or, il n’en était rien. Puis, je me suis dit : La mère de Ric n’a pas été enlevée par le Bourreau, mais pourquoi ne le serait-elle pas par quelqu’un ? Cela a donné Puzzle mortel !

Était-ce une manière de montrer un Ric Hochet beaucoup plus humain ?

Oui. C’était l’occasion. Ce personnage est mêlé à des enquêtes, qui sont menées tambour battant. Ses contacts avec Nadine ne sont pas évidents pour cette raison. Ric Hochet est un homme pressé !

La question que tous vos lecteurs vous posent : À quand le mariage entre Ric et Nadine ?

On n’en est pas là !

Vous avez peur de toucher au mythe ?

Je ne sais pas. Aucun de nous deux n’a envie de se pencher là-dessus pour l’instant ! Mais il se passe beaucoup de chose entre les albums, les séquences…

À quand le prochain album de Ric Hochet ?

Dans huit mois. L’écriture du Dernier duel est terminée, et Tibet travaille sur cette histoire. Je n’ai pas encore reçu la moindre planche. Je planche déjà sur le 77e album ! Notre planning est bien réglé. Notre contrat avec Le Lombard nous oblige à fournir un album de Ric Hochet tous les huit mois. Et c’est loin d’être une contrainte. D’après mes souvenirs, je ne pense pas que nous ayons loupé une échéance ou eu le moindre retard sur cette série.

Christian Denayer m’a un dit que vous aviez une imagination visuelle …

C’est vrai ! La bande dessinée a influencé ma manière d’écrire des romans. Lorsque j’ai commencé ce métier, en écrivant Meurtre Pour Meurtre, j’étais beaucoup plus littéraire. Mes phrases étaient plus longues, plus descriptives. Les romans que j’ai écrits après, alors que je signais déjà des bandes dessinées, sont plus linéaires et plus visuels. Même pour 5 à 7 avec la mort !

Interrompez-vous parfois l’écriture d’un synopsis parce que l’histoire ne vous plait pas ?

Cela m’est arrivé, mais rarement ! Il y a surtout des sujets qui sont restés en l’état de synopsis pendant des années car ils ressemblaient trop à une histoire récemment écrite. Cela peut-être au point de vue de l’intrigue ou des atmosphères. Je reprends alors ce synopsis quelques années après.
Je suis un auteur heureux ! Je n’ai jamais eu de scénario de bande dessinée refusé par un éditeur. Ce n’est pas le cas pour les romans. J’ai un roman pour la jeunesse qui dormait depuis deux ou trois ans dans mes tiroirs. Un éditeur français se montre aujourd’hui intéressé. On verra… Le nombre de signes correspond aux attentes, et il ne me reste plus qu’à le faire taper. J’écris mes scénarios à la main, de manière scripturale. J’ai une aide qui les tape à l’ordinateur…

Est-ce par gain de temps que vous n’utilisez pas de machine à écrire ?

J’ai toujours rédigé mes premiers jets à la main. C’est une habitude. Et puis, il y a une impulsion dans l’écriture scripturale, qui me met très à l’aise. C’est gai de sentir sa plume avancer sur le papier. Deux dessinateurs sont devenus de véritables spécialistes pour déchiffrer mon écriture : Bernard Swysen et Erwin Drèze. Tibet, lui, demande que mes scénarios soient dactylographiés.
Il se peut que je retravaille prochainement avec Erwin Drèze. J’en saurai plus ces prochaines semaines.

Quel plaisir éprouviez-vous à adapter des romans en bande dessinée…

Un plaisir fantastique ! J’ai passé toute mon enfance et mon adolescence dans les Rouletabille, Arsène Lupin, etc. De telle sorte, que quand je devais en adapter un, j’avais déjà une idée assez précise de la manière dont j’allais y parvenir. Je relisais le livre avant, puis me lançais dans l’adaptation en me souvenant des points de chute importants. J’ai du réaliser une soixantaine de BD adaptées de romans aux éditions Claude Lefrancq. Il va de soi que j’affectionnais beaucoup plus de travailler sur des romans policiers…

Pour les besoins des scénarios, voyagiez-vous ?

