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Angoulême 2010 : Blutch, un président qui aime les classiques

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 décembre 2009                      Lien  
On a pu lire ici ou là des remarques suspicieuses sur celui que [Patrice Leconte-> http://www.actuabd.com/Patrice-Leconte-La-bande-dessinee-est-decevante-si-on-la-considere-comme-du-sous-cinema] surnomma « Le Mozart de la bande dessinée ». Publié chez des éditeurs comme L’Association ou Cornélius, on soupçonne le président en titre du FIBD de faire partie d’une catégorie d’auteurs qui, par snobisme assumé, crache sur la bande dessinée classique. Que du contraire.

À l’analyse, il s’avère loin d’être un auteur opposant la bande dessinée contemporaine aux classiques franco-belges. Dans un long mais humble entretien au mensuel Chronic’art (N°61, décembre 2009), il livre quelques-unes des clés de sa personnalité complexe.

Parlant du prix d’Angoulême, il en modère la portée : « À l’école, je craignais le rendu des notes, c’était la peur. Aujourd’hui, je trouve cela grotesque et affligeant le fait de perpétuer l’esclavage. » Comme on lui fait remarquer qu’il aurait pu le refuser, le prix, il ajoute : « Évidemment, j’y ai réfléchi. Cela aurait donné de l’importance à quelque chose qui en a relativement peu et j’aurais dû me justifier de ce refus pendant des années. On aurait pris cela pour de l’arrogance, on aurait dit que je crache dans la soupe…  »

Angoulême 2010 : Blutch, un président qui aime les classiques

Après un intéressant développement sur sa manière de travailler « à la remorque de grands maîtres » (il cite Chardin, Courbet, Balthus, Fellini…), il souligne combien c’est désespérant cette course au renouvèlement des styles, de devoir redécouvrir chaque année « le fil à couper le beurre ». Et de citer Pauvre Lampil de Lambil & Cauvin découvert comme lecteur à l’âge de 13 ans : « J’étais vraiment intrigué par cette vie de dessinateur et de scénariste. »

« Notre génération s’est égarée »

Parlant du Spirou de Bravo, il déclare avoir « plus d’affinité avec Fantasio, Lucky Luke, Tif & Tondu, ou encore Picsou  » mais préfère « chevaucher [ses] propres créations plutôt que celles des autres ». Il regrette une certaine dimension commerciale prise par la bande dessinée (et par sa critique) : « Je regrette que Copi  [1] ait disparu, que la BD ne connaisse pas la pérennité, que seule la vente prime. »

Il considère aussi que les nouvelles générations se sont un peu «  égarées au jardin d’Eden  » : « J’exagère, mais rien ne m’apparaît aussi complet et plein que les Schtroumpfs, par exemple. C’est la forme d’expression pure. Notre génération s’est probablement égarée, ou a été rejetée du jardin d’Eden. Nous sommes perdus entre le reportage, le témoignage, le document humain, le feuilleton télévisé, le cinéma au rabais, le roman français… J’essaie toujours de remonter plus loin, vers les pionniers. Je cherche et j’ausculte pour comprendre, sortir de cette vision française qui m’étouffe complètement. »

Jacques Brel disait : « Le talent, c’est l’envie de faire quelque que chose... » Blutch n’en manque pas, assurément.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon : Blutch par Didier Pasamonik (L’Agence BD)

[1Auteur argentin révélé par Charlie Mensuel.

✏️ Blutch Le Tour du monde des festivals
 
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46 Messages :
  • J’exagère, mais rien ne m’apparaît aussi complet et plein que les Schtroumpfs, par exemple. C’est la forme d’expression pure.

    J’ai acheté sur le site du Soir les 6 petits albums rééditions des premiers schtroumpfs parus dans Spirou sous forme de mini-récits, et je ne peux qu’approuver Blutch, ces récits sont parfaits, un humour irremplaçable, une maitrise incroyable, de véritables chefs d’oeuvres.

    http://boutique.lesoir.be/bd/mini-recits-des-schtroumphs.html

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  • Puis-je me permettre une "remarque suspicieuse" sur le titre et l’introduction de cet article ?
    Il y a là comme un raccourci hasardeux entre "des éditeurs comme L’Association ou Cornélius" et "une catégorie d’auteurs qui, par snobisme assumé, crache sur la bande dessinée classique".
    J’espère qu’il s’agit d’une manière de flatter les bas instincts de certains de vos lecteurs pour mieux les convaincre - par l’exemple de Blutch - qu’ils ont tort.

    En effet, il me semble que les auteurs de la "Nouvelle BD" - appelons-les comme ça - ceux qui sont avec Blutch publiés justement à l’Association ou chez Cornélius et en sont les "fondateurs" n’ont jamais "craché sur la bande dessinée classique".
    Au contraire, ils sont même prompts à poser en exemples d’excellence les travaux de Franquin, Morris ou - comme ici - Peyo.

    Si rupture il y a eu - et il persiste - c’est avec ceux de leurs contemporains qui se posent eux-mêmes en héritiers directs de cette "bande dessinée classique" et qui - selon les premiers - la dévoieraient en réutilisant sans ambition artistique et à des fins purement commerciales les recettes des anciens.

    Bref, sans refaire ce débat dont les expressions les plus excessives - de part et d’autre - ont fait notamment quelques belles heures d’ActuaBD, il s’agit infiniment plus d’une querelle d’héritiers que d’un conflit entre générations.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 décembre 2009 à  11:03 :

      Cher Manu,

      On ne va pas faire ici une querelle de personne, car il y a prescription, mais il ne faut pas réviser l’histoire. Je vous rappelle les saillies de Jean-Christophe Menu qui ne voulait pas de ses livres "à côté des Schtroumpfs" (et on comprend très bien ce qu’il veut dire : la BD commerciale, mais avouez que la confusion est possible, surtout chez les admirateurs exclusifs de Peyo), sans compter les autres provocations d’un gars pour qui le mot "belge" fut à un moment une insulte.

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      • Répondu le 27 décembre 2009 à  12:01 :

        Jean-Christophe Menu n’est pas toute la Nouvelle Bande Dessinée à lui tout seul. Il dit ce qu’il veut. S’il dit qu’il faut aller dans cette direction, la meilleure chose à faire est d’aller partout ailleurs aussi.

        La Nouvelle Bande Dessinée est une génération, pas un mouvement.

        Il n’y a jamais vraiment eu d’opposition entre classiques et modernes, l’opposition était contre les éditeurs qui menait des politiques absurdes à la fin des années 80. Il y a eu, tout au plus, de la provocation.

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    • Répondu par Raoul et Gaston le 29 décembre 2009 à  10:47 :

      Oh que oui, les auteurs de l’association (les rares qui y sont resté) sont des snobinards et Angoulême est devenu leur fief, à tel point qu’ils se cooptent entre eux et que la BD classique n’a plus de droit de cité. Regardez juste les derniers grands prix.
      Exemple : Un libraire BD de la FNAC, qui aime toute la BD et qui est passionné, a voulu organiser un festival BD et a invité des auteurs de l’association. Tout allait bien jusqu’à ce que cet éditeur dise "Qwwaaa ?!? Il y a aussi des auteurs de Soleil et Delcourt ?!? On ne vient pas". Sic
      Il a été dégoûté.

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      • Répondu le 29 décembre 2009 à  23:18 :

        a invité des auteurs de l’association. Tout allait bien jusqu’à ce que cet éditeur dise "Qwwaaa ?!? Il y a aussi des auteurs de Soleil et Delcourt ?!? On ne vient pas".

        Vous êtes sûr ? Parce que Menu (l’éditeur donc) est aussi un auteur Delcourt (dans Donjon).

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        • Répondu le 1er janvier 2010 à  13:21 :

          Un seul album chez Delcourt et il date d’avant les fâcheries entre lui, Sfar et Trondheim.

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          • Répondu par Oncle Francois le 2 janvier 2010 à  11:48 :

            C’est d’ailleurs sans doute la meilleure vente de Menu ! Même-moi, je l’ai acheté !! C’est tout dire ! Voir l’intransigeant patron de l’élitiste et intello Association sacrifier à la mode du pigiste sur une série cartonnée couleurs est un évènement unique !!

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  • je ne suis pas étonné par les réflexions logiques de l’ami Blutch.
    Après les mensonges de la "BD Vérité", le retour aux sources et à la fiction est nécessaire. Il n’y a rein de plus honnête qu’un mensonge qui se déclare comme tel. Il n’y a rien de plus réaliste que la fiction pure. Une œuvre comme le Schtroumpfissime est bien moins truquée que Persépolis. La fameuse vérité des masques dont parlait Oscar Wilde. C’est tellement évident...

