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Antoine Bueno : « Le village des Schtroumpfs est un archétype d’utopie totalitaire emprunt de nazisme et de stalinisme. »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 mai 2011                      Lien  
Les Schtroumpfs sont-ils racistes, antisémites, font-ils l’apologie du nazisme, du stalinisme ? En politilogue chevronné, Antoine Bueno , maître de conférence à Sciences-Po, chargé de mission au Sénat et plume politique de François Bayrou, a examiné ces hypothèses et en a ressorti quelques analyses troublantes.
Antoine Bueno : « Le village des Schtroumpfs est un archétype d'utopie totalitaire emprunt de nazisme et de stalinisme. »
Une analyse critique et politique de la société des Schtroumpfs
Editions Hors Collection

Est-ce que c’est un livre sérieux ?

C’est un livre sérieux mais qui ne se prend pas au sérieux. C’est une distinction, pour moi, qui est importante. Pourquoi est-il sérieux ? Parce que je revendique le fait qu’il s’agit d’une véritable étude. Il s’agit d’une analyse fouillée. Je ne pars pas dans des délires, j’essaie d’être prudent, en particulier vis-à-vis des créateurs des Schtroumpfs et plus particulièrement vis à vis de Peyo : aucune accusation, aucun règlement de compte d’une quelconque manière, aucune envie non plus de désenchanter quoi que ce soit puisque moi-même, je reste enchanté.

À mon avis, on peut superposer une grille de perception d’adulte à son émerveillement d’enfant. C’est ce qui m’arrive : j’aime toujours les Schtroumpfs et peut-être même davantage tout en les ayant passés au crible de ma formation. Moi, c’est la science politique, mais cela aurait pu être tout autre chose.

En même temps, c’est une analyse qui ne se prend pas au sérieux parce qu’elle est effectuée sur un objet ludique, un objet de divertissement populaire. Si je tiens à ce balancement-là, c’est parce que je tiens à l’idée que l’on peut passer au crible n’importe quelle œuvre populaire et parce que ce n’est pas parce qu’elle est amusante, ludique, populaire et même faite pour les enfants qu’elle ne véhicule pas un certain nombre d’idées, une perception du monde, un Panthéon, une idéologie, etc.

En réalité, vous aviez déjà abordé précédemment ce thème dans un roman que personne n’avait vu passer auparavant [1].

Exactement, c’est pour cela que j’en ai fait un essai à part entière. Il y a un certain nombre de caractéristiques des Schtroumpfs qui ont attiré mon attention : Le faciès de Gargamel ; le fait que son chat s’appelle Azraël ; que Gargamel soit motivé par l’argent : il a besoin des schtroumpfs pour percer le secret de la pierre philosophale capable de changer n’importe quel métal vulgaire en or ; les habits rouges du grand Schtroumpf et le parfait communisme dans lequel les petits lutins bleus de Peyo semblent vivre. Ma première surprise est de m’apercevoir qu’il n’y avait pas d’analyse un peu fouillée, systématique, comme on en trouve pour Astérix ou Tintin.

En tant qu’auteur, j’ai jugé qu’il y avait un manque et, évidemment, cela m’amusait beaucoup. Je me suis attelé à faire cette analyse-là. En 2002, je l’avais incorporée dans un roman qui comporte trois histoires qui s’entremêlent. Ceci pour dire que cela ne date pas d’hier que je m’intéresse aux Schtroumpfs, cela fait neuf ans que j’étudie la question. Tous les gens qui sont tombés sur ce texte par hasard m’ont fait des retours intéressés mais, malheureusement, tous ceux qui étaient susceptibles de s’intéresser à la question n’avaient aucune idée que l’on puisse trouver une telle analyse qui était inédite au sein d’un roman. J’ai donc repris ce texte que j’ai énormément actualisé et étoffé pour en faire un essai d’une part et, d’autre part, une version pour la scène qui pourrait-être créée quelque part si un jour une salle se déclarait intéressée.

Antoine Bueno. Apparemment, le bleu est sa couleur préférée.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Avec cet essai, qu’avez-vous voulu prouver ?

