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Angoulême 2011 : Thierry Groensteen (commissaire d’exposition) : « La parodie est aussi ancienne que la bande dessinée. »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 janvier 2011                      Lien  
Moment-phare du prochain festival d’Angoulême, l’exposition « Parodies : la bande dessinée au second degré » offre un ébouriffant parcours de quelques 230 planches et documents ponctués d’éclats de rire. Rencontre avec son concepteur.
Angoulême 2011 : Thierry Groensteen (commissaire d'exposition) : « La parodie est aussi ancienne que la bande dessinée. »
Le sujet de la parodie a fait l’objet d’une étude (qui n’est pas le catalogue de l’exposition)
chez Skira/Flammarion, en coédition avec Le Musée de la bande dessinée

Depuis quand la parodie existe-t-elle dans la BD ? Est-elle un sous-genre de la satire ?

La parodie est aussi ancienne que la bande dessinée. Au XIXe siècle, Töpffer déjà parodiait des genres littéraires comme le roman pastoral ou le récit picaresque. Ses successeurs immédiats, Cham et Gustave Doré, ont tous deux signé au moins un album parodique. On peut en effet définir la parodie comme une catégorie de la satire ; c’est l’esprit satirique appliqué aux « œuvres de l’esprit », aux productions de l’art, plutôt qu’aux mœurs en général.

Des personnages sont plus parodiés que d’autres ?

Le nombre de parodies qui visent un personnage est d’abord un très bon indicateur de sa notoriété. Plus on est connu, populaire, plus on est parodié. Une parodie n’est vraiment drôle que si son modèle est identifié, il faut donc que ce soit une œuvre que chacun pourra reconnaître. Au-delà, certains personnages sont parodiés de façon plus malveillante parce qu’ils incarnent (ou du moins sont perçus comme incarnant) des valeurs ou des comportements que l’on veut stigmatiser, comme le racisme, la misogynie, ou tout simplement une forme de bienséance jugée niaise et désuète.

Thierry Groensteen devant "Le Jocond" de Philippe Geluck. À gauche, Mondrian et le Vinci "donalduckisés" par Carl Barks.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Mad a semble-t-il joué un rôle central dans l’évolution de la BD aux États-Unis.

Mad a en quelque sorte institutionnalisé la parodie comme genre, en montrant qu’on pouvait tout parodier, en particulier dans une société livrée à la culture de masse. Mad a aussi contribué à constituer une sorte de « canon » de la BD américaine, un répertoire de personnages qui se sont imposés comme des classiques de référence, à proportion du nombre de parodies qui les visaient : par exemple Little Orphan Annie, Flash Gordon, Dick Tracy, Tarzan ou Peanuts.

Le magazine américain "Mad" a quasi institutionnalisé la parodie. À droite la parodie d’une couverture de Life Magazine par Basil Wolverton.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Quels sont les grands de la parodie francophone ?

Dans l’espace francophone, c’est Gotlib qui est le principal héritier d’Harvey Kurtzman, le fondateur de Mad. La parodie est omniprésente dans son œuvre, visant notamment les contes de fée, le cinéma et les classiques littéraires. Son goût pour le détail comique additionnel (la coccinelle), les références culturelles croisées, la surenchère dans le délire viennent en droite ligne de Mad. À son tour il a influencé déjà près de deux générations d’humoristes, pour la plupart passés par Fluide glacial.

La Joconde parodiée par InterDuck
(c) Interduck.

Comment le public va-t-il s’y retrouver dans un champ si large ?

L’exposition est organisée principalement par domaines parodiés : le cinéma, la télévision, la peinture, la littérature… avec un accent fort mis sur la bande dessinée qui se parodie elle-même. Des types de parodies particuliers, comme la parodie érotique ou le remplacement des textes (pratiqué par les Situationnistes naguère et par les membres de l’Oubapo plus récemment) sont examinés à part, et chacune de ces sections est introduite par un panneau qui donne les repères essentiels. Le visiteur n’a qu’à se laisser guider, je pense qu’il ressort de l’exposition en ayant une assez bonne vue d’ensemble du phénomène.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

"Les Peanuts" mixés avec "La Métamorphose" de Kafka par Robert Sikoryak
(c) Robert Sikoryak

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Au Musée de la BD d’Angoulême

Du 5 janvier au 21 avril 2011.

Le Musée est ouvert pendant toute la durée du Festival.

Lire notre Dossier Angoulême 2011

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Lire notre chronique sur cette exposition.

 
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