Cela m’est arrivé. Les collaborateurs de Tibet profitent de leurs vacances pour ramener des photographies de décors. Et puis, comme Tibet possède une maison à la Côte D’Azur, j’ai volontairement situé plusieurs histoires là-bas… Et puis, j’ai situé d’autres récits plus près de chez nous : à Bruxelles, Namur, Bruges, et même Binche, une ville près de laquelle ma compagne possède une maison…

J’imagine que certains hommes politiques vous demandent de situer une histoire dans leur ville ou village…

Oui, mais pas seulement des hommes politiques. Des amis, également ! Mais je n’aime pas trop cela. J’ai peur de donner une fausse idée d’un lieu !

Quels souvenirs gardez-vous du temps où vous étiez rédacteur en chef de Tintin …

Guy Leblanc, qui assistait son père à la direction du Lombard, et moi-même, nous n’étions pas toujours sur la même longueur d’onde ! Mais c’était intéressant, pour un auteur, un scénariste, de connaître les problèmes d’un éditeur.

Être à ce poste, et publier ses propres histoires dans le journal, cela n’entraîne pas de la jalousie de la part des autres auteurs ?

J’espère qu’il n’y en a pas eu tellement ! J’essayais de rendre service au Lombard. Quand William Vance m’a demandé de reprendre quelque temps Bruce J. Hawker, nous avions besoin de son talent. Il était hors de question de le laisser partir dans une autre maison d’édition ! Donc, je mettais mon tablier de scénariste, tout en étant rédacteur en chef de Tintin pour lui procurer du travail. Il en va de même pour Rosinski lorsque Jean Van Hamme s’était arrêté pendant un an de scénariser ThorgalHans a été créé pour cette raison…

Il est question d’une intégrale des Casseurs (avec Denayer) et de Hans (avec Rosinski, puis Kas) aux éditions du Lombard…

Oui. L’éditeur en parle depuis quelques temps. Cela devrait sortir en 2009 ! Hans a connu douze albums, et j’ai un scénario inédit sous le coude qui a été développé sous la forme d’un synopsis. On le reprendra sans doute dans cette intégrale. Et puis, il y a les deux albums de Terreur (Avec Follet) qui sortiront en un seul volume dans la collection Signé !

En mai 2005, à l’occasion des 50 ans de Ric Hochet Freddy Thielemans (le bourgmestre de Bruxelles), Tibet et Duchâteau portaient la veste de la même manière que le journaliste parisien.
(c) Nicolas Anspach

Parmi tous les auteurs avec lesquels vous avez travaillés, quelle est la personne qui vous a le plus marqué ?

Tibet, bien entendu ! J’ai eu la chance, à une ou deux exceptions près, de travailler avec des gens avec lesquels je m’entendais bien. Une véritable amitié est souvent née entre ces auteurs et moi. Il y a des personnes que je regrette énormément comme par exemple Patrice Sanahujas, avec lequel j’ai signé Challenger, le Monde Perdu. Il est mort exceptionnellement jeune.

Aujourd’hui, vous tenez vous encore au courant en matière policière ?

Oui. Je lis encore beaucoup de livres. Là, je suis par exemple actuellement plongé dans un livre de Brian Haig, le fils d’Alexander Haig, un général américain qui officiait durant la Seconde Guerre mondiale. Je reste un lecteur inépuisable et de nombreux voisins m’alimentent en livres. J’en trouve régulièrement dans ma boîte aux lettres. Tibet m’avait représenté, dans l’une de ses caricatures, en un crabe qui dévore les livres…

Le mot de la fin ?

Ce n’est pas un regret, mais une constatation. J’ai vécu trois ans en Afrique, au Congo belge, avec mon épouse. Je suis aujourd’hui étonné de ne jamais avoir écrit sur ce sujet. Si je devais le faire, un jour, j’ancrerais mon récit durant la période à laquelle j’y ai vécu.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire aussi sur actuabd.com :

- André-Paul Duchâteau, Gentleman Conteur - par Patrick Gaumer - Lombard (juin 2005)
- Ric Hochet : cinquante ans d’aventures ! (Mai 2005)
- Une interview de Patrick Gaumer : "André-Paul Duchâteau a eu mille et une vies dans une seule" (Avril 2005)

Et des chroniques d’album :
- Ric Hochet T75
- Terreur T2
- Les Romantiques T1

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En médaillon : A-P Duchâteau, en septembre 2008.
Photos : (c) Nicolas Anspach

 
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9 Messages :
  • J’espère que cela le consolera de n’avoir jamais été couronné à Angoulême, où des jurés (à la culture BD très récente) partagent les trophées entre de jeunes auteurs. Moi en tout cas, je prefèrerai avoir un livre vendu à 100 000 exemplaires qu’un article d’une page dans les Inrocks ou un programme télé culturel.