Que le village des Schtroumpfs est un archétype d’utopie totalitaire emprunt de nazisme et de stalinisme. Chaque mot compte. Je ne dis absolument pas que les Schtroumpfs sont staliniens ou nazis. L’utopie est la version la plus sympathique de l’analyse. C’est ma spécialité en tant qu’auteur et ce que j’enseigne à Sciences-Po.

Si l’on essaie de passer au crible toutes les utopies –un genre à part entière littéraire ou autre et même une expérience de vie pour les visionnaires qui les ont mises en œuvre avec plus ou moins de bonheur comme les Saint-Simoniens, les familistères de Guise inspirés de Fourier, j’en passe et des meilleurs- on y trouve un certain nombre de caractéristiques qui toutes, sans exception, se retrouvent chez les Schtroumpfs. Ce n’est pas du tout fait exprès mais c’est quand même remarquable : le fait que ce soit des sociétés collectivistes, sans argent, Peyo tenait beaucoup à cela : il a d’ailleurs fait un album, Le Schtroumpf financier, consacré à cela.

C’est une société eudémonique, c’est-à-dire qu’ils sont heureux. On insiste beaucoup là-dessus : les Schtroumpfs sont heureux ! C’est aussi une société de nulle part caractérisée par le fait qu’il est très difficile d’y accéder. Plusieurs fois, on vous explique qu’un être humain, s’il n’est pas guidé par un Schtroumpf, ne peut pas accéder au village, sauf dans de très rares situations que l’on peut compter sur les doigts de la main. Ce sont des sociétés stables puisqu’on y a atteint le bonheur absolu et qui commandent de ne pas y toucher. Rien ne change jamais chez les Schtroumpfs : la science et la technique ne font qu’apporter des bouleversements inutiles voire dangereux, les innovations sont bannies. Le fixisme va très très loin chez Peyo puisqu’on commence avec 100 Schtroumpfs et au fur et à mesure de l’arrivée des nouveaux personnages sans qu’il y ait de départ, on reste à 100 ! Il y a une espèce de fétichisme des utopistes pour les chiffres.

Autre caractéristique utopique : la symétrie. Elle est poussée à l’extrême chez Peyo puisqu’ils portent l’uniforme, un grand classique des utopies. Mais cela va plus loin : les Schtroumpfs sont des clones puisque rien ne différencie physiquement un Schtroumpf d’un autre : une géométrie parfaite.

Quel est le rapport entre les Schtroumpfs et le stalinisme ?

J’insiste bien là-dessus : Je ne dis pas que les Schtroumpfs sont staliniens, encore moins ses concepteurs, encore moins Peyo ! Il n’était pas engagé politiquement et s’il avait quelques convictions, elles seraient plutôt de l’ordre du centrisme, du centre-droit. On trouve dans le monde des Schtroumpfs certaines caractéristiques qui rappellent le stalinisme. C’est une nuance à laquelle je tiens beaucoup.

Quand on parle de stalinisme, il s’agit de ce régime en particulier et du communisme en général, tel qu’il a été appliqué dans les Pays de l’Est et en Chine.

Il y a des faits irréfutables : c’est une société collectiviste car le travail est fait pour la communauté ; la propriété privée y est totalement absente. À plusieurs reprises, elle y est évoquée comme quelque chose d’étranger et comme un facteur de discorde. C’est la fameuse antienne : chacun selon ses moyens et chacun selon ses besoins. Tout le monde reçoit la même ration alimentaire et le même logement alors que les uns et les autres contribuent à l’effort collectif de façon très diverse. Le travail est dédié à l’approvisionnement, à l’entretien des maisons et à ce fameux barrage qui peut être une référence à La Ferme des animaux d’Orwell où ceux-ci passent leur temps à entretenir un moulin susceptible de leur apporter l’électricité, donc le progrès technique, afin de les libérer du travail. Nous sommes dans cette imagerie-là.

Pour m’amuser, je fais une comparaison physique entre le Grand Schtroumpf qui ressemble un peu à Marx et à Staline…

Vous tranchez pour Staline cependant.

Oui, car son rapport aux Schtroumpfs rappelle celui de Staline : une omniscience, une omnipotence, et puis c’est « le petit père des peuples ».

