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Angoulême 2016 : Katsuhiro Ôtomo, sans speed !

Par Florian Rubis le 29 janvier 2016                      Lien  
Katsuhiro Ôtomo, acteur majeur de la propagation du manga en Occident, s’était vu finalement attribuer le Grand Prix du 42e Festival d’Angoulême en 2015. Avant de prendre le chemin de la cité charentaise, ce lundi 25 janvier 2016, à L’auditorium du Louvre (Paris), il s’est livré, pendant une heure et demi, à une unique séance de questions-réponses avec la presse. Nous y étions pour mieux vous en rapporter la « substantifique moelle »…

Enfin ça y est, il a fini par accepter de jouer le jeu de cette reconnaissance tardive. Il est le premier mangaka à l’obtenir en France. Sans speed, contrairement à ses personnages, il est même fringant dans son beau costume et malgré son âge qui avance, évoqué au détour de la conversation. Le père d’Akira a répondu de façon plutôt tranquille au feu nourri de la trentaine de questions. Elles lui furent posées pendant environ une heure trente.

Pêle-mêle, celles-ci évoquèrent ses premières œuvres, bien sûr sa série vedette, ou d’autres aspects de son travail dans ce domaine, voire ses activités de cinéaste et ses goûts en ce qui concerne les travaux de ses compatriotes réalisateurs .

S’il joue les prolongations comme amateur de science-fiction (pessimiste), avouant au détour apprécier les jeux vidéo, Katsuhiro Ôtomo n’en connaît pas moins ses classiques. Il commence par citer Akira Kurosawa, qui lui a inspiré le nom du personnage-titre de son œuvre la plus connue. Puis suivent ceux de Yasujirô Ozu et de Shôhei Imamura.

Angoulême 2016 : Katsuhiro Ôtomo, sans speed !

L’animation, sa grande passion, qui l’a éloigné de la bande dessinée, est également évoquée. Ses courts-métrages, dans des films collectifs du style Manie-Manie ou Robot Carnival furent, dit-il, « délassants » pour lui, et intéressants. Ils lui auraient permis de se livrer davantage à l’expérimentation, car moins astreints aux contraintes commerciales que ses longs-métrages.

Il ne s’impliquera pas dans le projet de Warner en prises de vue réelle qui sera tiré d’Akira et que l’on annonce depuis un petit temps déjà. Mais de sa propre adaptation d’Akira, en animation, il se souvient de sa frustration à sa sortie, car elle devait impérativement durer moins de deux heures. Il en reparle même un peu après.

Il a donc mis ce qu’il avait de reste dans la continuation du manga, sachant déjà dès lors comment il allait finir. Sauf que, comme l’on sait, les exigences de l’industrie nippone font que l’éditeur incite l’auteur « à rallonger la sauce » du feuilleton en cas de gros succès. Des esprits chagrins tendent à considérer que, n’en déplaise à ses nombreux admirateurs, il n’a pas dérogé à la règle.

Katsuhiro Ôtomo pose devant son affiche pour le FIBD

Il n’en demeure pas moins que l’effet produit par l’esthétisme propre à Katsuhiro Ôtomo est resté durable sur les imaginations depuis sa publication au Japon fin 1982, puis en français en 1990 par Jacques Glénat. Une forme de maniérisme qui se cristallise notamment dans le recours exacerbé aux lignes de vitesse (speedlines), désormais caractéristiques du manga.

Katsuhiro Ôtomo échappe difficilement à l’écho du succès d’Akira qu’il avait délaissé pour se consacrer à ses activités de cinéaste, sans cesse retardées à force de courir plusieurs projets en même temps et de la difficulté de boucler les financements. C’est cette« onde de choc » lui vaut encore d’être consacré à Angoulême, 25 ans après le premier impact. il y voit « une récompense pour l’ensemble de sa carrière » et témoigne sa reconnaissance à un festival réputé.

La fameuse moto d’Akira est exposée à Angoulême

« C’est violent et c’est beau  » disait à l’époque le slogan qui contribua à son lancement, forgé pour frapper les esprits. Tel Kaneda chevauchant sa moto rouge sur l’autoroute de Neo-Tôkyô, on aurait pu s’attendre à ce que son créateur louvoie pour éviter les impacts de certains projectiles.

Une première journaliste, puis une seconde, revenant à la charge, voulurent absolument s’enquérir de son opinion sur la polémique du moment liée à l’événement angoumoisin sur le manque de femmes dans les nominés au Grand Prix. Alors, monsieur Ôtomo, quid de l’égalité entre femmes et hommes dans la bande dessinée ?

L’important de cette activité, expliqua-t-il, plutôt qu’à la différence des sexes, tient au talent et au travail. Une opinion certes, « un peu froide » concède-t-il. Mais qui reflète ce qu’il pense. Il ajoute que l’égalité entre les sexes n’est pas vraiment en place aujourd’hui. Dans le monde des mangas où les créatrices sont bien plus présentes qu’en Europe, rappelons-le, rappelle-t-il, les critères de création, le fait de publier ou non, ne dépendent que d’une chose : « cela va-t-il se vendre ? »…

L’expo en hommage à Akira dans les sous-sols du Théâtre d’Angoulême

Quand arrive la dernière question qui porte sur le processus de création du fameux bolide écarlate de Kaneda, il s’enferme dans le mutisme, car il est prévu d’en parler lors de sa conférence publique payante (20 euros l’entrée) attendue ce samedi à 14 heures au théâtre d’Angoulême...

(par Florian Rubis)

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En médaillon : Katsuhiro Ôtomo à l’auditorium du Louvre / Toutes les photos : © 2016 Florian Rubis

"Akira" fait également l’objet d’une exposition au théâtre d’Angoulême (avec la participation de la Galerie Glénat), hommages de 42 auteurs complété par deux dessins de la main-même du maître, le tout réuni dans un catalogue dédié.

 
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