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    • Répondu par Étienne Davodeau le 28 décembre 2009 à  09:49 :

      La "fiction" comme vous dites représente au bas mot 98% de la production 2009. Le "retour" à cette "source", pas vraiment tarie, ne m’apparaît pas vital.

      Je ne sais pas en quoi tel livre serait moins "truqué" qu’un autre. Ni d’où vous tenez cette appellation grotesque de "BD vérité".

      Au principe de "mensonge" qui serait plus "honnête" (que quoi ?), on peut lui référer celui d’une subjectivité revendiquée, qui ne prétend pas évoquer LA "vérité", mais l’expérience personnelle, voire intime, d’UNE réalité. Ça n’est d’ailleurs pas un gage de qualité (un récit autobiographique est aussi facile à rater qu’un album de trolls).

      Il est caricatural de vouloir opposer à toute force la "fiction pure" ultra-majoritaire à une autre forme de bande dessinée, plus expérimentale, plus discrète, plus casse-gueule et surtout plus fragile, notamment d’un point de vue commercial.

      Blutch, par l’audace de son travail et par le classicisme de ses références nous le prouve : les deux sont d’un voisinage profitable.

      Votre réaction est caricaturale. De quoi avez-vous peur ?

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      • Répondu par Sergio Salma le 28 décembre 2009 à  21:21 :

        L’utilisation du mot" truqué" est une aberration . C’est explicable. Pathétique mais explicable. Pathétique parce que les plus absurdes réflexions que l’on puisse proférer quant au domaine artistique surgissent quand on veut opposer des genres. Et cette volonté de mettre en compétition des styles radicalement différents relève à mon sens de 2 travers. Le premier qui consiste à penser qu’il y a des bons et des mauvais, forcément ! Le posteur insiste :"c’est tellement évident"( pour lui) . Soit. Le deuxième est de ne pas comprendre que notre vision" historique" ne devrait JAMAIS altérer le vrai sens critique. Pourquoi le merveilleux travail de Peyo devrait-il être pris comme mètre-étalon (maître-étalon ?) en regard duquel toutes les oeuvres dessinées 20, 30 ou 40 ans plus tard auraient l’air médiocres ? C’est non seulement insultant pour les centaines d’auteurs qui jamais ne dénigrent ce travail-là mais c’est absolument réducteur . Je suis étonné par cette propension de certains posteurs( tous sites confondus) à établir des échelles de valeur. Et ça suscite des petites guerres à tout propos, c’est désastreux. Ce que je ne comprends pas, c’est l’attitude de certains passionnés qui dégaineront des horreurs pour défendre je ne sais quel territoire imaginaire. La question de Davodeau est pertinente : de quoi ont peur ces gens ?!

        Et attention, ils ne parleront de trucage pour Persépolis qu’uniquement parce que la BD et le film ont eu un immense succès ; car voyez-vous, Marjane Satrapi s’est attelée à ce récit uniquement pour arnaquer les futurs lecteurs. Il fallait qu’elle la joue fine et distille toutes ses idées pour qu’on ne voie pas à quel point elle est machiavélique. Elle a donc réussi son coup, son sale coup mais heureusement des gens veillent et à eux on ne la fait pas. Tandis que Peyo , lui, a dessiné avec talent et candeur. Il avait une science innée et fabuleuse de la narration et jamais il n’ a pensé à gruger le lecteur, à lui soutirer des sourires ou des émotions. Car il est là le problème. On enfonce de grandes portes ouvertes en opposant des goûts, des styles. Le posteur qui négligemment établit son petit palmarès ne sait pas que la vie culturelle continue autour de lui. C’est le même gars qui se méfie de tout et qui évidemment en a assez de voir toute cette vaine agitation. Il préfère les valeurs sûres. Allez, Mozart quand même c’est autre chose que Radiohead ,avouez. Pas la peine de s’énerver, je suis sûr qu’il va même se demander pourquoi on s’agite autant à propos de choses tellement é-vi-den-tes. En même temps, on peut trouver ça très très triste. Qu’un amateur soit à ce point désabusé doit s’expliquer par une espèce de blasitude. Il en a marre de ne plus trouver d’oeuvres qui le transportent comme l’ont transporté certaines livres de sa jeunesse. Et on a droit alors à une crise de nostalgie aiguë, celle qui vous fera opposer les belles formes d’antan à la froideur des temps modernes, l’odeur des confitures aux fumées d’échappement, où sont les joies simples, la fraîcheur ? On veut du Petit Nicolas ! Tandis que les artistes d’aujourd’hui ma bonne dame c’est bandit , feignasse et compagnie. Ils dessinent en 3 minutes, ne se préoccupent pas du lecteur et ils ne pensent qu’à la gloriole.

        Sans remettre une seconde en cause le génie de certains monstres sacrés, ce culte voué par certains est une engeance. C’est parole d’évangile ça, c’est indiscutable, bandes d’hérétiques. La bande dessinée c’est ça et pas autrement .

        En fait, l’étincelle qui pousse certains à s’exprimer uniquement pour dénigrer est symptomatique. Ces gens pensent qu’ils ont vécu le meilleur( à tous points de vue, esthétique, culturel...)et ils assistent à une dégénérescence générale( les gens ne disent plus bonjour, la planète est polluée, les intégristes nous emmerdent et en plus où est le nouveau Peyo je vous le demande !). Et par réflexe et à tous moments( ici c’est Blutch qui répond à une interview), ils sauteront sur la moindre occasion pour réaffirmer ce douloureux constat.

        Davodeau ne devrait même pas écrire que certaines bandes dessinées sont plus casse-gueule. Parce qu’en réalité, je crois qu’elles le sont toutes à partir du moment où elles sont sincères. On ne choisit pas vraiment ce qu’on raconte ; on est émus, on est touchés, amusés, portés par des idées et on les met en forme( chansons, films, photos, romans etc...). Ces oeuvres atterrissent dans le commerce et c’est à partir de là que naît le hiatus . Alors que l’auteur lui ne veut que retranscrire dans un premier temps ce qui lui semble essentiel ( ça peut être la création d’une bande de schtroumpfs autant que le récit de la mort d’un proche) , il soumet ce travail à un éditeur qui va s’associer ponctuellement avec lui pour porter le livre aux yeux du plus grand nombre (sans que ce soit in fine la principale préoccupation, elle intervient bien sûr mais pas pour la majorité des auteurs).

        On ne sait jamais à l’avance ce qui va "accrocher "ou pas. On parlera d’échec si le public ne suit pas tellement cette époque est obnubilée par la réussite commerciale . Beaucoup de gens sont devenus suspicieux et craintifs, maladivement. En n’imaginant pas une seule seconde que leur vision d’aujourd’hui(claire et é-vi-den-te) est le résultat d’une évolution dont ils ont profité sans le savoir d’une génération à l’autre. Des auteurs comme Pratt ou Hergé aujourd’hui célébrés, statufiés, sanctifiés ont pourtant eu leurs détracteurs. En 1930 ou 40, ils étaient honnis les auteurs de bande dessinée, il n’y a pas très longtemps encore on considérait que seuls les idiots pouvaient trouver du plaisir dans ces lectures débiles. Dans les années 60 ou 70, il y a eu de belles querelles à propos de la "nouvelle école". On a tué le père, cassé du vieux, monté sur les barricades pour enfin enterrer le monde de papa.

        Et toujours dans ces moments-là, les mêmes visions courtes. Les mêmes comportements conservateurs. Alors que tout cela est un joyeux bordel.Il suffit de se souvenir de Goscinny. Il est le chef de file de la bande dessinée commerciale et en même temps a créé un journal d’où a émergé toute une génération d’auteurs nouveaux. L’exemple le plus édifiant pour moi restera à tout jamais le cas de Giraud-Moebius. A lui seul il résume l’absurdité de ces querelles ridicules. Puisqu’il a prouvé que ces "écoles" étaient en réalité les résultantes d’envies différentes et n’étaient en aucun cas opposées. Puisqu’il a été possible que deux auteurs aussi différents que Giraud et Moebius soient une seule et même personne.

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        • Répondu par jean val jean le 29 décembre 2009 à  09:27 :

          "Puisqu’il a prouvé que ces "écoles" étaient en réalité les résultantes d’envies différentes et n’étaient en aucun cas opposées. Puisqu’il a été possible que deux auteurs aussi différents que Giraud et Moebius soient une seule et même personne."

          bizar...moi je présente du "Moébius" dans mon école d’art ça passe à la limite...je présente du "Giraud", je me fais completement allumer !!

