L’Aurore termine, en ce début de vingtième siècle, sa campagne de pêche à la morue au large de Terre-Neuve. Son jeune commandant, Knut Larson, se languit de la jolie Maureen qui l’attend au port de Cancale. À son retour, les matelots occupent les quais et menacent de ne pas décharger la cargaison. Les incidents s’enchaînent et lors d’une rencontre entre le bosco du navire et son armateur, une altercation dégénère et le chef de navigation est tué par le tout-puissant notable qui accuse le jeune Knut présent sur les lieux.
Jugé coupable par la police à la solde du puissant négociant, il doit prendre la fuite et quitter sa belle. Après avoir plongé dans une apathie languissante, il décide de s’embarquer sur le Fram de Roald Amundsen qui part à la conquête de la dernière Terra incognita, l’Antarctique. Persuadée de son innocence, Maureen va tout faire pour le retrouver et va profiter que son cousin soit embarqué sur le bateau de Scott, rival d’Amundsen dans cette course au pôle, pour le retrouver et nouer définitivement leur idylle.
Cette nouvelle série est prévue en trois tomes et ce premier opus est clairement un prologue à l’aventure. Inspiré par la course sans pitié que se livrèrent Amundsen et Scott pour planter dans les glaces méridionales le drapeau de leurs pays respectifs, le récit emprunte toutes les pistes habituelles de l’aventure chevaleresque. On se croirait presque dans un roman d’amour courtois : le jeune couple ne pouvant pas vivre sa passion avant d’être passé au travers les affres du crime, de l’injustice, de l’exil sur fond d’un amour à la pureté irréprochable.
Le dessin se met au diapason du scénario dans un classicisme qui fait ressortir les ficelles du mélodrame. Un tempo lent, des répliques assourdissantes de candeur marquent de leur empreinte une publication qui, malgré quelques passages réussis, n’arrive jamais à réellement décoller. Le trait sans particularisme n’aide pas l’album à se démarquer.
Ces lourdeurs pourraient être compensées par un traitement original de la toile de fond, la conquête du Pôle Sud. Malheureusement, là aussi, on ne s’éloigne pas des clous. Le trait réaliste essaie de mettre en avant la typicité des décors mais le découpage convenu et sans surprise réduit la possibilité d’y insérer de la singularité.
Cette démonstration d’académisme ordinaire dans cet album où ne rien ne surprend entièrement aboutit à une conjugaison d’éléments historiques au pittoresque convenu, d’intrigue policière et d’amourette de Telenovela cousue de fil blanc, qui sans démériter, ne convainc jamais.
(par Vincent GAUTHIER)
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