L’événement avait défrayé la chronique en 2006, une fillette enlevée en 1998 finissait par échapper à son ravisseur. La jeune femme expliqua par la suite, qu’elle avait bénéficié d’une certaine liberté de mouvement malgré sa séquestration et les présumées violences dont elle fut victime. En partant de ce fait-divers sordide, Jean-David Morvan a écrit une bande dessinée d’un noirceur incroyable : Appoline.
Rapidement, on comprend que c’est la relation d’amour - haine entre Appoline et son ravisseur qui va nous tenir en haleine durant les quelques soixante pages de cet album. Retenue prisonnière dans une pièce aménagée de la cave de son ravisseur, un jeu de séduction et de domination psychologique va s’installer au fil des pages et des années.
Sur la corde raide avec ce sujet très sensible, Morvan ose aller au bout de son envie d’un huis clos noir et dérangeant. Lui à qui l’on fait régulièrement le reproche d’abuser des séquences de course-poursuite, tient ici ses personnages dans quelques mètres carrés. La tension est maintenue par le dessin de TBC : anguleux, rugueux comme peuvent l’être certains comics américains (on pense parfois à Richard Corben). Le style choisi par le dessinateur slovène est complètement à propos pour cette histoire sombre et réaliste. Appoline sème le trouble, jusqu’au paroxysme des révélations finales, particulièrement bouleversantes.
Si le but de cette première collaboration entre Morvan et TBC était de créer un malaise, il est amplement atteint. On formulera tout de même quelques réserves sur le dessin de couverture et le sous-titre de l’album que l’on pourra juger au mieux raté, au pire racoleur.
Les bonnes BD noires ne sont pas légion, Appoline en fait clairement partie.
(par Morgan Di Salvia)
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