          Encore une fois, monsieur, comprenez qu’il ne s’agit pas d’opposer. mais de dennoncer les ambassadeurs du bon gout.

          de quels côtés qu’ils soient.
          sinon je suis d’accord, tout ça pourrait être un joyeux bordel.
          c’est ce que l on peu souhaiter de mieux à la bd !

          rien d’autre.

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      • Répondu par Fred Boot le 29 décembre 2009 à  04:11 :

        Merci Étienne pour ce message. Mais il est vain de chercher à ouvrir le regard de quelques fausses victimes et persécutés imaginaires : depuis des mois (années ?) ils nous déballent les mêmes commentaires à chaque nouvel article sur ActuaBD, et ce quelque soit son contenu. Ce n’est jamais tout à fait hors-sujet, mais cela se termine invariablement par une saillie contre la "bd parisiano-bobo-élitiste-téléramesque-autobio", termes qui englobent en fait une nébuleuse de livres qu’ils sont infoutus de comprendre et donc d’accepter.

        Nous ne sommes pas dupes cependant : tout en respectant les classiques, Blutch ne partage pas le camps des idiots. Malheureusement pour eux.

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        • Répondu par Etienne Davodeau le 29 décembre 2009 à  13:48 :

          Ça porte un nom : la réaction.
          Qui se réveille ces derniers mois dans le monde de la bande dessinée en général, et dans les commentaires de ce site en particulier.
          Son "C’était mieux avant" est aussi affligeant (et risible) que la prétention de ceux qui pensent tout inventer aujourd’hui.

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          • Répondu le 30 décembre 2009 à  13:11 :

            Où ai-je dit que c’était mieux avant ?
            Je crois que vous n’avez pas saisi les nuances. Ce qui ne m’étonne pas du tout venant de vous. En fait, Monsieur Davodeau, vous êtes manichéen et c’est parce que vous l’êtes que votre discours rencontre si facilement un lectorat et fait jouir les donneurs de prix. Vous auriez des idées novatrices, vous seriez mort avant qu’elles ne donnent de beaux fruits.

            98% des BD sont des fictions ? Non, vous faites erreur, 100% des BD sont des fictions. Un récit est toujours une fiction. Il est impossible de raconter la réalité. Vouloir me faire croire que 2% des BD ne sont pas des fictions, c’est vouloir me faire croire qu’on peut dire la vérité. Quel leurre ! Quelle démagogie !
            Alors, puisque je parlais d’O.Wilde, lisez Wilde et vous comprendrez peut-être mieux ce que je veux dire par fiction.
            Autrement, contentez vous de continuer de vous battre pour des illusions...

            Je n’ai pas comparé par hasard le Schtroumpfissime à Persépolis. Ce sont deux albums qui parlent de politique. Le premier est sans pathos, cynique même. Le second raconte la vie d’une Marjane des milieux aisés qui a pu partir sans trop de risques parce qu’elle était justement favorisée. Il y a des évènements qu’elle raconte avoir vécu dans son livre... mais c’est impossible parce qu’elle n’était déjà plus en Iran à cette époque et que ça se passait dans des lieux où elle ne vivait pas. Elle a aussi remodelé tout un tas de trucs qui historiquement ne sont pas justes. Ce que je veux dire par truqué, c’est que dans une autobiographie, on fait plus attention à ce qu’on veut montrer de soi que dans une pure fiction. Ainsi, paradoxalement, une pure fiction en dit plus long sur son auteur. Et s’il y a une vérité, quelque chose d’universel dans ce qu’on peut raconter, elle est là, dans les détails, dans le style, vivante et sacrée... pas fossilisée.
            Il y a plus de vérité et de profondeur sur la condition humaine dans "Le Géant Égoïste" de Wilde que dans n’importe quel roman de Zola.
            Il y a plus de conscience politique dans le Schtroumpfissime que dans Persépolis.

            Enfin, Monsieur Davodeau, c’est vous que je trouve réactionnaire, avec votre vision de la gauche qui ne marche pas. Vous êtes du côté des réalistes, des naturalistes. De tous ces gens qui veulent me faire croire qu’on peut représenter la réalité, parler des choses vraies. Pff... la belle illusion ! Aussi naïf que de croire que l’écologie ne mènera pas moins à la dictature que le marxisme.

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            • Répondu par Etienne Davodeau le 30 décembre 2009 à  16:37 :

              "Il est impossible de raconter la réalité" dites-vous.
              On est quasiment d’accord :
              J’évoquais dans mon message précédent "une subjectivité revendiquée, qui ne prétend pas évoquer LA vérité, mais l’expérience personnelle, voire intime, d’UNE réalité."
              Ça, on peut ? On a le droit ?

              Je ne suis pas loin de partager votre opinion sur les vertus du récit, de fiction pourquoi pas, quant à ce qu’il révèle de son auteur. Mais soyez logique : cette vertu que vous accordez à la fiction , l’autobiographie, qui en serait donc aussi (à son insu), ne la mérite pas moins. Et si "dans une autobiographie, on fait plus attention à ce qu’on veut montrer de soi que dans une pure fiction" comme vous dites, ne croyez-vous pas que cette posture est une façon aussi -involontaire, et donc sans doute sincère- de parler de soi ?

              Ce qui vaut pour un livre vaut aussi pour un petit texte vaguement colérique et laborieusement injurieux, posté sur un site de façon anonyme.

              Je lirai votre réponse, cher courageux. Je n’y ajouterai rien. Je vous salue.

              E.Davodeau

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              • Répondu le 30 décembre 2009 à  18:27 :

                La sincérité n’a jamais été la plus grande qualité d’une œuvre.

                L’intimité n’est jamais ce qui se livre le plus directement.

                Il y a une part de conscient et d’inconscient dans ce qu’on raconte. Lorsqu’on verse dans l’autobiographie, on se dissimule parce qu’on sait qu’on s’expose. Lorsqu’on est dans l’imaginaire, la fiction, on contrôle moins. Paradoxalement, on en dévoile plus sur son intimité, sur la profondeur de son être, sur ses angoisses, sur ses doutes, sur son éducation... et sur ce qui en nous est universel.

                Prenez The Peanuts. C’est un fiction. Pourtant, jamais un auteur de BD est allé aussi loin dans l’introspection et dans son rapport au monde. J’en apprend plus sur la condition humaine en lisant Schulz que n’importe quel machin autobiographique, témoignage, reportage sorti en France ces 15 dernières années.

                Ces sûr, Monsieur Davodeau. Je ne vous brosse pas dans le sens du poil. Et tant mieux !
                Si je force le trait, c’est pour mettre en évidence un paradoxe. Vous doutez bien que ce n’est pas dans un petit commentaire que je peux exposer toute ma vision des choses, toutes les nuances de ma pensée.

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              • Répondu par serpicco le 30 décembre 2009 à  20:10 :

                "réactionnaire" ?
                Bigre, je me souviens qu’à l’époque Balthus était réactionnaire...je me souviens qu’à l’époque Sergio Leone n’était pas loin de l’être pour la critique éclairée ...
                Dans le champs culturel , voila un mot assez odieux et ambigu.
                Militant communiste , je l’applique volontier (ce mot, reactionnaire) dans le cadre de l’économie et de l’organisation sociale...dans le cadre de la culture, ce mot sonne souvent comme un rot de petit bourgeois...

                Je relis l ancien post de monsieur salma où il est question d’humilier le prolo sans la moindre trace d’humour...il me semble que le réaction est à chercher par là.

                oui au débat. mais les jugements de curtons, stop.

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                • Répondu par Sergio Salma le 31 décembre 2009 à  13:09 :

                  Cher Picco ( j’ai décidé de mettre de l’humour bien identifiable désormais)
                  Merci pour votre lecture complètement à côté de la plaque. je ne vous en veux pas, nous sommes débordés et s’il y a bien une chose dont on n’a pas envie c’est d’écouter et comprendre. Vous avez vos affinités et le monde passera toujours par ce prisme. Donc il me sera malheureusement impossible nomdidjou ça m’énerve quand même ! de vous faire passer mon point de vue. Je réessaie une toute dernière fois(pour 2009) allez, paix aux hommes aux hommes de bonne...ah non, c’est un dicton de cureton(curé quoi !) mal vu par votre paroisse, oups pardon . Disons que ne pas faire la guerre déjà me plairait bien. Bon.

