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Angoulême 2011 : Benoit Mouchart (Directeur artistique) : « De toute crise, il ressort des bonnes choses »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 novembre 2010                      Lien  
Le programme de la 38e édition du Festival d’Angoulême à peine frais émoulu, nous faisons le point avec son directeur artistique, Benoît Mouchart et notamment sur la sempiternelle question des Prix.

Comment le Festival a-t-il évolué depuis l’année dernière où il avait connu quelques soubresauts ?

Je pense qu’il évolue dans la sérénité car une nouvelle convention triennale va être signée avec tous nos partenaires institutionnels qui permet de travailler sur des projets à long terme et de planifier une programmation sur deux à trois ans. Je pense aussi qu’il y a un apaisement du côté des professionnels, aussi bien du côté du Syndicat National de l’Edition que du côté des indépendants parce que l’on s’efforce d’être le plus fédérateur possible et de montrer que l’on est ouvert à toutes sortes de bande dessinée.

Vous avez réussi à vous entendre sur des projets communs ? Qu’est-ce qui fait que la crise s’est apaisée ?

Bien sûr, cela fait partie de l’histoire ancienne. On l’a déjà vu lors de la précédente édition : il n’y a pas de tension, ni avec Philippe Lavaud, le maire d’Angoulême, ni avec Gérard Desaphy, son adjoint à la culture, ni avec le président du conseil général de la Charente Michel Boutant, ni avec présidente du conseil régional de Poitou-Charentes Ségolène Royal.

Cette crise aurait-elle eu finalement un effet positif ?

De toute crise, il ressort des bonnes choses, comme dans une crise d’adolescence !

Comment s’est passée la préparation avec Baru ?

Je l’ai d’abord laissé tranquille plusieurs mois car il était dans l’achèvement de son album qui vient de paraître en septembre, Fais péter les basses, Bruno. On s’est vu beaucoup à partir du mois de juin sur un projet d’exposition qui aurait pu être une reprise de celle de Charleroi en Belgique, mais Baru a désiré d’aller plus loin. Ce sera une exposition très politique et en même temps très ouverte. Il a retenu qu’une exposition présidentielle, comme l’avait fait Lauzier avec Barbier avant lui, pouvait être l’occasion de jeter un coup de projecteur sur d’autres créateurs. Il l’a fait avec Igort, Larcenet, Davodeau, Lax et Chauzy. Et puis il y a cette exposition Rock qui sera prolongé par un ouvrage en librairie. Cela faisait longtemps que le Festival n’avait pas produit un livre. Et puis le spectacle avec Heavy Trash qui sera la première production musicale de dimension internationale à Angoulême.

Au niveau des expos, quelle direction avez-vous prise ?

Outre celle de Baru, il y a l’exposition de Lanfeust…

C’est un hochet donné à Soleil ?

Non, je ne le vois pas comme cela. C’est plutôt la reconnaissance d’une fidélité et d’un vrai succès populaire. Arleston vient tous les ans, Soleil a un des stands les plus attractifs du festival. Il n’y a aucune raison de ne pas travailler avec eux. Les autres expos s’inscrivent sur le long terme. L’exposition sur Honk Kong, cela fait trois ans que l’on travaille dessus. Elle fait une présentation à la fois d’une bande dessinée contemporaine qui est très singulière mais aussi en partie historique. La bande dessinée de Hong Kong existe depuis le début du 20e Siècle. Pour celle sur la bande dessinée belge, Génération spontanée, qui est très vaste, nous avons trouvé l’angle : la bande dessinée alternative belge francophone.

Angoulême 2011 : Benoit Mouchart (Directeur artistique) : « De toute crise, il ressort des bonnes choses »
"The Peanuts" seront à l’honneur dans une grande exposition
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Quid des spectacles ?

Je veux des vraies rencontres entre les auteurs de BD et les artistes. Ce ne sont pas des fabrications, j’y tiens beaucoup : quand on fait Thomas Fersen et Joann Sfar, Brigitte Fontaine et Blutch,… c’est parce que c’est eux qui l’ont demandé. C’est Yolande Moreau qui voulait Rabaté. On a des projets avec des comédiens, comme Denis Lavant. Avec Clément Oubrerie, on a eu plusieurs pistes puis on s’est mis d’accord avec Fatoumata Diawara. Jusqu’ici, on avait de la chanson française, cette année-ci, on n’en a plus. C’est tant mieux, je ne voulais pas que l’on devienne le festival de la chanson dessinée. C’est pour cela que l’on a fait des spectacles avec des acteurs, comme Michael Lonsdale et Matthieu Amalric lisant du Goscinny, du Riad Sattouf ou du Lauzier.

Clément Oubrerie ("Aya de Youpougon") dessinera de concert avec la chanteuse Fatoumata Diawara
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Philippe Geluck transporte son One Man how bruxellois sur les bords de la Charente
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Dans les Rencontres internationales, qu’est-ce qui change cette année ?

On s’est rendus compte que des grands noms de la bande dessinée francophone n’avaient pas été interviewés comme Jean Van Hamme, Moebius, Druillet. On a fait venir aussi des noms de la nouvelle scène américaine encore peu connus chez nous. Il y aura beaucoup de conférences qui seront coordonnées sur des questions plutôt historiques. Il faut que la parole à Angoulême ne soit pas seulement celle des auteurs.