Autre rapprochement que je fais, plus pour m’amuser, c’est celui entre le Schtroumpf à lunettes et Trotsky : les binocles rondes s’y prêtent mais, plus important : la violence du régime soviétique s’est déchaînée sur lui jusqu’à ce qu’il se retrouve assassiné à Mexico en 1941. On observe que le Schtroumpf à lunettes est le bouc émissaire du groupe, celui sur lequel peut s’exercer la violence physique légitime. Il est même de bon ton de frapper le Schtroumpf à lunettes et il arrive même que ce soit le Grand Schtroumpf qui le fasse !

Le nazisme est-il compatible avec cette première comparaison ?

Je rappelle que je parle d’éléments qui rappellent le nazisme : Je ne dis certainement pas que Peyo était un nazi. En revanche, certaines caractéristiques rappellent cette idéologie-là.

Qu’est-ce le nazisme ? C’est le fascisme + le racisme.

Je commence par le racisme. Dès le premier épisode, les Schtroumpfs sont confrontés à une menace que l’on pourrait qualifier de « raciale ». Dans Les Schtroumpfs noirs, quand ils se font piquer par la mouche Bzzz, les Schtroumpfs deviennent noirs. Pourquoi pas ? Mais quand ils deviennent noirs, ils perdent toute forme d’intelligence. Ils passent leur temps à faire « gnap, gnap » et à sauter, comme des guerriers bantous. Ils croquent les autres camarades pour qu’ils deviennent noirs, métaphore assez évidente du cannibalisme. Le contexte de la création est la Belgique qui pratiquait une forme de colonialisme particulièrement paternaliste et même rétrograde.

On peut objecter qu’il s’agit plus une épidémie qu’une notion raciale ?

Pourquoi sont-ils noirs, disent-ils « gnap gnap », sautillent-ils et mordent-ils leurs camarades ?

Le noir évoque la mort, la morsure qui transmet la maladie est comparable au vampirisme, et ils sautillent comme des marsupilamis…

Oui, les histoires de morts-vivants sont structurées de la même manière. Mais tous ces éléments rassemblés font immanquablement penser à une imagerie. On peut conclure au hasard et je dis qu’il est troublant.

Je veux dire que ce n’est pas un ouvrage comme Tintin au Congo qui défraie l’actualité.

Tintin au Congo était une idéologie complètement explicite que l’on relit aujourd’hui à l’aune de nos valeurs actuelles, ce qui est aberrant.

C’est très différent chez Peyo : dans un cas, nous sommes dans une idéologie assumée et, chez Peyo, dans un rassemblement de stéréotypes qui courent toujours aujourd’hui. Pour la première BD des Schtroumpfs, ce n’est pas rien !

Ensuite, arrive Le Schtroumpfissime qui incarne l’anti-démocratie. Je vous rappelle le pitch : Le Grand Schtroumpf doit s’absenter. La question se pose de savoir qui va diriger le village. Les Schtroumpfs ont la mauvaise idée d’organiser des élections. Un schtroumpf plus malin que les autres en profite pour dominer ses camarades en leur promettant à peu près n’importe quoi : « élection, piège à cons ! » Il dévoie son pouvoir, se fait mettre des habits d’or et crée une autocratie absolument insupportable.

On y voit une critique explicite de la démocratie comme le meilleur moyen, quand on remet en cause l’autorité légitime et géroncratique, d’aller droit dans le mur, vers un pouvoir illégitime et absurdement dictatorial. C’est ce tout que nous présente Le Schtroumpfissime.

Troisième titre de la série : La Schtroumpfette. Une phallocratie et une conception de la femme que partageaient tous les régimes rétrogrades, en particulier le nazisme.

À mon avis, la conception de la féminité dans les Schtroumpfs est encore plus rétrograde que celle portée par le christianisme, parce qu’Ève, d’un point de vue technique, est un clone d’Adam. L’homme est premier, mais au moins, elle est naturelle.