                  Donc , je me souviens aussi de ce post où je parodiais ( c’est tombé vraiment à plat, je m’en veux) la vox populi. Cher Picco, je suis issu du populi autant que vous, mon popa i’savait même pas lire et il a dû bien bosser pour finalement avoir un fiston qui tente de faire des livres. Alors merci de ne pas lire mes trucs à l’envers. Je me moque pas du peuple en tant que peuple mais du peuple quand on s’amuse à lui demander ce qu’il désire au niveau artistique. Vous êtes quand même bien d’accord avec moi ?! Chacun son job. Le lecteur comme l’auditeur, le spectateur est un récepteur. Un récepteur intelligent certes mais qui n’a pas dans ses préoccupations premières l’évolution des moeurs artistiques ou les avancées de la pensée culturelle. Il sera souvent, le peuple, pardon d’insister , je sais que vous l’aimez ce peuple et moi aussi je vous jure, amené à lyncher et sera dans sa grande majorité frileux et timoré. La sauvagerie et l’idiotie ont dû être combattues ; je ne méprise personne, je vous en prie, je dis simplement que le peuple souvent est fatigué , harassé et peut-être pas complètement dispos et disposé pour se situer à la pointe. Souvent c’est vrai il surprend tout le monde, surtout les pessimistes. Le peuple peut faire la fête à un film difficile, aimer des choses vraiment nouvelles mais souvent quand même le peuple aime des choses basiques et rudimentaires.

                  Ah oui, au fait, je suis dans le peuple hein. Je ne suis ni à côté ni au-dessus. Et je côtoie plein d’autres représentants très différents de moi . Certains voient le mal partout et d’autres sont un peu abrutis par la vie qu’ils mènent.

                  je voudrais tant (c’est le point de départ de ce petit texte grandement inutile) qu’il soit facile de réconcilier toute le monde mais en fait non. Il y a des camps , des clans et des partis. On a beau vouloir tous la paix dans le monde, on n’arrête pas de s’égorger partout.

                  Donc vous avez pris la mouche( et ça m’a fichu le bourdon, humour !) car vous n’avez pas perçu la tristesse dans mon intervention. Faites-moi penser à envoyer chaque fois une notice et le mode d’emploi pour expliquer que oui c’était pour rire, ami intégriste . Parce que voyez-vous quand je cause dans ActuaBD( ça m’arrive) c’est quand même avec comme point de départ,un grand amour si, si( non pas impératrice, attention humour là !) , un grand amour disais-je de la bande dessinée( en général) et donc les réactions qui me font réagir seront toujours celles qui me rappellent qu’il faut être ouvert et bienveillant. Dès que je perçois un sentiment contraire, je peux pas m’empêcher de ressortir mon laïus( aïe encore un mot de cureton, désolé)

                  Je ne suis pas comme vous, sûr de mes options politiques. Vous en avez de la chance, je vous envie. Moi je me laisse porter ; il n’y a que dans mes goûts et mes dégoûts qu’avec l’âge je m’affirme. Le problème c’est qu’on change, on est versatile on passe à autre chose , la vie quoi.

                  Que de bêtises écrites et dites. Réactionnaire est bien un mot qui ne veut rien dire je vous le concède. Tout cela change avec les moeurs, l’opinion publique change avec le vent. Tout le monde sait ça. Il n’est pas loin le temps où l’on pensait que ni les Indiens ni les femmes n’avaient d’âme, que les noirs étaient de grands enfants et qu’il était normal de les utiliser comme esclaves.

                  Alors il y a des gens bons( humour) du type de Davodeau. Des gens aimants, qui se préoccupent de leur entourage , qui mettent en scène les gens, les braves gens, les pauvres gens. Et alors dans ces gens il s’en trouve qui y trouvent à redire avouez que c’est paradoxal. Et on insiste sur le côté sincère ou pas sincère des uns , et on accuse les autres de truquer, qu’il vaut mieux être dans la fiction , que l’on ment moins que l’on trafique plus que ci que ça. Et là encore, on retombe dans le schéma de suspicion, de grande méfiance qui est si consternant. Un des posteurs insiste et insiste encore en citant Wilde. C’est son cheval de bataille à ce posteur, qu’il vaut mieux ne rien dissimuler ,qu’il en apprend plus sur un auteur qui ne dit rien sur lui que de celui qui raconte ses journées de A à Z. Celui-ci toujours occultera des choses. Oui bon et donc ? Oui peut-être que Tolkien en dit plus sur Tolkien dans ses livres que les autobiographes compulsifs. Oui bon et alors ? C’est très bien. On n’a jamais dit qu’un genre était synonyme de sincérité absolue et l’autre de mensonge éhonté. Quelle drôle d’obsession ! Tout ça dépendra des auteurs et on s’en fout en définitive de savoir ce qui est vrai et ce qui est faux. Et l’écriture n’est pas un relation de ce qui s’est passé, elle échappe justement à tout contrôle. Des centaines de films partent de faits divers et n’en sont pas moins des oeuvres de fictions, des milliers de romans sont des biographies romancées, c’est un melting-pot, un mélange, un minestrone(il y a à boire et à manger).

                  Puis votre classement ( rappelons le point de départ de ce combat à ma droite le Schtroumpfissime peau bleue bonnet blanc à ma gauche Persépolis habits noirs et petites moustaches) il est bizarre . Quand Tardi relate la guerre des tranchées il n’y a pas vécu pourtant : chef-d’oeuvre. L’ascension du haut-mal de David B en grande partie autobiographique (mais pas que) c’est du vrai en tranches : c hef-d’oeuvre. Puis Sybilline de Macherot : chef-d’oeuvre, les frustrés à des millions de kilomètres : chef-d’oeuvre. Il y a là-dedans des menteurs et des gens bien ?! Non, il y a des auteurs de toutes espèces, de toutes sensibilités, qui de toute façon ne savent rien faire d’autre que ce qui leur est instinctif.

                  Vus avez envie d’être psychanalyste ? Vous semblez aimer décrypter ? Vous voulez être décodeur ? Arrêtez donc de décoder voyons. Les gens se parlent, ils dialoguent. Et forcément quand on parle on s’expose. Vous semblez ne pas aimer les naturalistes. OK. Très bien, aimez les autres. On vous oblige pas non plus. Ah oui, ça vous énerve de penser qu’on couvre de prix certains et pas d’autres. Oah !Bon, tout ça c’est des médailles en chocolat. Vous êtes le premier à les dénoncer mais ça vous chipote quand même. Oubliez.

                  Le cinéma, la musique , le roman parlent de leurs auteurs parce qu’ils racontent le monde . Un architecte aussi parle de lui, un cuisinier parle de lui, un peintre abstrait même s’il ne représente pas le monde ne fait que parler de lui. Quelle découverte. les artistes en fait eh ben ils parlent d’eux mais ouiii bien sûr. Et donc ceux qui inventent les fictions sont les plus sincères car ils mettent une distance et puis ceux qui n’en mettent pas sont des truqueurs mais bien sûr.
                  Et tant pis pour les milliers d’autres qui ne sont ni vraiment dans un genre ni dans l’autre. Blutch justement. C’est de la fiction ? De la réalité ? Ah bon ?! j’avais pas remarqué. Influences. Il a toutes les influences du monde, on verra dans son dessin du Honoré Daumier comme du Goossens et après ? Toujours aussi cette manie de découvrir l’influence et de déblatérer encore une fois pour dénoncer. "Cet auteur il a tout piqué à..." Le grand truqueur encore, le complot quoi.

                  Mais non les amis, c’est pas ça. C’est beaucoup plus simple que ça. Et plus beau. Les artistes ils choisissent pas grand-chose. Ils ont envie.
                  Juste envie.

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                  • Répondu par serpicco le 31 décembre 2009 à  15:46 :

                    "je ne suis pas comme vous, sûr de mes options politiques."

                    bigre...vous lisez aussi dans mes pensées !
                    Seriez vous médium ?

                    "Merci pour votre lecture complètement à côté de la plaque"

                    parce que j ai manqué de discernement ou parce que vous avez formulé vos pensées avec tellement de mauvais goût que je n’y ai rien entendu de sincère et de triste ?
                    allez je vais dire surement un peu des deux.
                    parce que si j’insiste trop je vais passer pour "l’intégriste"

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                  • Répondu le 31 décembre 2009 à  17:49 :

                    Sergio,

                    pour 2010, pourrais-tu nous rédiger un résumé basique et rudimentaire de ton commentaire ?
                    Qu’on soit issu d’un milieu populaire ou pas, c’est plus simple à lire.

