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Angoulême 2012 : "Europe populaire contre l’Europe populiste"

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 janvier 2012                      Lien  
C'est une jolie idée que celle de traduire, dans l'exposition "L'Europe se dessine", le point de vue de 50 auteurs de BD européens sur le Vieux continent. C'était un des points d'attraction de la journée d'hier à Angoulême alors que, dans le même temps, se réunissait, à l'initiative du FIBD, la plupart des Festivals de BD européens. Dommage que rien de concret n'en soit ressorti.

Hier a été inaugurée l’exposition du festival intitulée L’Europe se dessine. 50 auteurs de bande dessinée issus de la communauté européenne ont rendu hommage à leur maison commune. Les organisateurs avaient demandé à Charles Berberian de créer un personnage, Iris (voir en médaillon), qui serve de fil rouge à des histoires dessinées dans un esprit et dans des styles très différents, évidemment rarement critiques par rapport au sujet. "Cela ne me dérange pas, nous dit Charles Berberian. À un moment où l’Europe est tellement critiquée, il est bon d’avoir sur elle un discours positif."

Angoulême 2012 : "Europe populaire contre l'Europe populiste"
Charles Berberian est le concepteur de Iris, l’héroïne qui sert de fil rouge à l’exposition.

Beaux dessins...

La plupart des interventions, parmi lesquelles les amateurs reconnaîtront les signatures de Milo Manara, Ruben Pellejero, Ville Ranta, Johan De Moor, Hervé Baru, Joost Swarte, Sergio Salma, Ulli Lust, Anouk Ricard, Pénélope Bagieu, Florence Cestac ou Miguelanxo Prado..., sont charmantes même si, souvent, elles ont été conçues avec une conviction de travail de commande.

Les deux ministres présents hier, Jean Leonetti, ministre chargé des Affaires européennes qui a donné ensuite une allocution à la Chambre de Commerce et d’Industrie sur "La citoyenneté européenne", et Laurent Wauquier, passionné de BD comme on sait, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se sont attardés sur les planches en compagnie de la commissaire de l’exposition Anne-Céline Delvert. L’un et l’autre étaient convaincus que la bande dessinée était le vecteur idéal pour donner une image positive de l’Europe aux citoyens "pour une Europe populaire contre une Europe populiste" résumait Jean Leonetti.

Inauguration hier : face à Charles Berberian, le ministre des Affaires européennes, Jean Léonetti, à sa droite, Laurent Wauquier, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et le sénateur Michel Boutant, président du Conseil général de la Charente et président de la Cité de la bande dessinée

...et maladroits desseins.

Dans le même temps, la plupart des grands festivals de BD d’Europe se réunissait à l’initiative du FIBD mais, de ce côté, les réactions étaient plutôt furax. Créée il y a deux ans à l’initiative du ministre Laurent Wauquier, alors au même poste que M. Leonetti aujourd’hui, cette rencontre devait tenter de mettre en place une synergie entre les différents festivals de BD européens : Erlangen en Allemagne, Amadora au Portugal, Turnhout en Flandre, Lausanne en Suisse, Naples en Italie...

De ce côté, le désenchantement était de mise. "Cela fait deux fois que l’on se réunit et cela débouche sur rien" nous dit-on, chacun ayant l’impression que le seul but de la dernière réunion était précisément de fourguer cette expo européenne dans les festivals respectifs. "Nous n’avons pas été associés à sa conception, Benoit Mouchart a choisi lui-même les auteurs dans son coin", fulmine l’un de nos interlocuteurs qui a appris l’existence de cette expo il y a dix jours. "Résultat, rien n’est vraiment représentatif de nos pays " dit-il, "alors que nous sommes quand même tous de bons connaisseurs des bandes dessinées de nos créations respectives."

La qualité de l’exposition est également critiquée : "Cela aurait été bien de voir des originaux. C’est un peu comme une de ces expositions que l’on installe dans les halls de chambre de commerce" nous dit-on sans détour. "Nous sommes condamnés au scepticisme" conclut l’une des représentants de ces grands festivals européens. Dommage.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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2 Messages :
  • N’ayant pas vu l’expo, je pose la question, est ce que la question du traité de lisbonne ratifié en france, qui reprend pourtant la substance du traité constitutionnel en 2005 , qui lui, avait été massivement rejeté par référendum malgré la propagande de la mass média pour le oui, constituant à l’évidence un déni de démocratie, est ce que tout cela a été abordé ? Voilà un sujet sensible que j aimerai voir traité dans ce genre d’expo, avec la prise de risque que cela impliquerait...
    Les propagandistes du oui de l’époque et les intellectuels qui refusent de parler de ce déni de démocratie , sont, à l’évidence des acteurs parmi d’autres de la montée des populistes en europe, méprisant le vote , lui, légitime, démocratique et bien populaire...

    Bref, des prises de risques et du panache ? ou pas...

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    • Répondu par jimi le 28 janvier 2012 à  09:09 :

      Déja dans le propos de M. Pasamonik il est expliqué clairement que l’expo a suscité une certaine polémique à propos de sa conception et de l’objectif qu’elle avait à la base...donc votre question encore moins consensuelle , non plus sur la forme , mais sur le fond , on comprend bien , tout en étant légitime , votre question , qu’elle n’est surement pas abordé...

      de toute façon dans un reportage vu hier aux infos de arte , il était également expliqué que le créateur du personnage fil sans le nommer avait voté contre au référendum sur l’europe ( je raccourcis ) et que les thèmes des indignés et autres vrais sujets de l’europe n’était pas abordé..

      en clair il s’agit sans l’avoir vu ( elle mérite certainement des points positifs ) qu’il s’agit encore d’un projet financé pour montrer une image illusoire de l’europe au pays de candy !

      Au final on ne peut pas refuser l’argent européen doit-on conclure , ce que je conçois de toute façon , vu la crise et comme ayant entendu parler souvent sur ce site des histoires de fric dont doit faire face ce festival ...

      Le principal étant que les auteurs aient reçus un bon salaire pour leur participation à cette expo...

      Et au passage comme déja dit dans un autre commentaire , et surtout à l’heure d’internet , ils auraient pû investir dans une petite caméra ( en location ) et diffuser les entretiens et rencontres avec les auteurs plutôt que diffuser les retranscriptions écrites ..quelle frustration !
      C’est ringard ..à l’heure de la vidéo sur le téléphone et autres technologies ....après faut pas venir dire que celà coute cher , je vais m’étouffer de rire..... louer une caméra , filmer , et diffuser sur le net ça ne prend pas un budget de fou ...et en plus ça fait travailler une ou deux personnes et ça donne envie de se rendre au festival une prochaine fois...

      A la lecture des critiques globales de ce festival et en se rendant sur le site officiel du festival , et après avoir entendu et lu tout ce qui s’est dit sur ce festival au sujet de son financement , il n’y aura aucun étonnement que celui-ci s’arrête ....ils tireront la corde jusqu’au 40 eme anniversaire mais ça sera son dernier ...dommage !

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