    Il lui reste les multiples témoignages de sympathie d’un public nombreux dont il a bercé la jeunesse, et des chiffres de vente fort corrects, ce qui compense l’absence d’articles élogieux dans la presse branchée à la mode indé.

    Pour finir, je rappelle que Patrick Gaumer (un véritable érudit de la BD, puisqu’il a signé le Larousse de la BD) a aussi consacré un passionnant livre au génial dessinateur de Ric Hochet et de Kid Ordin.

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  • Pincez-moi, je rêve
    4 octobre 2008 01:33, par Alex

    Et vlan, l’inévitable Pincemi ! Squattant avec un opportunisme douteux chaque sujet et filant des petits coups de pieds en douce à la bd indé (ne me demandez-pas ce qu’il entend par là)

    Mais oui, après tout, demandons-lui ce qu’il entend par là puisque ses posts -distillants une animosité certaine contre une façon de pratiquer la bd- brillent tout au moins par leurs absences d’arguments.

    Qq lignes de réflexion que je me permettrai de vous suggérer Pincemi :
    - Qu’est-ce que la bd indé ? Une structure économique ou une "école" de dessinateurs ?
    - En quoi la bd indé (?) met en danger le reste de la production et ne participe pas à la pluralité du genre ?

    Je vous ai déjà demandé par ailleurs, plusieurs fois, de développer votre propos. Ce que vous avez toujours évité. Votre propos est-il sêrieux ?

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    • Répondu par François Pincemi le 4 octobre 2008 à  11:16 :

      sur mon nom de famille qui m’a rappelé l’humour débridé des cours de récré des classes de maternelle. Avez vous déjà pensé à reprendre Achille Talon ? Votre verve y ferait des merveilles.

      Vous me demandez la définition de la BD indé, vaste tache ! Vous feriez mieux à mon avis de lire les nombreux articles déjà consacrés au sujet. Néanmoins, je vous indique que je n’ai rien contre la BD indé que j’apprécie quand elle est faite avec talent. Ainsi je possède dans ma collection des albums de Larcenet, Trondheim et Sfar, Blutch, Blain, Guibert, Satrapi, Crumb (plus underground qu’indé, mais bon sa démarche est antérieure à celle du mouvement),David B., Satrapi, Sattouf et autres.

      Je pense que la BD indé est un courant comme la BD historique, la ligne claire, les histoires d’aviateurs, le western, l’aventure ou les gros nez. Elle fait partie des nombreuses composantes de la BD, c’est tout. Et comme chacun des genres évoqués, il y a les leaders et les suiveurs. Ainsi j’adore Franquin, alors que Seron et Mittéi me laissent froid. J’apprécie Hergé, mais je ne collectionne pas les livres de Bob de Moor, Leloup et cie.

      Il est vrai que si l’on enlève les noms d’auteurs prestigieux de la BD indé que j’ai cités, il en reste beaucoup d’autres moins connus. Ceux-ci rêvent d’avoir la même réussite que leurs glorieux ainés, et ils ont été encouragés par plusieurs éditeurs qui ont cru flairer la belle opportunité. D’où la multiplication récente de multiples succédanés réalisés à la manière dont la lecture laisse une impression de déjà lu, déjà vu. Je serai curieux de savoir combien de ces titres se sont vendus à plus de 20 000 exemplaires, un score que la plupart des albums Lombard Glénat Soleil et Bamboo dépassent largement sans que personne ne s’extasie. La complaisance d’une certaine critique est relayée par des blogs des éditeurs et amis, copains et copines qui semblent y voir des oeuvres inoubliables.

      En matière de goût, il n’y a pas de règle. C’est le public qui décide, c’est tout !