                    Meilleurs Vœux !

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                    • Répondu le 1er janvier 2010 à  10:52 :

                      Moi, je le fais, le résumé du reader digest demandé :

                      Les créateurs, qu’ils soient artistes ou artisans, n’ont que faire des débats stériles sur la Vérité et le Mensonge, qui sont des concrétions sédimentaires d’une morale à deux balles qui n’a pas lieu d’être.

                      Toute innovation étant dérangeante, "l’avant-garde", quelle qu’elle soit, dérange le "grand public" : les mignonnes peintures impressionnistes sur le calendrier des postes dans la cuisine de Mamie, il y a quelques décennies, étaient considérées comme œuvres de margoulins ou, au mieux, d’incompétents.
                      C’est un exemple par des milliers, c’est comme ça, il faut qu’on s’habitue à la nouveauté.

                      La seule chose qu’on peut s’éviter, c’est de dégainer le procès d’intention et de s’estimer dépositaire du Bon Goût et de l’Analyse Critique Véritable réunis.

                      C’est à peu près ça, Monsieur Salma ?

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                      • Répondu par Sergio Salma le 1er janvier 2010 à  12:10 :

                        Mais non, le petit débat ne porte pas du tout sur la modernité . C’est pas tout un rayon de nouveautés qui irritent les amateurs de classique contre les oeuvres anciennes qui ennuient les lecteurs" à la recherche d’avant-garde". Quand je "défends" Davodeau ce n’est pas en le considérant comme un expérimentateur mais juste comme un auteur original.

                        Il arrive avec sa vision, ses envies, sa sensibilité .Il ne balaie rien de tout ce qui a été fait et ne travaille pas en réaction contre les bandes dessinées de pure fiction( aventure, humour, fantasy etc...). Il raconte ce qu’il a envie de raconter.

                        Les réalistes et les humoristiques (pour faire simple) se sont toujours côtoyés dans les journaux de bandes dessinées et on semble aujourd’hui en 2010 opposer les genres avec l’envie de susciter des querelles( qui peut-être sont saines parfois, allez c’est vrai.). Quand dans Pif Gadget on avait d’un côté les pages de Hugo Pratt et de l’autre Dicentim et les enquêtes de Jean Richard(!) on n’avait pas l’impression que les uns étaient des truqueurs et les autres d’admirables conteurs. C’était un journal .

                        Le spectre s’est considérablement élargi . On a aujourd’hui en tant que lecteur un panel immense , un choix très grand et donc des genres qui parfois ne nous accrochent pas. Au lieu de pointer du doigt les maladresses ou les faiblesses de certains auteurs dans des genres bien définis(on a bien le droit d’exercer son regard critique) , certains amateurs opposent des artistes juste parce qu’ils ont des visions différentes.
                        C’est cette absurdité-là qui me fait réagir.

                        D’entendre parler de sincérité, de mensonge, de trucage à propos de travaux exécutés dans le souci de bien faire est juste un peu choquant.

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                        • Répondu par serpicco le 1er janvier 2010 à  15:27 :

                          "Quand dans Pif Gadget on avait d’un côté les pages de Hugo Pratt et de l’autre Dicentim et les enquêtes de Jean Richard(!) on n’avait pas l’impression que les uns étaient des truqueurs et les autres d’admirables conteurs. C’était un journal ."

                          En ce début 2010, voilà une réplique que fait chaud au coeur.
                          nous sommes d’accord.

                          Pourtant il me semble que l’idée dominante dans une certaine presse influente ,quoi qu’on en dise , c’est que la BD est "enfin devenue adulte" , avec l’idée implicite que les autres bd, ne sont que de sous produits sans interets.

                          Ce qui démontre une certaine bêtise. et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas la dénoncer.

                          serpicco, ou picco.

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                        • Répondu le 1er janvier 2010 à  21:34 :

                          Le seul problème dans votre analyse, Monsieur Salma, c’est que sans mouvements, sans oppositions, sans polémiques... c’est l’inertie. Et pour créer la surprise, il n’y a pas pire mort que le consensus.

                          LA diversité dont vous parlez n’est peut-être pas encore assez diversifiée ?

                          Donc, que quelqu’un dise ras-le-bol à l’éclairage systématique posé sur la Nouvelle BD qui fait la part belle au récit vite fait, autobiographique, BD reportage... !!! Et vive la fiction, vive l’ultra-fiction, vive l’illusion, le sophistiqué, l’artificiel, le mensonge qui s’assume, l’imaginaire roi ! 20 après l’avènement de la Nouvelle BD, c’est salvateur.
                          Aujourd’hui ce que la presse adule et ce que les festivals honorent, c’est plus nouveau, c’est absolument convenu. Regardez la liste des bouquins nominés à Angoulême, Il y a la place dans nominer 50 tellement tout va dans le même sens. Ce qui n’est plus convenu, c’est de remettre au goût du jour d’autres formes. Quelqu’un qui sortirait un "Schtroumpfissime nouvelle vague" aujourd’hui serait bien plus anticonformiste et avant-gardiste (terme militaire) qu’Etienne Davodeau et ses petits tranches de pain de seigle pur bio avec des vrais morceaux d’intimité qui sentent bons le vécu pour de vrai ou que toute la Nouvelle BD devenue plus arrogante qu’insolente. Elle ne provoque plus rien du tout, elle fatigue parce qu’elle s’est fatiguée.
                          S’il y a 20 ans mal dessiner et écrire dans l’urgence sur l’actualité, l’intime.. était une nécessité pour faire bouger les choses et proposer une alternative. Aujourd’hui, l’alternative, la provocation, la prise de position radicale serait de proposer le contraire. La fiction la plus construite possible me semblerait une voie intéressante à défendre. Tout le monde à un look d’auteur de BD cool avec sa petite barbiche. Très bien, je vais mettre une cravate et vouvoyer les gens rien que pour énerver !
                          Sur ce site et ailleurs, pas mal de lecteurs laissent des commentaires que beaucoup d’auteurs jugent réactionnaires et ringards. Mais jamais vous ne vous dites que la raison de tout ça est peut-être plus dû à une lassitude qu’à une simple nostalgie du "c’était mieux avant" ?
                          Vous parliez d’artistes qui ont envie. Mais, les lecteurs aussi ont envie. Et l’envie, c’est surtout un besoin d’exotisme et d’autre chose, non ? Si tu manges tous les jours le même gâteau au chocolat, t’as envie d’une pomme. Et si tous les jours tu manges une pomme, t’auras envie ou bien de gâteau au chocolat ou bien d’autres choses.

                          J’en ai ras le bol des histoires qui séduisent les journalistes parce qu’elles surfent sur l’actualité et que ça fait type sérieux qui s’intéresse aux problèmes du monde. Ça fait type responsable, adulte. J’en ai ras le bol des trucs à message bien moralisateurs. J’en ai ras le bol des dessins pourris bâclés en deux secondes et qui ne nourrissent plus mes yeux. C’est exalter l’amateurisme et l’opposer à l’excellence. Si l’amateurisme n’apporte rien de plus à l’excellence, alors, c’est une imposture. J’en ai ras le bol des diktats à la noix de Menu et Sfar qui disent à tout le monde comment il faut faire pour que ce soit bien et que des tas de moutons suivent pour faire bien dans les salons mondains. Et leurs diktats ne servent qu’eux. On verse dans le culte de la personnalité. hop, on se fout une casquette et une veste à carreaux et on raconte la banalité de son quotidien, on se transforme en personnage de BD pour être connu. Qu’est-ce que je m’en fiche qu’un personnage de BD puisse exister pour de vrai. Quelle banalité puisque tout le monde a compris le truc et fait pareil.

                          J’ai envie, comme vous, j’ai envie ! J’ai envie d’autre chose ! De quelque chose de sublime !

                          Voilà où se situe la prise de position que j’exposais plus haut. Elle n’est pas basique et rudimentaire. Elle ne méprise en rien le populaire. Elle n’est pas réactionnaire, ringarde ou ronchonne. Au contraire !... C’est plutôt une envie bien punk de foutre un coup de pied dans le derrière aux habitudes. Et cela ne veut pas dire que je ne l’ai pas aimée cette Nouvelle BD.

                          Je comprends que mes positions ambigües puisse secouer des auteurs comme Etienne Davodeau. Mais c’est bien. D’ailleurs, j’ai pensé à lui en écrivant mon premier commentaire sur cet article. Etienne est loin d’être un imbécile et il est loin d’être dénué de talent. Mais le secouer, le brosser dans le sens inverse du poil, c’est l’obliger aussi à se remettre en cause et à aller plus loin ou ailleurs.

