Les trois noms sortis du chapeau sont (par ordre alphabétique) :
Richard Corben (né en 1940), grand contributeur de récits d’horreur pour les magazines Creepy, Eerie et Vampirella. Ses illustrations à l’aérographe, retouchées à même les films de quadrichromie avec une maniaquerie remarquable, ont marqué les années 1980. Ses bandes dessinées ont fait les belles heures d’Heavy Metal et de Métal Hurlant. Cette figure de l’Underground est devenue maintenant l’un des meilleurs artisans de la geste super-héroïque travaillant aussi bien pour DC et Marvel que Dark Horse.
Emmanuel Guibert (né en 1964). Cet esprit brillant, compagnon de route de Joann Sfar et de David B, publie à L’Association son premier succès : les souvenirs de son ami Alan Ingram Cope, La Guerre d’Alan (L’Association). Son deuxième coup d’éclat a pour titre Le Photographe, qu’il réalise en collaboration avec Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier (Dupuis). Il bâtit enfin, avec Les Sardines de l’espace (Dargaud), une série jeunesse qui ne tarde pas à être adaptée à l’écran.
Enfin, Chris Ware. Né en 1967, c’est le plus jeune du trio. C’est un fin graphiste né sur les fonds baptismaux de la revue Raw d’Art Spiegelman et Françoise Mouly. Il y développe une Ligne claire mélancolique peuplée de personnages perchés : Quimby the Mouse, Rusty Brown et surtout Jimmy Corrigan, alter ego d’un auteur étrange et introverti, dont les aventures paraissent dans les supports et les formats les plus disparates. Cet infatigable expérimentateur est l’auteur le plus primé de sa génération : 28 Harvey Awards, 22 Eisner Awards et un Prix Spécial du Jury au Festival d’Angoulême en 2013.
Un surprenant outsider
Nous ne sommes donc pas surpris de le trouver dans cette liste Chris Ware dont la réputation auprès des auteurs de BD est particulièrement flatteuse. Il était depuis quelques années dans la short list.
Les électeurs ont reconnu dans Emmanuel Guibert, certes médiatiquement très exposé depuis son Prix René Goscinny reçu en 2017 et dont une grande exposition rétrospective s’ouvre justement à Angoulême la semaine prochaine, un dessinateur doué et surtout un formidable raconteur d’histoires, Grand Boum à Blois en 2009, un festival qui est considéré à juste titre comme l’antichambre des futurs Grands Prix.
La grosse surprise vient de Richard Corben édité par un valeureux label français, Delirium, mais dont les ventes ne doivent pas dépasser quelques milliers d’exemplaires. On ignorait qu’il était à ce point estimé « des autrices et des auteurs » comme on dit dans les communiqués du FIBD. On remarquera au passage qu’aucune femme n’arrive dans le trio de tête.
Le deuxième tour se déroule du mercredi 17 janvier au dimanche 21 janvier 2018 (à minuit), avec le même collège de votants :« à savoir tout auteur ou autrice de bande dessinée professionnel, quelle que soit sa nationalité, dont les oeuvres sont traduites, en français et diffusées dans l’espace francophone et ayant participé au premier tour est admis à voter pour l’élection du nouveau Grand Prix . »
Le vainqueur sera connu le mercredi 24 janvier 2018 (autour de 18h) lors de la cérémonie d’ouverture de la 45e édition du Festival.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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45° Festival International de la bande dessinée d’Angoulême –
Du 25 au 28 janvier 2018
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