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    • Répondu par Sergio Salma le 4 octobre 2008 à  12:44 :

      C’est le problème, si je peux me permettre, des gens qui réfléchissent d’une manière binaire et uniquement binaire. Il leur faudra toujours opposer une chose à une autre pour trouver leurs repères.

      C’est absurde.
      On enseigne le bien et le mal, le chaud et le froid, le beau et le laid. Il ne faut pas , à mon avis, se prendre les pieds dans ce genre de considérations quand on observe la complexité artistique. Il y a autant d’écoles que d’individus.
      Opposer les jeunes , les vieux, les méchants, les gentils, les visuels, les bavards, opposer ceux qui dessinent avec des ombres et plein de petits traits et puis ceux qui schématisent les formes, ce n’est qu’exprimer ses propres goûts mais ça ne fait en aucun cas avancer le débat.

      En quoi l’insuccès des uns est-il un avantage pour les autres ? En quoi aussi le succès des uns pourrait-il devenir un souci pour les autres ?

      D’ailleurs un succès n’est qu’une notion dérisoire, futile qui ne devrait jamais entrer dans la discussion artistique.

      En tentant de consoler Duchâteau, François Pincemi, vous ne lui faites que du mal ; le consolant d’une manière balourde. On peut presque lire votre post comme " c’est nul et vieillot ce que vous faites mais les aut’ c’est des modernes qui font du Picasso ! On parlera pas de vous dans les revues dans le coup mais vous avez vu comment qu’y causent de votre dernier album dans tracteurs magazine ? "

      Votre tendresse pour une certaine école ne devrait pas être un obstacle pour aimer d’autres choses.
      Il n’y a pas que le bien et le mal , le noir et le blanc...il y a des millions de nuances, des millions de couleurs. Il n’ y a pas" les indépendants" ! ça voudrait dire qu’il y a des dépendants ?!

      Il y a des auteurs qui ont des millions d’envies et qui les expriment là où ça leur est possible. Ils ne fournissent pas les libraires pour satisfaire vos besoins de lecture. Ils travaillent chacun dans leur coin avec leurs ambitions diverses et leurs travaux finissent sur les tables et dans les rayons.

      Vos réflexions sur la chose artistique sont à côté de la plaque ; mais humainement c’est très sympathique.

      Répondre à ce message

      • Répondu par François Pincemi le 4 octobre 2008 à  21:08 :

        Merci pour votre commentaire plein de tempérance et de chaleur, à mille lieues de la pensée unique qui se répand de plus en plus sur ce forum, j’y suis d’autant plus sensible que j’ai lu plusieurs de vos livres avec intéret. J’apprécie également le travail de Geerts ou de Trondheim, avec qui vous avez travaillé, je crois.

        Pour autant je pense que vous avez posté votre message avant le mien en date du 4 octobre. Vous ne m’en voudrez donc pas d’y apporter les précisions suivantes.

        "C’est le problème, si je peux me permettre, des gens qui réfléchissent d’une manière binaire et uniquement binaire. Il leur faudra toujours opposer une chose à une autre pour trouver leurs repères.

        C’est absurde. On enseigne le bien et le mal, le chaud et le froid, le beau et le laid. Il ne faut pas , à mon avis, se prendre les pieds dans ce genre de considérations quand on observe la complexité artistique. Il y a autant d’écoles que d’individus. Opposer les jeunes , les vieux, les méchants, les gentils, les visuels, les bavards, opposer ceux qui dessinent avec des ombres et plein de petits traits et puis ceux qui schématisent les formes, ce n’est qu’exprimer ses propres goûts mais ça ne fait en aucun cas avancer le débat."

        Je le sais bien, comme indiqué ce 4 octobre, j’apprécie aussi ceux qui ont lancé ce mouvement et qui ont permis à la BD d’avoir plus de diversité, en sortant des standards précédents (aventure, humour).

        "En quoi l’insuccès des uns est-il un avantage pour les autres ? En quoi aussi le succès des uns pourrait-il devenir un souci pour les autres ?"

        Aucun souci

        "D’ailleurs un succès n’est qu’une notion dérisoire, futile qui ne devrait jamais entrer dans la discussion artistique.

