Du côté du FIBD, on nous explique que le prix est suspendu à l’arrivée d’un nouveau sponsor. On peut comprendre que la manifestation angoumoisine ne s’est pas vantée de l’arrêt de son partenariat avec les librairies Cultura.
Recherche sponsors désespérément...
Quant à la FNAC, elle a relancé son propre prix BD en y associant France Inter, avec un retour à Angoulême ? L’avenir le dira. En attendant, le message induit par cette situation conforte l’idée d’un palmarès déconnecté avec un public de lecteurs le plus large possible, ce qui était le but de ce « Prix du public » successivement baptisé quand il avait des sponsors « Essentiel FNAC-SNCF », puis « Fauve FNAC-SNCF Prix du public » puis « Prix du public Cultura » en 2013.
Dès sa création en 2003, de grands auteurs qui font l’Histoire de la bande dessinée contemporaine l’ont reçu, venant compenser une sélection souvent expérimentale : Jean Van Hamme, Régis Loisel, Jacques Tardi, Grzegorz Rosinski, François Bourgeon, Catel Muller, Étienne Davodeau, Marion Montaigne, Zep, Julie Maroh, Cyril Pedrosa,.... Auraient-ils été distingués à défaut ? Rien n’est moins sûr !
Contradictions
Le FIBD vous répond que la programmation (dont nous vous reparlerons en détail) n’a rien d’élitiste : Batman, Manara, Tom Tom et Nana, Boule & Bill, un quartier jeunesse… Voire, y compris dans sa diversification : comics, mangas, labels indépendants…, le FIBD accumule les niches et manque furieusement de têtes d’affiche qui parlent aux non-lecteurs ou aux lecteurs occasionnels de bande dessinée.
« Accroître l’éclectisme et la transversalité, construire un répertoire d’outil critique, devenir une place de célébration festive et de business, au service de l’un des médiums les plus fédérateurs du XXIe siècle naissant, voilà le programme du Festival à l’orée de ses 50 ans » déclarait Stéphane Beaujean lors de la conférence de presse. Au-delà des mots, la bande dessinée commerciale « qui-n’-pas-besoin-d’être-soutenue… », cette bande dessinée ne constitue-t-elle pas des produits d’appel en direction d’un public non-initié ?
Certains éditeurs, comme Bamboo, un groupe qui vient de racheter Fluide Glacial, n’ont pas de mots assez durs envers le FIBD dont ils ressentent -à tort peut-être- qu’il rejette complètement leur production. Le Lombard ou Delcourt, qui n’ont qu’un seul titre dans la sélection cette année, font eux aussi la grimace…
« Oui, la force de l’événement reste celle, irremplaçable, de la véritable rencontre entre tous, nous explique Franck Bondoux dans le même dossier de presse. Oui, la dimension culturelle reste attractive et c’est le fondement du Festival d’Angoulême. Cependant, les conditions qui président à la participation et aux échanges attenants à son organisation ne resteront pas les mêmes. Elles ne le sont déjà plus. Le Festival doit muter. » On ne le lui fait pas dire…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BD D’ANGOULÊME 2019
Du 24 au 27 janvier 2019.
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