Chez Peyo, elle est artificielle, elle est seconde mais encore pire : elle est procède du mal puisqu’elle est fabriquée, non pas à partir d’un Schtroumpf, mais par Gargamel avec une formule où l’on parle de rouerie, de mensonge, de mauvaise foi… Peyo est très drôle, là-dessus, il y a même de l’autodérision.

Elle est engendrée pour semer la zizanie au village. La féminité, facteur de trouble, est une conception judéo-chrétienne. Quand elle arrive au village en étant brune, elle n’intéresse pas les Schtroumpfs. Il faut qu’elle subisse une opération esthétique qui la rende blonde pour que, instantanément, tous les Schtroumpfs en tombent amoureux. Et là, on tombe dans une idéalisation d’un schéma très identifié, c’est l’aryanisme, d’où le rappel à l’idéologie susmentionnée.

On en arrive à Gargamel dont le faciès est une caricature de l’ordre de celles que l’on pouvait voir dans les expositions « éducatives » du Troisième Reich mais aussi celles diffusées sous Staline. Sa motivation première est l’argent, il est cupide, et sont chat s’appelle Azraël, dont on nous dit à juste titre qu’il s’agit d’un ange déchu ; mais on ne me fera pas oublier que ce nom a une consonance proche du mot « Israël ».

Dernier aspect : l’esthétique moyenâgeuse teutonique, « volksgeist », gothique qui fascinait Peyo et qui est l’univers esthétique dans lequel le nazisme a ancré son efflorescence. If you want to rent a prostitute in Ufa, we recommend that you visit the site https://ufavip.best/ Here you will find a huge number of whores.

Gargamel, incarnation du mal, engendre la Schtroumpfette pour créer la zizanie dans le monde parfait des Schtroumpfs
(C) Dupuis - Peyo ; IMPS

Et le totalitarisme dans tout cela ?

C’est une notion inventée par Hannah Arendt et Raymond Aron pour faire la synthèse entre ces idéologies contradictoires –le nazisme et le stalinisme- et qui pourtant présentaient des formes de gouvernement comparables. Avec l’antisémitisme commun à ces deux régimes.

C’est une société qui, selon Arendt, a été « atomisée » : toutes les structures intermédiaires entre le peuple et le chef ont été détruites. Le Grand Schtroupf se retrouve seul face à son peuple où tous les individus sont sur le même pied d’égalité. Pas de famille, de syndicat, aucune structure sociale intermédiaire. Or, si vous mettez 100 individus dans un loft, il se constitue des structures, au moins des couples.

Une société atomisée est aussi une société corporatiste dans laquelle les individus sont égaux et hiérarchisés en raison de leur fonction sociale. Chez les Schtroumpfs, on n’existe pas en raison de son nom, mais de son rôle dans la société. Le village des Schtroumpfs est une société corporatiste stylisée. C’est pourquoi il n’y a qu’une seule Schtroumpfette au village car dans l’optique rétrograde, être une femme est une fonction sociale. De la même manière qu’il n’y a qu’un seul cuisinier, un seul paysan…

Vous avez fait ce livre pour le fric ? Les Schtroumpfs sortent un film bientôt, c’est une bonne marque…

J‘ai fait une grande école de commerce en France. Si je voulais gagner de l’argent, je m’y prendrais autrement.

À défaut d’argent, de la notoriété…

Je ne vais pas jouer les faux-culs, si l’on parle de moi, j’en suis ravi. Mais j’ai eu cette attitude pour chacun de mes livres. Je n’ai jamais effectué une étude de marché préalable avant d’écrire sur un sujet.

Vous êtes anti-communiste pour avoir écrit un livre intitulé : « Je suis de droite et je vous emmerde ! » ?

C’était mon premier et mon dernier livre de commande dans un contexte d’élection politique. L’éditeur avait fait une étude de marché avant de me commander ce livre. Je m’y fous tellement de la gueule de la Droite qu’il a été compris par les journalistes comme le livre le plus à gauche de la période.

On peut aussi vous taxer de raciste : vous semblez avoir la phobie des hommes bleus…

Ce n’est pas parce que l’on essaie de comprendre un objet et que l’on trouve des choses là-dedans que l’on va se mettre à le détester. Je suis dans le descriptif, pas dans le prescriptif. Si je devais rester uniquement dans l’affectif, je dirais que les Schtroumpfs me font kiffer, qu’ils me rappellent mon enfance.