                          Pour en revenir à Blutch (puisque l’article parlait de lui), il rejoint l’Académie comme ses copains... preuve que je ne me trompe guère dans mon analyse. Mais ce qui est bien, c’est qu’il fait un pied-de-nez plutôt inattendu en mettant l’accent sur l’origine de son pseudonyme, la BD pas Nouvelle du tout ! Parce qu’il n’est pas idiot et qu’il a envie, lui aussi, d’autre chose.

                          Quant à vous, Monsieur Salma, je ne manque jamais de lire vos commentaires et vos albums et c’est toujours avec un immense plaisir.

                          Bonne Année à tous et à bientôt pour d’autres commentaires pas politiquement corrects !

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                          • Répondu par Sergio Salma le 2 janvier 2010 à  11:25 :

                            Comme j’apprécie cet appétit ! Je comprends mieux en effet. Et pour vous prouver que je comprends mieux, je vais changer de place et de position : je ne suis plus un auteur, je suis comme vous un lecteur, un auditeur, un spectateur.
                            Et comme vous je suis avide et souvent en mal de sensation(s).
                            Quand je me balade dans les rayons des magasins ou sur le web à la recherche de fiction, de musique, d’images, de beauté, de neuf, de renversant, d’émoustillant, je suis obligé de me rendre compte que souvent la frustration est au bout malgré( et c’est moi qui insiste là-dessus d’ailleurs) l’offre monstrueuse.

                            Là, je me calme et je réfléchis. Pas la peine d’en vouloir aux auteurs, aux artistes et aux créateurs de tous bords et de toutes catégories c’est MOI qui suis en cause. J’ai envie , oui, mais comme un bébé consommateur. Je voudrais en réalité retrouver l’émotion primaire, primale. Celle qui transporte et je tombe dans le piège. Car je voudrais m’affirmer comme un adulte averti et sage pourtant avec cette attitude de" réaction" je ne suis qu’un enfant gâté.
                            Je veux, je voudrais, je suis en manque. Drogué peut-être par ce rapport affectif à la fiction , aux joies de toutes sortes et au bout du compte j’en ressors peu rassasié et cette carence m’énerve.

                            Alors je trouve d’un coup que tout est banal, rien ne ressort, tout est nivelé, le monde des arts est sclérosé et mon regard lui est le seul qui devrait être pris en considération. Que font-ils tous ces créateurs ?! Pourquoi ne provoquent-ils pas plus d’émotion chez moi ? Pourquoi sont-ils si mous ? Si neutres ? Alors que moi lecteur,je suis si prêt, si attentif, si demandeur ?!

                            Alors j’en ai ras-le-bol. Je rejette tout en bloc , ils l’auront bien cherché. je me rebelle. Contre les éditeurs, contre les journalistes, contre les festivals, contre les revues, contre un certain courant, le meanstream qui forcément n’a rien compris ou en tout cas qui se contente d’une caricature d’esprit. La bande dessinée depuis que je la suis devrait pourtant aller dans une autre direction , j’en suis sûr. Convaincu comme des milliers d’autres que tout le monde se trompe. Et les exemples sont là, criants. je peux reprendre un par un chaque cas pour prouver au monde des arts qu’il y a gourance.

                            Les grands auteurs d’autrefois nous ont indiqué la voie, bon sang ! De grandes personnalités aujourd’hui nous donnent l’exemple mais non, l’actualité nous prouve quotidiennement que rien n’y fait : les artistes se laissent aller, les artistes se trompent, se fourvoient et JE n’ai pas mon compte.

                            je voudrais tant, bordel ! qu’ils me chamboulent, me fassent chavirer mais non, ils me laissent pour la plupart froid. Et je suis outré que dans cette misère , on fasse la fête à certains de ces auteurs qui me laissent froid. ça m’énerve car pourtant si on m’écoutait, ça irait vite. Déjà on interdirait à certains de travailler sauf s’ils jurent de faire mieux. Puis pas mal d’éditeurs iraient se rhabiller car on sent chez eux ce manque d’ambition flagrant. Ils se contentent de trop peu, ils n’ont pas le feu sacré, ne veulent pas ME satisfaire, ils n’ont rien compris.

                            Stop. J’en connais des gens comme ça. Des gens qui ont décroché. A un moment, leur appétit a tellement été déçu qu’ils ont fini par refuser tout. Des gens qui ont été des passionnés (lecteurs, spectateurs, auditeurs, amateurs de tout...) et qui ont simplement...vieilli. Je ne vais pas vous faire l’affront de vous sentir vieillissant puisque vous me prouvez que justement vous avez fichtrement envie, vous bouillez d’envie, vous tressautez et c’est très sain mais cet appel désespéré est un chant du cygne. C’est votre envie justement qui est en danger parce que comme les romantiques, vous courez après l’absolu. Eh ben, en fait l’absolu, désolé ,il n’existe pas. Si, soyez pas déçu voyons, il fallait qu’on vous le dise, je sais c’est dur.

                            Votre appétit, votre demande punk et radicale , tout ça c’est bien joli mais il faut vous y faire, vous n’êtes qu’un parmi les autres, vos frères, vos semblables. Et vous n’êtes pas le centre , vous n’êtes en rien une personne plus digne qu’une autre d’avoir raison. Vous devez vous satisfaire de cet état de manque. Tous les quinquas se disent déçus par le cinéma pour prendre un autre exemple absolument inutile je vous le concède mais c’est pour dire.
                            Ils sont où les talents équivalant à untel ou machin de 1971 ?

                            Lisons bien l’interview de Blutch. Il dit une chose très intéressante considérant que les auteurs sont peut-être perdus. Perdus , égarés dans des envies bizarres, des contradictions, des chemins biscornus qui mélangent tout, le cinéma , le roman...

                            Si les auteurs comme Peyo ont accouché de leurs oeuvres c’est notamment à cause de leur "inculture" ( svp ne voyez pas dans ce mot mépris et condescendance). Nous avons aujourd’hui une très très grande majorité d’auteurs qui sont très cultivés, je veux dire par là, grands consommateurs de films, de livres, de photos, d’images de toutes sortes et de...bande dessinée.Ils ont surtout 50 ans d’histoire de la bande dessinée en plus comme bagage, Il est naturel alors que ces auteurs bourrés d’informations diverses n’aient pas le don naturel de digérer à 100% toutes ces influences et leur instinct les pousse à restituer le monde dans cette complexité.

                            La bd vérité, l’autobio, la bd de voyage sont des genres nouveaux en bande dessinée certes . Mais ce n’est pas un égarement, c’est juste une voie possible, une voie qu’il aurait été impossible de prendre il y a quelques générations. Il y a quantité de films qui ont en leur coeur des dizaines d’autres films( je viens de voir Eldorado de Bouli Lanners) Il est authentique et pourtant rempli de dizaines d’influences qui vont du cinéma à la photographie en passant par la peinture. Que faudrait-il alors faire ?

                            Que les auteurs deviennent tous amnésiques ?!

                            La folle envie du lecteur( du consommateur, pardon, mais on en est un ) est un signe de vitalité. Que cette demande ne soit pas satisfaite et l’on devient hargneux, c’est dommage. Il faut au contraire se réjouir de ce regard mais surtout ne pas se poser en détenteur d’une vérité et d’un pouvoir.
                            La vérité qui consiste en un tissu d’éléments qui au final conditionne notre goût, nos aspirations. Et surtout ne pas user de ce pouvoir illusoire, celui qui consiste à penser les auteurs( tous genres confondus) comme des producteurs de plaisir et d’émotions. Ils n’ont absolument pas ce rôle, ils ne sont pas là pour vous satisfaire, cher bébé gâté, ils sont, eux, chez eux, dans leur vie(ça semble idiot à dire , ça l’est). mais vous avez tendance ( nous avons tendance) à les considérer comme des pourvoyeurs, ils vous fournissent en musique, en images, en récit. Non, ils s’expriment dans leur coin et ces oeuvres vous parviennent..

                            Vous êtes un , parmi des millions d’autres. Ils sont eux, parmi des milliers d’autres. La rencontre se fait (ou pas) sur les étalages des librairies, dans les théâtres, les cinémas. Personne n’est au service de personne.

