Décidément, la bande dessinée est en pointe dans la revendication des auteurs en France. La mesure est essentiellement symbolique : le vendredi 30 à 16h30, finies les dédicaces ! Les auteurs présents à Angoulême poseront le crayon et iront manifester pour signifier leur mécontentement.
« Le lieu de rendez-vous et les actions vous seront précisées très bientôt. Des actions seront aussi proposées à ceux et celles qui ne sont pas à Angoulême » annoncent les organisations professionnelles mobilisées : le Groupement des Auteurs de Bande dessinée (SNAC BD), la Ligue des auteurs professionnels, les États Généraux de la Bande Dessinée, l’adaBD (association des Auteurs de Bande Dessinée), et La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse.
Des actions seront coordonnées avec les collectifs d’auteurs et d’autrices mobilisées et ce, dans toute la France. « Les auteurs et autrices sont des gens individualistes dans leur comportement, mais qui ont de plus en plus conscience d’appartenir à un corps de métier, explique Christelle Pécout, porte-parole « du SNAC BD à notre confère Médiapart. Il n’est pas dit que durant cette année 2020 ils ne se mobilisent pas plus, pour arriver à un vrai boycott. Leur colère est grande, certains n’ont plus rien à perdre. »
Les revendications des auteurs portent sur un droit de 10% minimum et une « taxe Victor Hugo » sur les livres dans le domaine public dont le produit serait réinjecté dans l’aide à la création vivante. Il y a aussi une revendication pour une rémunération des auteurs présents dans les festivals et notamment pour les dédicaces. Et c’est le Syndicat National de l’Edition (SNE) dont le président est Vincent Montagne, président de Média Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Kana, Le Seuil, La Martinière…) qui est particulièrement ciblé par ces revendications : « Ce qui est d’autant plus incompréhensible, explique Christelle Pécout à Médiapart, c’est que le FIBD, l’état et les collectivités locales [d’Angoulême] sont plutôt d’accord avec nous. Et que plein d’autres festivals de bande dessinée plus modestes font aujourd’hui un effort certain, car ils ont compris dans quelle situation est l’auteur de bande dessinée aujourd’hui. Du coup, sur cette histoire de rémunération à la présence, c’est bien le SNE qui refuse de nous payer. »
À ces revendications s’ajoutent la reconnaissance d’un vrai statut pour l’auteur, un interlocuteur administratif unique, des retraites préservées, une prise en compte des revenus dits accessoires, des meilleures avances sur les droits d’auteur, une prise en compte des problèmes de maladie et de grossesse et, en ce qui concerne plus particulièrement les autrices, une parfaite égalité avec les hommes et l’attente d’être « mieux considérées et dans ce milieu encore très masculin, respectées et écoutées. »
« Sans autrices et auteurs, pas de BD ! » résume l’appel. L’action ne s’arrêtera pas à Angoulême : il semble bien que toute l’année BD2020 sera une année de lutte.
Voir en ligne : Christelle Pécout sur le site de Mediapart
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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