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Angoulême 2015 : Des expositions, des états généraux et une ministre (2/3)

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 5 février 2015                      Lien  
L'attentat contre Charlie Hebdo avait fait craindre le chaos sécuritaire et opérationnel lors de la 42e édition du Festival d'Angoulême. Heureusement, cela s'est bien passé. Même le soleil s'y était mis pour apaiser les tensions.

Ce n’était pas rendu. À quelques jours de la manifestation, la venue du président Hollande était annoncée. Tout le monde s’attendait à devoir sortir les parapluies, eu égard à sa réputation météorologique. Heureusement, il n’est pas venu et un rayon de soleil a longuement arrosé le Festival entre quelques épisodes de crachin. Le climat était clément cette année sur les bords de la Charente.

Est-ce l’effet de la mobilisation du 11 janvier ? Chacun avait laissé ses antagonismes de côté. La fameuse tension entre le FIBD et la Cité n’a pas disparu, mais le départ de Gilles Ciment a été finalement ressenti comme un soulagement parce qu’elle débloque une situation. "Frank Bondoux continue à jouer sa partition, nous dit-on du côté de la Cité, mais on a pu travailler en bonne entente." En trois semaines, la Cité a organisé une exposition en hommage à Charlie Hebdo qui, par son approche (notamment en contextualisant la feuille satirique dans la production de son époque) a séduit le public.

Angoulême 2015 : Des expositions, des états généraux et une ministre (2/3)
Sécurité avant tout. Sacs fouillés, passage au détecteur... L’effet Charlie...
L’expo Watterson était blindée de monde.

Comme nous le disions, la programmation a été particulièrement inspirée cette année. Elle a changé de style. Elle est plus modeste en termes de moyens, mais sa diversité et la qualité des différentes mises en scène dénotent d’une nouvelle donne qui est peut-être due au départ conjoint de Gilles Ciment et de Benoit Mouchart.

Les expositions Calvin & Hobbes et Fabien Nury de l’espace Franquin en particulier étaient blindées de monde dimanche encore. Pas du tout un public de spécialistes, au contraire. Tous étaient dans la découverte et les originaux de Watterson et du "Nury Team" donnaient le change.

Sur le Champ de Mars, l’exposition Kirby ne montrait pas d’originaux [1], mais ses commissaires ont fait un travail remarquable et l’équipe d’Urban Comics était sur le terrain pour la promouvoir avec science et talent.

L magnifique expo Kirby reviendra à Angoulême en 2016.

Idem pour l’exposition Taniguchi aux originaux remarquables ou l’expo Moomins dont les dessins étaient également très séduisants. Les visiteurs de l’expo Kinky et Cosy ont eu droit à une expérience ébouriffante qui leur faisait découvrir un univers décalé et loufoque. Il faudrait aussi parler de l’exposition Alex Barbier qui annonçait arrêter la BD pour se consacrer uniquement à la peinture, l’exposition de L’Employé du moi qui fêtait son anniversaire cette année, et les expos jeunesse : Anna & Froga, Jim Curious et À l’école de la BD et bien d’autres sans compter le "off" dont cette galerie éphémère que Glénat a installée en pleine zone piétonne.

La galerie parisienne Glénat avait ouvert une installation temporaire le temps du festival.
La magnifique exposition Moomins à la Cité
Photo © Jorge Fidel Alvarez / Musée d’Angoulême

La BD dans tous ses états (généraux)

Dans quelle mesure les États généraux de la BD ont-ils été productifs ? Comme le dit bien David Vandermeulen sur sa page Facebook : "Alors, pour résumer cette première séance, on va dire que les excellents Denis et Benoit nous ont dit que l’on va enfin réfléchir et dialoguer tous ensemble, et le gouvernement a dit : vous pouvez réfléchir et dialoguer ensemble, et même avec nous, mais on vous prévient, à un moment ça va faire mal quand même." Car il ressortait du débat que, pour beaucoup, les jeux étaient faits et que la profession assistait à l’évolution de notre métier davantage en tant que spectateurs qu’en tant qu’acteurs. Que ce soit au moins en connaissance de cause...

Le discours de la Ministre de la Culture Fleur Pellerin confirme la circonspection avec laquelle les politiques se saisissent des problèmes des auteurs : après un hommage à Charlie Hebdo et à ses victimes, elle annonça la mise en chantier une formation dédiée aux dessinateurs de presse : "Plusieurs écoles d’art ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt, qu’il s’agisse de l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, mais on peut penser aussi bien sûr à différentes écoles d’art graphique, à l’école d’Angoulême pourquoi pas mais aussi avec des écoles de journalisme avec le soutien de la Conférence des Écoles de Journalisme. Concrètement, dit-elle, j’organiserai un groupe de travail pour aboutir à une première expérimentation dès la rentrée prochaine."

Concernant la protection des auteurs, elle annonce une concertation profonde avec tous les partenaires -et donc les auteurs qu’elle a rencontrés les représentants : "Je vous confirme aujourd’hui ce que j’ai déjà dit par le passé : aucune réforme ne sera engagée sans une large consultation des organisations professionnelles concernées. Celle-ci sera menée au premier semestre et la mise en œuvre de la réforme découlera de ses conclusions, qui seront partagées avec les organisations représentant les auteurs et les artistes. Mais je peux le dire dès maintenant, il n’y a aucune raison que cette réforme suscite les inquiétudes puisqu’il s’agit de consolider le système actuel et en aucun cas de le bouleverser."

Entre l’affaire Charlie et les Etats généraux de la BD, la Ministre de la Culture Fleur Pellerin n’a pas eu une partie facile à Angoulême cette année.

Au niveau des discussions à l’échelle européenne, elle dit : :"Je défendrai avec force le droit auteur qui est un véritable moteur de la création. Je mobiliserai mes homologues pour redonner toute sa place à la culture dans le projet européen. Et je me battrai pour que la Commission, et l’ensemble des États, prennent conscience de l’importance de cet enjeu."

De là à imposer ses vues...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Lire aussi- "Requiem pour Charlie" [1/3]
- Angoulême 2015 (3/3) : Les problèmes demeurent

Photos, sauf mention contraire : D. Pasamonik (L(Agence BD)

[180 originaux étaient prévus, mais un changement de lieu de dernière minute rendait leur exposition compliquée car la tente qui les abritait était par trop humide. Elle devait être reprise en 2016 dans de bonnes conditions au Musée de la BD. Nous en reparlerons.

 
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