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                            • Répondu le 2 janvier 2010 à  15:49 :

                              Parce que les auteurs de BD d’aujourd’hui ont plus de cent d’Histoire de BD derrière eux et internationale qui plus est, c’est une chance et une force énorme pour pouvoir redonner un nouveau souffle à la fiction. L’objectif à fixer n’est pas de refaire comme avant, on ne revient jamais en arrière. L’objectif, c’est d’aller encore plus loin et toujours plus loin et pas toujours dasn la même direction.
                              Parce que même si nous savons tous que l’absolu n’existe pas, nous avons besoin d’y croire quand même. C’est profondément humain. Déjà, dans la Mythologie grecque, il est bien écrit que les Dieux existeront tant qu’il y aura des hommes pour y croire.
                              Alors voilà, les journalistes, les critiques, les donneurs de prix et les auteurs devraient mettre en jachère la Nouvelle BD, l’autobiographie et se re-pencher sur l’imaginaire, la fiction, l’aventure... Changer un peu d’éclairage pour donner du piment au spectacle. Laisser un peu de côté le sérieux de l’adolescence et de l’adulte et revaloriser l’enfance, le ludique et la fausse naïveté...
                              De la générosité bon sang ! Des dessins baroques, des dialogues ciselés, des scénarios déments, du tous publics, du populaire qui ne méprise personne avec des niveaux de lecture, de l’essentiel !
                              Moins de bouquins mais plus de livres travaillés jusqu’à la virgule, jusqu’au moindre détail, jusqu’à la moindre typo !!! Et pendant une décennie, en jachère l’amateurisme, la solution de facilité, la petite formule de cabot, le truc nombriliste bâclé en deux secondes et toutes ces pirouettes inutiles !

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                            • Répondu le 3 janvier 2010 à  08:27 :

                              En quoi "avoir envie" serait-il raisonnable et rationnel ? Ça ne l’est pas. Pas plus rationnel que de vouloir tendre vers un absolu... et c’est bien pour ça que c’est moteur.

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                          • Répondu par Oncle Francois le 2 janvier 2010 à  11:43 :

                            Voila un message bien intéressant et je vous en remercie, car vous avez pris la peine d’expliquer et d’analyser pas mal d’impressions de plus en plus répandues chez les amateurs et lecteurs de BD. Je vous en félicite, et espère vous relire bientôt, je me sentirai peut être un peu moins seul en 2010 qu’en 2009 sur ce forum actuaBD.

                            Je note toutefois que pas mal de libraires ont déjà réduit leurs commandes de livres branchés nouvelle vague ; le rapport de Gilles Ratier démontre d’ailleurs que les petites structures indés ont réduit la voilure, car le lecteur privilégie désormais les valeurs sûres qui procurent un réel plaisir de lecture, et où l’amour du travail bien fait (et donc du lecteur) se lit presque à chaque page. Même constat pour les listes d’albums nominés à Angougou qui présentent un peu plus d’albums lisibles que d’habitude.

                            Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! Car ce n’est que par la mobilisation de tous les gens de bonne volonté (libraires de qualité qui s’intéressent à ce qu’ils vendent, auteurs scupuleux, éditeurs consciencieux, organisateurs réalistes de festivals BD) que la BD redeviendra du plaisir de lire !!

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                          • Répondu par Etienne Davodeau le 3 janvier 2010 à  09:54 :

                            Je comprends que mes positions ambigües puisse secouer des auteurs comme Etienne Davodeau. Mais c’est bien. D’ailleurs, j’ai pensé à lui en écrivant mon premier commentaire sur cet article. Etienne est loin d’être un imbécile et il est loin d’être dénué de talent. Mais le secouer, le brosser dans le sens inverse du poil, c’est l’obliger aussi à se remettre en cause et à aller plus loin ou ailleurs.

                            Cher anonyme, je reviens juste pour vous rassurer (ou vous décevoir) :
                            Ça fait bientôt 20 ans que je fais des livres de bande dessinée. 20 ans que je participe à des débats publics. 20 ans que je corresponds avec des lecteurs. Qui ne sont pas tous -loin de là- des admirateurs béats. Et j’aime bien ça.

                            Tout ça pour vous dire qu’il faudrait un peu plus que l’aigreur de vos petites saillies pour me "secouer".
                            Sachez également qu’on attend pas les rodomontades approximatives d’un censeur anonyme pour "se remettre en cause".
                            Faire des livres, c’est aussi ça : se remettre en cause en permanence.

                            Quant aux messages "vieille France" signés Oncle François, ils sont trop beaux pour être vrais. J’espère qu’il ne s’agit pas d’un personnage inventé par l’équipe d’ActuaBD pour animer le site. Ce serait trop triste.

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                            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 janvier 2010 à  11:01 :

                              Non, mon cher Étienne, François Pincemi est peut-être un pseudonyme, mais il n’émane pas de la rédaction d’ActuaBD. Il a même créé un blog car il était un peu énervé que certains de ses posts aient été censurés (ceux qui pourraient nous mener en tant qu’éditeur responsable devant les tribunaux, ceux hors sujet, les attaques Ad Nominem ou encore ceux qui nous semblent relever de la pure trollerie, par exemple). Nous le laissons cependant s’exprimer car il représente, il nous semble, une partie du lectorat de la BD. Pour le meilleur et pour le pire.

                              Répondre à ce message

                              • Répondu par Etienne Davodeau le 3 janvier 2010 à  11:04 :

                                Merci pour cette bonne nouvelle.

                                Répondre à ce message

                            • Répondu le 3 janvier 2010 à  15:46 :

                              "Tout ça pour vous dire qu’il faudrait un peu plus que l’aigreur de vos petites saillies pour me "secouer".

                              Ceci dit, vous réagissez quand même.
                              Tous les auteurs sont ainsi. Sur 10 critiques, si une seule est mauvaise, ils n’attachent d’importance qu’à celle-là.

                              Sachez également qu’on attend pas les rodomontades approximatives d’un censeur anonyme pour "se remettre en cause". Faire des livres, c’est aussi ça : se remettre en cause en permanence."

                              Faire des livres, ce n’est pas toujours se remettre en cause. Surtout en BD ou la stéréotypie et la répétition des codes sont inévitables. Je ne vous imagine pas faire autre chose que continuer de creusez le même sillon et de taper toujours sur les mêmes clous.

                              Répondre à ce message

  • Angoulême 2010 : Blutch, un président qui aime les classiques
    27 décembre 2009 17:41, par Oncle Francois

    Merci pour cet article passionnant qui donne une folle envie de feuilleter le dernier Chronic-Art, revue que je n’ai pas l’habitude de lire, car bien trop technique pour moi. Tout cela est quand même trés amusant : pour une fois, un Grand Prix reconnait tout ce qu’il doit aux Grands Maîtres du passé, dont certains (Lambil et Cauvin) ont été parfois quasi-ignorés par des organisateurs d’exposition, de festivals, de livres-hommages, etc. Soyons réalistes et avouons que quelques auteurs classiques ont connu la richesse et la célébrité de leur vivant (je pense à Peyo et Franquin, par exemple), même s’ils sont des exceptions à la rêgle. Car pour des auteurs comme Macherot, Will, Tillieux, Paape, Sirius, Weinberg, Attanasio, Funcken, Mittéi, Berck, Deliège, etc, la reconnaissance n’a pas encore été de mise. Globalement, j’ai l’impression qu’on leur reproche d’avoir travaillé toute leur vie pour la presse pour jeunes (Tintin ou Spirou), sur des séries de 44 pages en couleurs. Je ne vois pas où est le problème, on peut très bien faire des BD pour jeunes qui sont aussi agréables à lire par toutes sortes de public. Ce qui est sûr, c’est que messieurs Dupuis, Hergé, Leblanc et Greg etaient des éditeurs exigeants, donc avant de publier un petit jeune, il fallait qu’il ait prouvé sa motivation et sa compétence. Le passage dans un des grands studios ou ateliers de l’époque (Hergé, Greg, Franquin, Peyo, Jijé) permettait d’acquérir les bases du métier, c’etait une sorte de formation continue qui débouchait généralement par la création d’une série dont le jeune créateur etait le propriétaire.

    Je ne voudrais pas donner l’impression d’être un vieux gateux passéiste, mais il me semble que l’on doit à ce système l’émergence du Scarameustache de Gos, de Natacha de Walthéry, de Yoko Tsuno de Leloup, de Prince de Hermann, et de bien d’autres encore. Comme quoi l’expérience des anciens peut etre utile lorsqu’elle est transmise dans de bonnes conditions à de petits jeunes sérieux et motivés.