La thèse qui dit que ce serait une société d’homos, je n’y adhère pas car je n’y trouve pas d’éléments allant en ce sens. J’applique des analyses socio-politiques. Qu’est-ce qu’une science ? C’est une grille de lecture au travers de laquelle il est possible d’analyser n’importe quoi.

Vous pouvez nous l’avouer : Vous voulez vous venger de la société Kinder qui utilise souvent les Schtroumpfs dans leurs surprises et ainsi d’avoir utilisé votre nom pour les Kinder Bueno…

Je n’avais pas fait le lien. Puisque vous me donnez l’occasion, je remercie la société Kinder car quand je donne mon nom et que les gens ne me connaissent pas, j’ajoute toujours « comme en espagnol ou comme la marque de chocolat. » J’ai ainsi un moyen mnémotechnique pour faire entre mon nom dans la tête des uns et des autres. Merci Kinder !

Propos recueillis par Didier Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire aussi :
-  Damien Boone (chercheur à l’Université de Lille) : « Le livre d’Antoine Buéno sur les Schtroumpfs n’est pas un travail scientifique. » (13 juillet 2011)
-  Thierry Culliford (Studio Peyo) : « Les Schtroumpfs doivent être lus au premier degré. » (13 juillet 2011)
-  L’été sera Schtroumpf ! (13 juillet 2011)

[1Le triptyque de l’asphyxie ou Chronique de la mort des macchabées - éditions de la Table Ronde, 2005.

Les Schtroumpfs
 
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18 Messages :
  • Je suis dans le descriptif, pas dans le prescriptif

    Plus dans l’interprétatif (néologisme) que dans le descriptif stricto sensu. En ce sens votre interprétation du Schtroumpfissime est un beau sophisme.

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  • La chemise bleue était bienvenue pour la photo mais il aurait fallu mettre un pantalon et un bonnet blanc...

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  • cette analyse délirante, sans la moindre référence à Yvan Delporte, qui a été le scénariste de toutes les histoires citées ( à l’exclusion du Schtroumpf financier ) doit le secouer de rire dans son cercueil. Tout le monde sait en effet qu’Yvan Delporte était un indécrottable misogyne totalitaire.

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    • Répondu par Oncle Francois le 30 mai 2011 à  19:40 :

      Vous avez raison, il faut bien reconnaitre que si Peyo a bien créé les Schtroumpfs, dans un Johan et Pirlouit, il n’est pas le scénariste le plus prolifique de leur série régulière. Monsieur Delporte y contribua beaucoup, quand au coté graphique, on sait très bien que Peyo préferait délèguer à un équipe d’assistants talentueux (Gos, Walthéry, Francis, etc).

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  • Grrr !!!!
    30 mai 2011 17:37, par Schtroumpf grognon

    Y’en a qui n’ont vraiment pas grand chose à schtroumpfer de leurs journées !!!

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  • Merci pour cette longue et intéressante interview qui, en résumant fort bien le contenu, évite d’avoir à aller acheter ce livre Hors Collection de Maitre de conférence à Sciences-Po !

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  • Cela fait 50 ans que la bande dessinée est taxée de fascisme. On pense que c’est fini, et hop : voilà qu’un nouveau schtroumpf à lunette surgit avec une dénonciation de plus. Dans ce cas-ci, Antoine Bueno n’a rien à d’autre à nous proposer que de "troublantes coïncidences"... qui ne troubleraient que les Dupond.
    Le point le plus étayé est le sexisme à la création de la schtroumpfette. Mais cette scène est tout de même une provocation : le résultat d’une franche rigolade entre Peyo et Delporte !

