L’exposition "star" de cette édition 2008 est sans conteste celle préparée par son président José Muñoz et consacrée à la bande dessinée argentine. La scénographie qu’il cosigne avec Giusti Zuccato nous transporte dans le Buenos Aires de la fin du XIXe siècle et ses conventillos, auberges qui furent le creuset d’une identité façonnée par l’immigration. Les visiteurs peuvent admirer les originaux d’auteurs argentins de plusieurs générations, mais aussi bien sûr de Muñoz lui-même, tantôt sur une place, devant un kiosque, ou dans de petites pièces au décor plein de cachet, et dans une ambiance musicale très réussie. Un ensemble somptueusement scénographié présenté au CNBDI, qui propose également deux expositions consacrées à des artistes majeurs : Bottaro, maestro de la bande dessinée pour la jeunesse italienne, et Ben Katchor, mémorialiste de New-York en constante recherche formelle.
S’il fallait une raison supplémentaire de descendre en contrebas du centre-ville, sur les bords de la Charente, elle serait aisément fournie par la présence, au Musée du Papier, de l’exposition Sergio Toppi : un ensemble d’originaux saisissants par le maître italien du réalisme fantastique. Également sur les bords de la Charente, on peut visiter l’exposition "Villes du Futur", deuxième volet de l’Exposition Universelle de la Bande Dessinée. Le décor, sorte de vaisseau spatial bordé de hublots à travers lesquels le visiteur découvre des reproductions de planches de bande dessinée représentant des villes de science-fiction, est certes très réussi ; mais, comme l’an dernier, le visiteur qui cherchait un regard, un point de vue sur le sujet abordé, devra se contenter d’une collection de planches sans commentaire…
À l’espace Franquin, rebaptisé "Manga Building" et entièrement consacré à la bande dessinée asiatique (une première pour le Festival), on découvre avec plaisir une grande exposition consacrée à Clamp, quatuor d’auteures japonaises très populaires au Japon (et ailleurs !) qui œuvrent en quasi-symbiose sur plusieurs séries à la fois. Un grand nombre de documents éclairent les multiples facettes de leur travail qui, à travers de nombreux thèmes et genres, du drame fantastique à la magical girl, explore le monde du surnaturel… L’atelier des quatre mangakas est en partie reconstitué, et on découvre avec intérêt un documentaire inédit tourné dans l’atelier original. A ne pas manquer également, au Manga Building, une exposition d’originaux de Lady Snowblood, le manga qui a inspiré le Kill Bill de Quentin Tarantino : le trait élégant et souple de Kazuo Kamimura, prématurément disparu, est un véritable régal.
Signalons par ailleurs l’exposition Lou, au Pôle Jeunesse, qui reconstitue l’univers de l’héroïne de Julien Neel et propose aux enfants des panneaux explicatifs sur l’élaboration d’une bande dessinée, mais aussi des projections de dessins animés (avantage aux seconds…) ; celle qui célèbre les 50 ans des Schtroumpfs, très présents dans les rues d’Angoulême cette année ; une exposition Lax concoctée par Francis Groux très riche en informations ; enfin, au Théâtre d’Angoulême, une installation vidéo de Benoît Peeters qui, à l’occasion de l’anniversaire du Festival, nous emmène en voyage à travers les planches des 35 Grands Prix de la Ville d’Angoulême.
(par Arnaud Claes (L’Agence BD))
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En médaillon : exposition Sergio Toppi (photo A. Claes pour L’Agence BD)
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