        En tentant de consoler Duchâteau, François Pincemi, vous ne lui faites que du mal ; le consolant d’une manière balourde. On peut presque lire votre post comme " c’est nul et vieillot ce que vous faites mais les aut’ c’est des modernes qui font du Picasso ! On parlera pas de vous dans les revues dans le coup mais vous avez vu comment qu’y causent de votre dernier album dans tracteurs magazine ? ""

        Je ne cherche pas à consoler ; bien au contraire, je pense que ses succès dans la BD, à la radio, dans la littérature policière ou ailleurs font de lui un homme comblé. Sa carrière dépasse de loin la publication d’un blog BD sur le web ou la publication d’une BD indé à 1000 ou 2000 exemplaires. Mais je reste sidéré par l’écart qui existe entre le marché réel (qui est le reflet du gout du public)et l’enthousiasme d’une certaine presse et de nombreux membres du forum. Je discute parfois avec des libraires, eux-aussi sont étonnés entre les qualités d’une oeuvre (très personnelle, exigeante)et l’accueil du public (tout le monde trouve cela très intéressant, mais très peu l’achètent. Il faudrait aussi comptabiliser ceux qui ont acheté des livres qu’ils ne liront jamais). Moi-même j’ai acheté la Mangouste ce soir, je pense le lire dés cette nuit.

        "Votre tendresse pour une certaine école ne devrait pas être un obstacle pour aimer d’autres choses. Il n’y a pas que le bien et le mal , le noir et le blanc...il y a des millions de nuances, des millions de couleurs. Il n’ y a pas" les indépendants" ! ça voudrait dire qu’il y a des dépendants ?!"

        Je ne suis pas le créateur de l’expression "indépendants", je suppose qu’il s’agit pour la BD comme pour le cinéma, de désigner les oeuvres éditées à l’écart des grandes maisons. De mémoire, il me semble avoir souvenance que Lapin et l’Association ont été créés en réaction au refus des grands éditeurs de publier les oeuvres de leurs auteurs.

        "Il y a des auteurs qui ont des millions d’envies et qui les expriment là où ça leur est possible. Ils ne fournissent pas les libraires pour satisfaire vos besoins de lecture. Ils travaillent chacun dans leur coin avec leurs ambitions diverses et leurs travaux finissent sur les tables et dans les rayons."

        Oui, mais l’idéal pour un livre est quand même d’etre lu avec intéret.

        "Vos réflexions sur la chose artistique sont à côté de la plaque ; mais humainement c’est très sympathique."

        Merci pour le compliment. Je ne cherche pas à défendre ma chapelle (je ne suis pas un vieux dessinateur de BD passé de mode, juste un lecteur), mais je trouve profondément injuste l’engouement dont bénéficient certains jeunes auteurs branchés, notamment vis à vis du labeur assidu qu’ont fourni avec modestie de nombreux dessinateurs pendant les décennies précédentes. De nombreuses séries du Lombard, Dargaud ou Dupuis ne figurent plus au catalogue de leurs éditeurs, et je trouve émouvant et même dérangeant le spectacle de ces retraités ou vieillards qui, aux festivals BD, en sont réduits à attendre l’acheteur de leurs plus beaux originaux...

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        • Répondu par Alex le 5 octobre 2008 à  01:00 :

          "j’apprécie aussi ceux qui ont lancé ce mouvement et qui ont permis à la BD d’avoir plus de diversité, en sortant des standards précédents"

          Ohla, mollo ! Vous avez posté de nombreux posts vindicatifs contre la "bd blog", "la bd indé". Et vous retrouvez soudain une nouvelle virginité ?! Vous me perdez, où est la conséquence ?

          "Sa carrière dépasse de loin la publication d’un blog BD sur le web ou la publication d’une BD indé"

          CQFD.

          Répondre à ce message

          • Répondu par François Pincemi le 5 octobre 2008 à  14:40 :

            Ceci est mon dernier message à votre égard, car je n’apprécie pas vos posts agressifs, suspicieux, déformateurs et sans intéret à mon égard. Je peux accepter de passer du temps à répondre à un message de Sergio Salma (sympathique et argumenté), mais pas à quelqu’un qui poste des messages de 3 lignes, systématiquement à coté de la plaque, à moins que cela ne l’amuse de mettre en évidence sa mauvaise foie.