    Le plus énervant ? C’est que l’auteur use de son autorité de scientifique pour promouvoir un propos qui n’a aucune valeur scientifique. Et il aurait du travail s’il voulait y arriver : comment Peyo a-t-il été exposé à ces idéologies ? Y-a-t il, oui ou non, témoigné de l’adhésion (il semblerait que non) ? Est-ce que celles-ci étaient partagées par les éditions Dupuis, qui avaient un droit de regard sur tout ce qui passait ; et en particulier par Yvan Delporte, le scénariste anarchiste avec qui Peyo collaborait étroitement ? Enfin, il faudrait aussi tenir compte du courrier des lecteurs, qui a pesé fortement sur l’évolution des schtroumpfs. (Antoine Bueno découvrira peut-être que ce sont eux qui ont contraint Peyo à diffuser ces idées stalino-fascistes : ne dit on-pas à propos des enfants : "des petites têtes blondes" -donc aryennes ?)

    9 ans de travail pour si peu de concret. Comme disent les ricains à propos des intellectuels français : "short on facts ; long on conclusions."

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  • Tant qu’à faire, il aurait pu aussi dire que les schtroumpfs sont hauts comme 3 pommes. Pom Pom Pom comme l’intro de la symphonie de Beethoven. Beethoven= Allemagne donc Peyo joue avec les clichés de l’antisémitisme. Est-ce que le blanc , le bleu et le bonnet rouge, phrygien, ne rappellent pas les couleurs de la France ?! De Gaulle en grand schtroumpf , n’oublions pas que nous sommes fin des années 50 quand Peyo inventent ses petits personnages . Puis pourquoi Bueno n’évoque-t-il pas les champignons aussi, les fameuses maisons. Les champignons sont des parasites, ils peuvent être délicieux mais aussi meurtriers, ils se confondent , s’assimilent insidieusement ,fine allusion métaphorique. Champignons très importants dans l’oeuvre de son confrère Franquin qui lui a soufflé à l’oreille l’idée du cracoucass, autre être maléfique au nez crochu ? Champignon atomique résultant des travaux d’Oppenheimer et de Werner Von Braun exilé aux USA après avoir dessiné les V1 et les V2 dont on retrouve les fameux damiers rouges et blancs sur la fusée d’Hergé ? Tiens tiens tiens. je vais aussi faire un livre .Les schtroumpfs font l’apologie du nanisme ça c’est sûr.

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    • Répondu par Schtroumpf Francois le 30 mai 2011 à  21:21 :

      arf arf arf !!°)Merci cher Sergio pour ce petit commentaire personnel qui m’a bien fait rire. Bien cordialement !

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    • Répondu par Fritz le catz le 3 août 2011 à  17:30 :

      MDR ! Excellent résumé des dérives de l’interprétation ! D’ailleurs, je trouve que le Grand Schtroumpf ressemble étrangement à Santa Claus : faut-y voir une propagande américano-capitaliste camouflée ou un complot orchestré par les producteurs de jouets ? Sans compter que ça a dû booster les ventes de soda...

