Hier a été inaugurée l’exposition du festival intitulée L’Europe se dessine. 50 auteurs de bande dessinée issus de la communauté européenne ont rendu hommage à leur maison commune. Les organisateurs avaient demandé à Charles Berberian de créer un personnage, Iris (voir en médaillon), qui serve de fil rouge à des histoires dessinées dans un esprit et dans des styles très différents, évidemment rarement critiques par rapport au sujet. "Cela ne me dérange pas, nous dit Charles Berberian. À un moment où l’Europe est tellement critiquée, il est bon d’avoir sur elle un discours positif."
Beaux dessins...
La plupart des interventions, parmi lesquelles les amateurs reconnaîtront les signatures de Milo Manara, Ruben Pellejero, Ville Ranta, Johan De Moor, Hervé Baru, Joost Swarte, Sergio Salma, Ulli Lust, Anouk Ricard, Pénélope Bagieu, Florence Cestac ou Miguelanxo Prado..., sont charmantes même si, souvent, elles ont été conçues avec une conviction de travail de commande.
Les deux ministres présents hier, Jean Leonetti, ministre chargé des Affaires européennes qui a donné ensuite une allocution à la Chambre de Commerce et d’Industrie sur "La citoyenneté européenne", et Laurent Wauquier, passionné de BD comme on sait, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se sont attardés sur les planches en compagnie de la commissaire de l’exposition Anne-Céline Delvert. L’un et l’autre étaient convaincus que la bande dessinée était le vecteur idéal pour donner une image positive de l’Europe aux citoyens "pour une Europe populaire contre une Europe populiste" résumait Jean Leonetti.
...et maladroits desseins.
Dans le même temps, la plupart des grands festivals de BD d’Europe se réunissait à l’initiative du FIBD mais, de ce côté, les réactions étaient plutôt furax. Créée il y a deux ans à l’initiative du ministre Laurent Wauquier, alors au même poste que M. Leonetti aujourd’hui, cette rencontre devait tenter de mettre en place une synergie entre les différents festivals de BD européens : Erlangen en Allemagne, Amadora au Portugal, Turnhout en Flandre, Lausanne en Suisse, Naples en Italie...
De ce côté, le désenchantement était de mise. "Cela fait deux fois que l’on se réunit et cela débouche sur rien" nous dit-on, chacun ayant l’impression que le seul but de la dernière réunion était précisément de fourguer cette expo européenne dans les festivals respectifs. "Nous n’avons pas été associés à sa conception, Benoit Mouchart a choisi lui-même les auteurs dans son coin", fulmine l’un de nos interlocuteurs qui a appris l’existence de cette expo il y a dix jours. "Résultat, rien n’est vraiment représentatif de nos pays " dit-il, "alors que nous sommes quand même tous de bons connaisseurs des bandes dessinées de nos créations respectives."
La qualité de l’exposition est également critiquée : "Cela aurait été bien de voir des originaux. C’est un peu comme une de ces expositions que l’on installe dans les halls de chambre de commerce" nous dit-on sans détour. "Nous sommes condamnés au scepticisme" conclut l’une des représentants de ces grands festivals européens. Dommage.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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