Qui vote ? « Tous les auteurs et autrices édité-e-s en langue française, quelle que soit leur nationalité. » Il suffit que leur éditeur français mette leur email dans la liste. « Si des auteurs sont oubliés c’est donc l’entière responsabilité de leurs éditeurs » nous dit-on du côté du Festival...
Ce sont, nous dit-on, un peu plus de 1500 auteurs qui votent. Stéphane Beaujean, le directeur artistique du FIBD, en dénombrait 1635 en 2019.
Qui désigne les votants ? Les éditeurs. Chaque éditeur de BD (ils sont près de 300 en France) peut soumettre au FIBD la liste de ces « grands électeurs » sensés représenter la profession.
Le vote a lieu en deux tours sur un site dédié. Pour y accéder il faut avoir eu le blanc-seing de son éditeur. Le 1er tour a lieu du 7 au 12 janvier 2020. Il consiste à choisir trois noms suggérés par l’ensemble des votants. Le FIBD comptabilise ces noms et transmet officiellement les trois noms arrivés en tête avant le 15 janvier 2020. Le second tour a lieu du 15 au 20 janvier 2020. Il désigne, toujours arithmétiquement, celui de ces trois noms qui sera le Grand Prix.
Ces dernières années, après quelques prix consensuels : Katsuhiro Otomo (2015), Hermann (2016), Cosey (2017), sont arrivés les Prix-surprise : Richard Corben (2018), un auteur semblant ressurgir de Tales of the Crypt et surtout la mangaka japonaise Rumiko Takahashi (2019). Elle était la seconde femme à être élue Grand Prix après Florence Cestac (2000), Claire Bretécher ayant reçu le Prix du 10e anniversaire aux côtés du Grand Prix Jean-Claude Forest en 1983. La cause des femmes commençait timidement.
Trois continents représentés
L’année dernière, nous le constations, le trio de tête était constitué d’un Français, d’une Japonaise et d’un Américain. Reverra-t-on cette année Emmanuel Guibert et Chris Ware ? Il y a des chances, surtout pour l’Américain. Il est probable que l’effet de l’action menée à l’encontre du Festival d’Angoulême en 2016 continue de faire son effet cette année, les noms de l’Anglaise Posy Simmonds ou de Pénélope Bagieu circulent dans les forums. Donc les paris restent ouverts.
Mais pourquoi ne pas ouvrir à d’autres nations ? L’année dernière, nous suggérions l’élection d’un Grand Prix polonais : Grzegorz Rosinski.
« C’est un grand auteur classique qui n’est ni français, ni belge, ni japonais, ni américain mais qui a fait souffler de l’Est un vent nouveau et dont le style renvoie aux classiques canadien Hal Foster ou américain Alex Raymond, écrivions-nous alors. Après tout, les Catholiques ont élu un pape polonais. Pourquoi la bande dessinée n’aurait-elle pas elle aussi un ressortissant du pays de Sa Sainteté ? » Au moment où la bande dessinée polonaise fête son 100e anniversaire, cela aurait de la gueule.
En 2018, nous évoquions « l’évidence Andreas », un Allemand ayant fait carrière en Belgique et en France. « Sans concession, soulignions-nous alors, son travail trouverait dans son accession au Grand Prix une juste reconnaissance et distinguerait pour la première fois un Allemand dans ce palmarès de référence. »
Notre collaborateur Laurent Melikian nous suggère l’Espagnol Carlos Gimenez : « Il est un des pionniers de la bande dessinée sociale et historique, de l’autobiographie, de la mémoire de la BD en BD, il sait émouvoir et faire rire, c’est un grand du 9e art européen, nous dit-il. Carlos Gimenez, Président ! »
D’ici quatre jours, nous saurons qui seront les trois finalistes.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BD D’ANGOULÊME 2020
Du 30 janvier au 2 février 2020.
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