La façon dont l’histoire débute ne semble pas indiquer une grande originalité : une servante engrossée par le roi reçoit la visite d’un mystérieux personnage nommé Sozer qui emporte Jaemon, son fils nouveau-né, juste avant que la servante ne soit assassinée par les sbires de la reine, qui n’a aucune envie qu’un bâtard menace l’avenir de son propre fils. Cinq ans après, c’est le tour du roi. Commence alors une chasse à l’enfant, qui va impliquer une tribu auprès de laquelle s’est réfugié Sozer pour la sécurité de Jaemon.
Un héritier mis à l’abri des agissements d’une reine folle de pouvoir, l’idée n’a rien de nouveau. Pourtant, le scénariste Alain Paris nous propose bien plus qu’une énième version de ce genre d’histoire, entre autres grâce au personnage de Sozer, sauveur de l’enfant aux motivations mystérieuses, pour qui la fin justifie tous les moyens. Le lecteur découvre médusé jusqu’où est prêt à aller l’homme, combien de vies sont sacrifiées.
Cela rend évidemment les rapports entre les personnages bien plus intéressants et évite une opposition gentils/méchants un peu facile.
Le travail du dessinateur Val (de son vrai nom Valérian Taramon), qui signe là son premier album, est tout aussi intéressant : un trait réaliste allié à une richesse de décors qui ne surcharge pas pour autant les planches, un découpage sobre qui s’autorise peu de fantaisies, et une superbe mise en couleurs aussi dense et expressive que son dessin, à mille lieux des plates utilisations de l’ordinateur qui semblent être devenues le quotidien de la couleur BD.
Sans révolutionner le genre dans lequel elle se place, la série Antarcidès s’annonce comme un divertissement intelligent, grâce à l’ambiguïté morale de certains personnages et la peinture sans effets faciles d’une société imaginaire.
(par François Peneaud)
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