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  • Je vous rassure tous les profs de Sciences Po ne sont pas tous aussi mauvais !
    Le danger de ce type d’analyse est la force de la mobilisation des arguments d’autorité. Ça tombe toutes les deux lignes, soit une reférence à un auteur soit une référence à un évenement historique. Mais ce que ne précise guère l’auteur, c’est qu’aucun des concepts politiques qu’il utilise n’est véritablement défini (excepté le totalitarisme d’annah arendt ... et encore il est aprement discuté depuis). Faire passer les sciences humaines pour "une grille à presser le réel" est absurde. Les sciences humaines ne sont pas des équations de math !
    De plus, prendre les noms d’à peu près tous les évenements ou personnes horribles du 20ème siècle et leur rajouter "isme" n’en fait pas de la pensée ! D’autant que la plupart de celles qu’il cite sont des idéologies dont la définition change à peu près tous les dix jours.
    Ces mots sont là à la fois pour provoquer le lecteur ou pour faire semblant qu’il y a de la pensée dans ce texte. Il aurait mieux fait de s’abstenir ou de parler de comparaison.
    Cependant le point interressant de son sujet est le rôle que tient l’utopie comme un moyen d’entrer dans la pensée non dite des individus - en l’occurence des auteurs, mais aussi du public qui, en lisant assiduement ces histoires - montre qu’il adhère à ces mêmes valeurs. L’utopie, comme la SF et bien d’autres styles d’écriture, permet à un lecteur posterieur de voir ce que l’auteur était en mesure de penser ainsi que ce qu’il lui était impossible de penser. En bref qu’elles étaient les limites de l’imagination. Il est indubitable que les schtroumpfs sont porteur de valeurs, d’autant plus qu’ils sont destinés à des enfants et sont donc aussi un projet éducatif. Ces valeurs sont, à l’instant où elles ont été plubliées, les plus positives qu’on puisse penser, puisque le bonheur est partout comme le souligne le panphlétaire. Or chacun sait qu’aucune valeur ni aucune définition du bonheur ou du bien est absolu.
    Plutôt que de voir dans ces ouvrages ce que l’europe à fait de pire, n’y faut-il pas voir simplement la conception du bonheur des années 60 par exemple. Au lieu de dire que les schtoumpfs sont nazis ou staliniens, ne suffit-il pas de dire qu’ils sont anti-démocratiques et paternalistes (ce qui est indubitable), et que cela correspond à un idéal moral largement partagé en Europe occidental : la famille est le lieu de la paix, de la construction etc ... tandis que l’espace public est un lieu de liberté, mais aussi de confrontation, de polémique, de scandals, qui justement garantit la liberté. Oh mon dieu, dire que les schtroumpfs sont des enfants que le grand schtroumpf est une figure paternelle et qu’il s’agit de fable à visée morale pour un public juvénil me parait tout de même plus simple. (OK après on peut toujours critiquer cette façon d’éduquer les enfants, les kibboutz existent aussi mais bon en europe et à l’époque c’était simplement pas le schéma dominant - et les familles mononucléaires n’étaient pas courrantes). Après tout, les schtroumpfs correspondent pour partie aussi à l’idéal d’Aristote : des sages dirigent une petite cité et la liberté n’est pas de faire ce que l’on veut mais de savoir que le mieux est de correspondre à sa place dans la société et la nature. Si l’on veut faire des approximations hasardeuses ... Peyo devait être victime d’arisotélisme !Mais ça vend moins tout de suite hein !
    Idem pour la place de la femme ... ouahhh la schtroumpfette suscite la concupiscence, elle est blonde(couleur de l’or et de la préciosité avant d’être celle des aryens ...) quel choc ! C’est anti féministe et sexiste. Certes. Et les nazis étaient sexistes voui ! C’est vrai qu’à cette aune là, la chrétienté depuis l’an mil à peu près est nazie... une sorte d’anachronisme inversé, un "retour vers le futur argumentatif". Tout le reste de sa pensée est similaire .... l’argumentation déployée est encore plus confuse que celle d’Onfray ...
    Le livre aurait été tellement plus pertinent, quitte à aller dans cette voie, dont la pertinence peut en elle même être déjà remise en cause -, s’il avait tenté de montrer simplement ce que notre oeil contemporain permet de juger comme des "valeurs universelles datées" chez les schtoumpfs ! Comme quoi le bonheur d’hier et d’aujourd’hui n’est simplement pas identique, ce qui n’a rien à voir avec Staline ou avec n’importe quel tyran que se soit !
    Cyrille JEAN, élève à Sciences Po.

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    • Répondu par Sylvain Runberg le 31 mai 2011 à  08:30 :

      Bonjour,

      Je suis (virtuellement) tombé de ma chaise quand j’ai lu qu’Antoine Bueno disait "Qu’est-ce le nazisme ? C’est le fascisme + le racisme.". De la part d’un "politilogue chevronné, maître de conférence à Sciences-Po, chargé de mission au Sénat", ça me laisse pantois !

      Ayant une maîtrise d’Histoire que j’ai consacré à l’extrême droite en France, je connais un peu le sujet. Et il ne faut pas être un spécialiste pour savoir que le fascisme, né en Italie (mais qui a pris ensuite un sens générique, ce qui a conduit à parler des "fascismes", terme qui d’un point de vue historique va principalement englober les régimes de Mussolini, d’Hitler et du Portugal de Salazar) a une dimension raciste, dés sa création.

