Ces dernières années, sous les chapiteaux du Festival d’Angoulême, les stands des petits éditeurs ou des indépendants avoisinaient généralement ceux des mastodontes de l’édition. Lors de ses pérégrinations dans les « bulles », les amateurs étaient confrontés à toute la diversité de la bande dessinée, dans toutes les expressions de sa richesse. Un lecteur de science-fiction, par exemple, pouvait découvrir, au fil de ses trajets entre Delcourt et Soleil, les livres d’un auteur indépendant en étant attiré par une jolie dédicace ou par une superbe couverture. Un Edmond Baudoin, par exemple, pouvait séduire ce lecteur par son trait épais et son style poétique autant que par la gentillesse de son accueil. Une Vanyda pouvait l’accrocher le badaud grâce à son graphisme proche du manga. Les derniers livres de ces auteurs, des exemples parmi d’autres, sont publiés chez 6 Pieds sous Terre ou à La Boîte à Bulles.
Mais cette année, le FIBD a décidé de revoir sa politique pour les emplacements des éditeurs en revenant à une situation qui était celle des années 80 : Les maisons d’édition Mainstream (Dupuis, Dargaud, Casterman, Soleil, etc) seront regroupées sur un Champ de Mars fraichement rénové. Un nouvel espace baptisé « Le Monde des bulles ».
Tandis que les autres, « les indépendants » et les petits labels, iront rejoindre une bulle située à la Place New York, près de l’hôtel de Ville. Le Festival a décidé de baptiser cet endroit par un nouveau nom, plus évocateur : « Le nouveau Monde ». Curieux. Comme si Soleil ou Delcourt faisaient partie de l’ancien...
Dans un communiqué, le FIBD explique que ce changement de nom a été créé dans le but d’« incarner l’identité de la structure ainsi créée, de l’inscrire dans le nouveau courant propre aux maisons d’édition présentes et dans la politique éditoriale du Festival et aussi de la tourner vers le « grand public » ». On y retrouvera les éditions Joker, Ego comme X, Café Creed, BoDoï, Gallimard, La Boîte à Bulles, çà et là, Denoël, les Requins Marteaux, l’Association, etc. Un ensemble pas forcément cohérent.
Cette décision passe mal du côté de certaines structures éditoriales ainsi reléguées parmi les petits. Elles craignent de se retrouver loin du public attiré par le « Champ de Mars ». Entre les deux pôles, pourtant, l’espace Mangas, les expositions et les spectacles situés au Théâtre d’Angoulême et dans la cour de l’Hôtel de Ville au milieu de laquelle se trouvera implanté un pavillon chinois, devraient pourtant susciter le trafic.
Qui seront les gagnants de cette stratégie ? Verdict après le festival.
(par Nicolas Anspach)
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Photo en médaillon : (c) Nicolas Anspach
Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême
Du 24 au 27 janvier 2008
Réservation et renseignement sur le site du Festival
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