Taïwan, l’ancienne île de Formose, au sud-est de la Chine continentale, constitue une autre terre d’expression pour la bande dessinée chinoise, le manhua.
La bande dessinée de l’autre Chine, insulaire
Après une longue occupation coloniale japonaise, à partir de 1895, celle-ci n’a pu vraiment s’épanouir sous la férule du Parti nationaliste chinois du Kuomintang de Tchang Kaï-chek, installé là après la victoire des communistes, en 1949. Toutefois, la fin d’une longue période de loi martiale restrictive, en 1987, a permis des progrès de la production locale. Mais, de nos jours, outre la concurrence de la gratuité d’Internet ou du piratage, elle se révèle encore largement dominée par les mangas, venus du Japon. Sa culture populaire, le Cool Japan, tend de plus en plus à imprégner cette autre Chine, insulaire.
Outre des interventions de promotion ou d’information, les dessinateurs Li Lung-chieh et Chen Hung-yao, de Taiwan Comix, dédicaçaient sur un stand de l’espace MangAsie. Ce mouvement réunit des auteurs confirmés ou de plus jeunes talents, des années 1980 à aujourd’hui, dans le but de mettre en avant la diversité de la création dans l’île.
Un retour de Taïwan l’année prochaine, pour une participation concernant la prochaine édition du festival de l’ordre de celle de l’ambassade importante envoyée par Hong Kong en 2011, serait d’ores et déjà en discussion.
Les Éditions Fei provoquent derechef l’engouement à Angoulême
Nul besoin de revenir ici sur le parcours sortant des sentiers battus de Xu Ge-fei, fondatrice des Éditions Fei, déjà objet d’un roman autobiographique (en collaboration avec Patrick Marty, Petite Fleur de Mandchourie, XO éditions, 2010).
Les dédicaces sur le stand de la maison d’édition franco-chinoise se sont poursuivies sur la lancée du festival 2010. Où 620 exemplaires auraient été vendus en quatre jours du premier tome du fort réussi « polar chinois » Juge Bao, de Patrick Marty et Chongrui Nie. Alors qu’en 2011 une belle exposition mettait en valeur, sur les murs de l’Office du Tourisme du Pays d’Angoulême, le travail de l’artiste chinois, alliant palette graphique et techniques traditionnelles, dont la carte à gratter.
Une nouvelle série, La Balade de Yaya, fédèrera un jeune public, voire des lecteurs plus âgés, autour des péripéties connues par deux enfants d’appartenances sociales divergentes, dans les rues de Shanghai, envahies en 1937 par les Japonais. Selon le principe de base de l’éditeur, qui favorise la coopération entre artistes d’expression française et chinois, cette sorte de mélange tout aussi convaincant entre Empire du Soleil de J. G. Ballard, Charles Dickens et un graphisme influencé par Hayao Miyazaki, est dessiné par Golo Zhao. Son scénariste, Jean-Marie Omont, signait quant à lui à bord d’un antique bus affrété pour l’occasion.
Les publications à venir, annoncées lors du festival, continueront à s’appuyer sur des thématiques chinoises. Au programme de 2011 : une émule de l’Elektra de Frank Miller dans le Shanghai des années 1930, le douloureux épisode historique du massacre de Nankin (1937) ou une reine des pirates façon Madame Ching. Rappelons que cette meneuse d’un « consortium » de ces écumeurs des fleuves et des mers, hérité de son mari au début du XIXe siècle, inspira en partie Milton Caniff pour sa Dragon Lady, ainsi que son disciple Hugo Pratt pour un personnage d’un épisode de Corto Maltese demeuré inédit. À suivre, donc !
En supplément, signalons aux amateurs parisiens de bande dessinée chinoise un « prolongement » au coup de projecteur, diversifié mais très significatif, que vient de lui consacrer le Festival d’Angoulême 2011 : une exposition de Benjamin, pilier des Éditions Xiao Pan, se tiendra à la galerie Arludik, de l’île Saint-Louis, du 8 février au 9 mars 2011.
(par Florian Rubis)
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En médaillon : le dessinateur Chen Hung-yao en train de dédicacer sur le stand taïwanais de l’espace MangAsie.
© 2011, Florian Rubis.
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La Balade de Yaya T1 : « La Fugue » - Par Jean-Marie Omont & Golo Zhao – Les Éditions Fei – 96 pages, 8,50 euros