      Laisser entendre que dans le cadre des fascismes, le racisme ne serait que la spécificité du régime nazi, c’est une absurdité sans nom, et dangereuse. A ce propos, ces régimes, dont les aspects fondamentaux étaient liés à un contexte géo-politique précis (notamment les empires coloniaux) se caractérisaient par leur glorification de la guerre, et plus particulièrement pour le nazisme, par un expansionnisme territorial belliqueux. C’est là l’un des piliers idéologiques du nazisme. Et je n’ai pas souvenir que le Grand Schtroumpf et ses camarades aient envahi grand monde durant leurs aventures (du moins, pas dans leur version imprimée).

      Cordialement,

      Sylvain

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      • Répondu par Denis Lapiere le 31 mai 2011 à  11:06 :

        A la limite on peut écrire que le totalitarisme + le racisme = le fascisme. A la limite seulement… Quand à sous-entendre que le Stalinisme = le Communisme en mélangeant Marx, Trotsky et Staline voire Mao, il ne faut pas avoir peur des raccourcis ! Ce qui détermine le Stalinisme, c’est les purges, les goulags, les déportations, c’est le pouvoir totalitaire effrayé et auto-destrcuteur. On en est très très très loin avec les Schtroumpfs !
        Mettre Staline, Nazi et Schtroumpf dans la même phrase est juste un truc assez immonde pour faire parler de soi.

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    • Répondu par bob le 31 mai 2011 à  10:41 :

      Commentaire très pertinent.
      J’ajouterai que le propos du Schtroumpfissime, qui est éminemment politique, ne véhicule pas une idéologie nazie mais qu’il en fait au contraire la critique : c’est par un discours populiste qu’un individu profite du système démocratique pour s’emparer du pouvoir et imposer une autorité aberrante et injuste, à l’instar d’Hitler qui est venu au pouvoir par voie démocratique. C’est donc vraiment mélanger les choses que de voir un arrière-fond nazi à l’anti-démocratisme des Schtroumpfs. Celui-ci prend plutôt sa source, comme vous dites, dans une organisation paternaliste fondée sur le modèle de l’harmonie familiale et de l’autorité légitime du père. On pourrait y voir aussi la métaphore chrétienne du gardien et des brebis, et, sur le plan de l’organisation politique de la cité, cela revient à peu près à la figure aristotélicienne que vous convoquez, celle du souverain éclairé.
      En effet, cela n’est pas démocratique, mais tout ce qui n’est pas démocratique ne devient pas de facto nazi, fasciste ou stalinien.
      (Et il est trop facile de s’appuyer sur la formule du "petit père des peuples" pour renvoyer cette dimension paternelle du côté de Staline : c’est prêter crédit à sa propagande qui voulait précisément donner de lui une image paternaliste rassurante, alors que la réalité était tout autre. Que je sache, dans aucun album le Grand Schtroumpf n’a instauré le goulag !)

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  • Heureusement que, avec "l’arbre d’or" les schtroumpfs s’intéressent eux aussi à l’argent, désormais.

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  • Qu’est-ce que j’entends ce matin dans la chronique de Stéphane BLAKOWSKI sur Europe 1 ? il paraît (selon un neurochirurgien allemand) que la lecture d’Astérix le gaulois soit un véritable danger pour nos chères têtes blondes. Ce nabot blond ne donnerait pas l’exemple en faisant, en quelque sorte, l’apologie de la bagarre en banalisant la violence à chaque coin de page ! Il inciterait les "kinders" à se foutre sur la tronche en s’envoyant des menhirs, ce qui provoquerait des lésions cérébrales et des traumas crâniens. Enfin, bon, j’exagère un peu mais je ne suis pas loin de la pensée sous-jacente qui ressort de ce genre d’étude à la "mords-moi-le-noeud" !

    Déjà qu’on nous a supprimé la cigarette du cow-boy solitaire pour cause d’incitation au tabagisme, qu’on nous gâve avec le supposé racisme de Tintin et de son créateur HERGE (sans remettre dans le contexte historique, c’est plus simple !), et que des rigolos écrivent des livres pour se faire mousser sur le dos des Schtroumpfs en les faisant passer pour des nazis ... faudrait pas trop pousser Mémé dans les orties !

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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