    Mais revenons à nos moutons : je disais donc qu’il est extrémement drôle de voir un auteur chéri de la presse bobo, branchée, intello-artistico-etc rendre un hommage mérité à mes auteurs favoris, en déplorant ce qu’est devenu la nouvelle BD indé depuis son succès dans les premiers numéros de Lapin. En effet, et c’est ce que je dis depuis des années, le succès des Sfar, Trondheim, Blutch, Larcenet et Blain a suscité bien des vocations d’imitateurs chez des auteurs moins doués. L’embêtant c’est qu’à publier de trop nombreux livres sans inspiration, trop vite écrits et mal dessinés, ils sont en train de susciter l’ennui du public.

    2009 est donc une année de transition, mais il est probable que 2010 sera bien plus sympathique encore !

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    • Répondu le 27 décembre 2009 à  18:32 :

      Reconnaitre Peyo, Franquin, Tilleux... ce n’est pas reconnaître leurs suiveurs ou imitateurs.
      La meilleure façon de respecter ses Maîtres n’est jamais de les copier.
      Ne confondez pas tout !
      Le problème à la fin des années 80 et au début des années 90, était qu’il n’y avait pas de place pour l’émergence d’une nouvelle génération. Tous les éditeurs ne voulaient que la répétition des bonnes recettes. Pas de place à l’innovation. Vous confondez "conservatisme" et "classicisme"...

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      • Répondu le 27 décembre 2009 à  21:45 :

        Franquin, Peyo, Morris, Roba, et d’autres se revendiquaient eux-même d’avoir été inspirés par Walt Disney et d’autres grands de la BD et du dessin animé US et ces influences se retrouvent très concrètement dans leurs dessins.
        Doit-on les taxer de "suiveurs" ?... Non, bien sûr, ce terme n’est pas approprié.

        Répondre à ce message

        • Répondu le 28 décembre 2009 à  08:56 :

          S’inspirer, ce n’est pas être suiveur. Être suiveur, c’est "faire comme" sans rien apporter de plus. Ce n’est ni le cas de Franquin, ni le cas de Peyo, ni le cas de Morris.

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          • Répondu le 28 décembre 2009 à  16:20 :

            Mais il n’est pas juste de de prétendre que Leloup, Lambil, Walthéry, Gos, Seron, De Gieter, Derib, ou d’autres auteurs de cette "troisième génération" de l’école de Marcinelle n’ont rien apporté. Certains se sont émancipés graphiquement de leur "Maître(s)", d’autres moins, mais ils ont tous créé une oeuvre originale et avec succès public !!!!! Et si certains de ces auteurs sont restés graphiquement très proches de leurs aînés c’est premièrement parce que Charles Dupuis leurs a demandé en son temps et deuxièmement parce qu’ils le revendiquent et l’assument !... C’est une parenté graphique dont ils sont fiers et à juste titre !...
            A contrario : personne ne reproche aux dessinateurs japonais de dessiner tous dans le même style graphique ; cette harmonie stylistique cohérente pour les lecteurs est une machine de guerre d’efficacité ! Il n’y a qu’en Europe francophone qu’on cultive un stupide sens de l’auto-flagellation et que certains pseudo-exégètes snobent certains auteurs et les courants dits "classiques" de la BD.
            Résultat : dans les "écoles" de dessin" et dans les rédactions de magazines belges vieillissants on incite les jeunes auteurs franco-belges à développer leurs "propres styles" et cela donne dans la majorité des cas des graphismes improbables et illisibles, qui de plus semblent tous coloriés avec les deux ou trois mêmes pots de diarrhées ! Beurk ! Et ne parlons même pas des scénarios qui à force d’être abscons en deviennent c... tout court !

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      • Répondu par Oncle Francois le 28 décembre 2009 à  17:16 :

        Veuillez m’excusez, mais je ne ne vois pas ce que je pourrai confondre !

        En clair, Blutch adore non seulement Peyo Franquin et Tillieux, mais aussi des dessinateurs classiques moins médiatiques et moins vendeurs comme Will Lambil Morris et sans doute beaucoup d’autres. Mais il trouve déplorable que certains jeunes auteurs modernes de BD se soient perdus entre le reportage, le témoignage, le document humain, le feuilleton télévisé, le cinéma au rabais, le roman français… ( cela me semble bien résumer la BD indé, d’art et d’essai, lorsqu’elle est médiocre et sans réelle inspiration. Il n’y a qu’à voir le nombre de dessinateurs qui ont un style graphique emprunté à celui de Blutch !!).

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        • Répondu le 28 décembre 2009 à  18:23 :

          Il n’y a qu’à voir le nombre de dessinateurs qui ont un style graphique emprunté à celui de Blutch !

          Qui lui même n’a pas inventé son style, mais a repris celui de Forest (en moins beau).

          Répondre à ce message

          • Répondu le 29 décembre 2009 à  19:03 :

            Je me disais la même chose. Content de voir que je ne suis pas le seul à le constater !

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            • Répondu par Michel Dartay le 29 décembre 2009 à  23:29 :

              Je ne vois pas où est le problème. Blutch n’a jamais prétendu avoir inventé son style à partir de zéro, il reste au contraire très humble et modeste dans cette interview. Il a sans doute repris de Forest une partie de sa technique d’encrage, mais son dessin est aussi inspiré de celui de certains graphistes des années vingt et trente, de tendance expressionniste. Et ses textes sont généralement moins poétiques que ceux de Forest, mais un peu plus drôles et méchants. Je trouve son travail magnifique et courageux (car il ne court pas après le succès commercial facile !!), mais j’apprécie qu’il torde le cou au mythe du nouvel auteur génial qui redémarre la BD à partir de zéro, estimant qu’il faut faire table rase du passé.

              Le modernisme ne pourra s’ériger que sur les fondations solides du classique et du traditionnel. A défaut, il est condamné à disparaitre au moindre coup de vent, au moindre changement de goût du public ou de tendance marketing supposée des grands éditeurs.

              Répondre à ce message

              • Répondu par LC le 30 décembre 2009 à  01:51 :

                Je n’ai jamais dit le contraire, c’était pour répondre à Pincemi qui s’offusquait du nombre de dessinateurs qui ont un style graphique emprunté à celui de Blutch !

                Le style n’est qu’un costume d’occasion que chacun retaille à ses mensurations, ce n’est que lorsqu’il est mal retaillé que ça pose problème.

                Quand au style à la mode qui disparait au moindre coup de vent, le meilleur exemple est le style psyché des années 70, de Tito Topin, Lesueur ou les naufragés de l’escalator.

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              • Répondu le 30 décembre 2009 à  20:05 :

                "mais son dessin est aussi inspiré de celui de certains graphistes des années vingt et trente, de tendance expressionniste."

                Vous pourriez être plus précis ? Parce qu’immédiatement, je ne vois pas.
                Par contre, je vois plus des références évidentes du côté de Poïvet et de ses maîtres affichistes de la fin 19ème siècle début 20ème comme Jules Chéret. Du côté américain, je le vois plus influencé par des illustrateurs comme Charles Dan Gibson...
                Des gens qui influencèrent aussi Forest ou Gigi...

                Mais bon, tout ça est toujours très subjectif et Blutch serait mieux placé que n’importe qui pour ne parler de ses influences réelles.

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                • Répondu par Gerald Auclin le 6 mars 2010 à  10:05 :

                  Allez donc jeter un oeil sur le journal allemand Simplississimus. C’est assez évident.

                  Répondre à ce message

  • Blutch, un président modeste et cultivé qui aime les classiques
    28 décembre 2009 18:49, par Oncle Francois

    Je viens de lire attentivement cette interview, et je dois dire que je n’en reviens pas ! Car effectivement, on découvre un auteur exigeant qui se pose des questions sur son propre art, mais qui est en revanche très affirmatif quant à ses gouts personnels et sa vision de la BD. J’ai adoré le passage où il reconnait que normalement Tabary, F’Murr ou Tibet auraient du avoir le grand prix avant lui, voila une belle clairvoyance qu’il convient de récompenser. Et quand Menu avoue l’influence considérable que son style a eu sur des cohortes de jeunes dessinateurs indés sans inspiration ! Moi-même, j’aurai du mal à avouer aimer lire des Bibi Fricotin de Pierre Lacroix ! Je frissonne également de plaisir quand Blutch déplore le manque de culture et de mémoire des jeunes auteurs !!

    De façon étonnante, Blutch et moi partageons beaucoup de points communs quant à notre vision de la BD. Lui-même estime que l’on n’a pas assez rendu hommage aux grands auteurs qui ont bossé dur 30, 40 ou 50 ans. J’applaudis des deux mains et conseille la lecture de cette interview fort instructive et révélatrice !

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