            Où ai je ecrit que toute la BD indé n’avait aucun intéret ? Dans vos fantasmes ?

            Au contraire j’ai écrit hier :
            "Ainsi je possède dans ma collection des albums de Larcenet, Trondheim et Sfar, Blutch, Blain, Guibert, Satrapi, Crumb (plus underground qu’indé, mais bon sa démarche est antérieure à celle du mouvement),David B., Satrapi, Sattouf et autres."

            Donc j’apprécie la démarche de pionnier des créateurs de ce mouvement en France, d’autant plus qu’ils ont obtenu une véritable reconnaissance du public et que les éditeurs se disputent actuellement leurs publications. Ce qui n’est pas le cas des multiples auteurs-suiveurs qui ont voulu monter dans le train de la BD indé, avec des bios insipides, et un trait plein d’admiration pour Blutch, Larcenet, Sfar et cie.

            Cela ne m’empêche de lire avec intéret les derniers livres de Van Hamme,Duchateau, Sente, Dufaux, Cauvin, Desberg, Christin et autres, pour ne citer que les scénaristes les plus connus. Il s’agit à chaque fois d’une excellent moment de divertissement et d’évasion, alors que d’autres oeuvres (également dans le cinéma d’art et d’essai) ont (en ce qui me concerne) un effet limité au soporifique.

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      • Répondu par erwan. le 4 octobre 2008 à  22:10 :

        pas d’accord.
        Dire que les gouts du public n’ont rien à voir avec la chose artistique est faux.
        Deleuze disait qu’on avait la légitimité de parler de cinema si on était soit réalisateur, soit comédien, soit AMATEUR de cinéma...autrement dit si on en regardait souvent !!!
        Bien sur il ne suffit pas de se plier toujours à la sacro sainte audience...mais tout de même.
        De plus il est claire qu’une institution comme Angouléme aujourd’hui priviligie clairement une dimension de la bd autre que la bd incarnée dans des choix de representation traditionnelle. Le soucis c’est que la bd ça n’est ni que du dessin ni que de la peinture,et parfois un auteur est OBLIGé de se plier à un systeme de representation soit disant ringard pour mieux RACONTER une histoire pertinente au premier degres...Mais à l’heure ou les graphistes ont pris le pouvoir, peux de médias s’interressent à cette forme de bd traditionnelle, alors qu’elle propose souvent, il me semble, des récits tres interressants et des visions d’auteurs magnifiques...Peut on penser un jour voir un article de Télérama sur Bout d’Homme ?
        ...Il ne s’agit evidement pas de nier la qualité de la bd moderne, mais il est vrai que par ses choix plastiques,il lui est tres dure d’envisager une histoire sans un ton décalé (humour,poésie exacerbée,cynisme). Or on devrait toujours penser bd en terme d’histoire. Et pour ma part, il est clair que la plupart des productions de la nouvelle bd,apres quelques années,sentent le convenu et le déja vu dans ses propos, quant à sa forme je ne suis plus surpris par son audace. (même un peu lassé)...
        En fait ce qui est déplaisant, c’est que certains médias nous donnent l’impression que la nouvelle bd doit être défendue parceque bravant certaines regles,alors que précisement elle devient aujourd’hui terriblement carricaturale. Aussi bien dans ce qu’elle raconte que dans ses moyens plastiques.
        En fait si je suis agacé ça n’est pas à cause de la nouvelle bd, mais surtout par rapport au mépris de certains auteurs ou certaines institutions qu’on ne peux pas nier, concernant une bd plus traditionnelle.

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    • Répondu le 6 octobre 2008 à  21:30 :

      Ce message est adressé à tous les intervenants de cette page.

      Tout cela c’est de la masturbation à peine intellectuelle.

      C’est amusant on peut s’entendre parler mais on ne s’entend pas écrire. Et parfois il vaut mieux, à la lecture de certains courriels.

      Vous semblez oublier, braves gens, dans vos petits duels épistolaires que les goûts et les couleurs, cela ne se discutent guère.

      Pourquoi se moquer de l’autre parce qu’il n’a pas les mêmes prédilections que les vôtres ?

      A bon entendeur...

      Olive

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