Les mangas quittent l’espace Franquin.

Oui, ils réintègrent les chapiteaux avec un espace Mangasie dans Le Monde des Bulles place du Champ de Mars. C’est à la fois une demande des éditeurs et aussi, de notre part, une volonté de changer. On y mettra à la place l’exposition des auteurs belges et les rencontres en direct d’émissions de radio comme Le Fou du roi.

Vous faites venir l’auteure de La Rose de Versailles, Riyoko Ikeda.

Oui, c’est un partenariat avec l’ambassade du Japon, la Maison de la Culture du Japon à Paris et le château de Versailles. Je suis très impatient de l’entendre chanter à Versailles. Elle va y chanter des chansons écrites et composées par la reine Marie-Antoinette.

Les mangas quittent l’espace Franquin pour rejoindre le Champ de Mars
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
La bande dessinée de Honk Kong à l’honneur lors de la prochaine édition du Festival
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

La jeunesse n’est pas oubliée.

Oui, il y a le pôle jeunesse, l’exposition Planches & Hiéroglyphes avec le Musée des Beaux-arts d’Angoulême qui nous ont prêté des objets. Il y a également des animations qui sont faites dans les écoles. Depuis septembre, les enfants travaillent sur des auteurs qu’ils rencontreront en janvier.

Venons-en aux prix. On garde cette nomenclature à laquelle personne ne comprend rien ?

Ce n’est pas mon avis et je vous laisse cette opinion. Nous avons consulté des libraires. Apparemment, pour eux, c’est clair. Actuellement, le seul prix qui ait un impact sur les ventes, c’est le Fauve d’Or. On n’a pas encore trouvé la solution.

C’est donc bien la preuve que ce n’est pas clair.

Ce ne l’était pas davantage avant. Les Prix du dessin ou du scénario n’étaient pas attractifs non plus.

En librairie, il y a des catégorisations. Il y a un rayon pour la bande dessinée alternative, jeunesse, humour… Cela ne nous semble pas aberrant que l’on nous désigne le meilleur de chaque catégorie une fois l’an.

C’est une réforme que nous n’avons pas menée seuls. On a consulté les éditeurs et les libraires, ces catégories ont été validées. Il faut peut-être accompagner ces prix par des tirages et des promotions adaptés.

Les Prix sont toujours un sujet de polémique récurrent pour le Festival
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

En ce qui concerne le Prix du public FNAC / SNCF, faire un prix dit « du public » sur un échantillon de quelques milliers d’internautes, c’est dérisoire.

C’est pourquoi nous avons mis en place un jury choisi parmi ces internautes. L’année dernière, le jury en question a préféré Paul au Québec aux autres titres de la sélection. C’est leur choix. Je ne crois pas que ce livre ne soit pas lisible par le plus grand nombre. Bernard Lahire parle de la culture des individus. On peut très bien aimer un film de Spielberg et un autre de Woody Allen, Ingmar Bergman ou Fritz Lang.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Festival International d’Angoulême

Du 27 au 30 janvier 2011

Le site du Festival

Lire aussi : Angoulême 2011 : Demandez le programme

 
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4 Messages :
  • il est curieux que la bande dessinée doive encore passer par un festival pour "décerner" ses prix annuels... avec toute la partialité que cela propose, ne serait-ce que dans la sélection. un festival compose une programmation, un choix artistique et ne peut être l’étendard d’un art. il manque à la bande dessinée ses "césar", "molière" et autres "victoire"... cannes, avignon ne récompensent pas les meilleurs de leur art.

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    • Répondu le 24 novembre 2010 à  10:29 :

      cannes [...] récompensent pas les meilleurs de leur art.

      Pardon ?

      Répondre à ce message

    • Répondu par Sergio Salma le 24 novembre 2010 à  11:08 :

      Quel drôle de message. On ne vous comprend pas Pol. Vous dites d’abord que la bande dessinée n’a pas besoin d’un festival et vous terminez sur les Molières et Cannes. C’est étrange. A Cannes aussi il y a une pré-sélection . Toutes les pièces jouées en France ne sont pas en compétition pour les Molières et c’est donc la loi du genre. Puis surtout , relativisons. Ce sont des gens qui s’occupent d’un événement autour de la bande dessinée mais la compétition officielle n’est pas le seul argument. Il s’agit d’une manifestation multiple, expos, débats , mises en avant des nouveautés par les nombreux éditeurs présents, petits ou gros, signatures des auteurs , rencontres+le cnbdi etc... vous ne retenez d’Angoulême que la compétition (émoustillante et frustrante comme toutes les compétitions)...
      Cannes c’est une vitrine pour les films, un coup ça met en avant un film un peu obscur mais qui a plu au jury (et en définitive à la majorité de ce jury donc pas forcément à tous) une autre fois ça salue la performance indiscutable d’un film. Idem pour les prix littéraires. C’est un peu arbitraire et forcément cruel. La vie est cruelle.

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      • Répondu par Oncle Francois le 25 novembre 2010 à  13:22 :

        Je pense que Monsieur Pol veut dire qu’il préfere les prix décernés par des organisations indépendantes de fesse-t-y-Val. Avignon et Cannes ont des festivals, pas les Molières, Victoire de la musique ou tout autre prix littéraire (Goncourt, Renaudot, Inter-allié, Femina)

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