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Angoulême 2020 : Calvo, l’expo-événement d’un réaliste animalier

Par Jaime Bonkowski de Passos Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 janvier 2020                      Lien  
Peu connu des nouvelles générations, Edmond-François Calvo est le plus puissant et le plus fertile des dessinateurs animaliers de l'après-guerre. On lui doit le chef d’œuvre "La Bête est morte" (Gallimard). Pour la première fois, une exposition rétrospective lui est consacrée au Musée d'Angoulême

Tout le génie de Calvo repose sur ce savoir-faire : le dessin des animaux. Bêtes anthropomorphes ou humains animalisés, on ne sait pas bien dans quel sens l’auteur a fait muter ses personnages. Et pourtant, chacun d’eux apparaît comme une allégorie d’un type, d’une valeur, d’une émotion, d’un caractère.

Cela créé un effet de contraste saisissant : quand il dessine une mère lapine tenant son bébé mort dans ses bras dans La Bête est Morte, on est tiraillé à la fois par la mignonnerie évidente de ses personnages, et l’horreur insoutenable de ce qu’il nous montre. L’usage des animaux rend ainsi plus tolérable certains passages des ses récits, particulièrement lorsqu’il évoque la guerre.

Angoulême 2020 : Calvo, l'expo-événement d'un réaliste animalier

Cette thématique est explorée à travers le diptyque La Guerre Mondiale chez les animaux, et Les Aventures de Rosalie, deux évocations de la Première et la Seconde Guerre mondiale qui constituent le chef d’œuvre du dessinateur normand. Décrire l’humain par la réfraction de la fable animalière, tel est le talent de Calvo.

En reprenant à son compte les archétypes et les traits prêtés aux animaux qu’il dessine (la cruauté du loup, la roublardise du renard, l’innocence du mouton…), Calvo s’inscrit dans une longue tradition de fabulistes, un Ésope ou un La Fontaine graphique. Il se revendiquait volontiers de cet héritage et l’exposition ne manque pas de rappeler l’influence de Gustave Doré sur son œuvre. Ils auraient pu tant qu’on y est ajouter Grandville, Benjamin Rabier, Félix Lorioux et Walt Disney...

Monsieur Loyal présente...

Qu’est-ce qui distingue d’ailleurs ce dernier de Calvo ? C’est que Disney, comme bon nombre d’auteurs américains, est un dessinateur schématique, tandis que le Français inaugure une ligne de dessinateurs humoristiques réalistes illustrée plus tard par des pointures comme Albert Uderzo et André Franquin. Chez Calvo, tout est d’une précision maniaque : l’attitude, les physionomies, les anatomies, les décors, les costumes, documentés jusqu’au moindre bouton de guêtre. Une merveille.

Son travail se démarque aussi par la couleur. En mettant en vis-à-vis des planches en noir et blanc avec des pages colorées, l’exposition montre la versatilité de son trait : magnifique en monochrome, exceptionnel en couleurs. Vives, franches, éclatantes, elles donnent une puissance incomparable à ses illustrations, par exemple dans ses lettres de l’alphabet illustrées (l’exposition s’ouvre d’ailleurs sur ces dernières) ou encore dans cette couverture de Monsieur Loyal présente... dont l’original figure dans l’exposition.

(par Jaime Bonkowski de Passos)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

"Calvo, un maître de la fable" au Musée de la bande dessinée, jusqu’au 31 mai 2020.

Photos et vidéo : Cédric Munsch

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