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"Après la rafle" d’Arnaud Delalande et Laurent Bidot d’après Joseph Weismann : un travail de mémoire poignant et original

Par Paul CHOPELIN le 28 janvier 2022                      Lien  
Son témoignage avait inspiré le film "La Rafle" de Rose Bosch. Joseph Weismann, l'un des rares enfants survivants de la rafle du Vel d'Hiv, a accepté que son histoire soit racontée dans une biographie dessinée. Une œuvre poignante et originale dans son traitement du poids individuel de la mémoire de la Shoah.

Paris, 1942. Le jeune Joseph Weismann, 11 ans, fils d’immigrés polonais, subit au quotidien les mesures vexatoires imposées aux juifs et la violence de la propagande antisémite qui s’étale sur les murs de la capitale. Le jeudi 16 juillet, le drame se noue. Il est raflé avec toute sa famille et parqué avec plus de 8000 personnes dans les gradins du Vélodrome d’Hiver.

Conduit au camp de transit de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, il est rapidement séparé de ses parents, envoyés à Auschwitz. Isolé, désemparé, il se lie d’amitié avec Joseph Kogan, un détenu du même âge, avec lequel il met au point un projet d’évasion.

"Après la rafle" d'Arnaud Delalande et Laurent Bidot d'après Joseph Weismann : un travail de mémoire poignant et original

Après la sortie du film La Rafle (2010), Joseph Weismann avait publié un livre de souvenirs aux éditions Michel Lafon pour transmettre sa terrible histoire aux jeunes générations, lui qui multipliait déjà depuis plusieurs années les déplacements dans les collèges et les lycées. Cette adaptation BD donne une nouvelle dimension à la parole du survivant.

Au scénario, Arnaud Delalande, habitué de la BD historique et du "biopic", propose un récit très classique, structuré autour de flashbacks qui permettent de suivre une à une les étapes de la persécution, de l’arrestation, de la détention et de l’évasion des protagonistes. Une grande attention a été portée, et c’est sans aucun doute le point fort de l’album, à la vie "après", à la gestion quotidienne du traumatisme, aux silences, au deuil difficile, voire impossible face à l’effacement. Une rencontre avec Simone Veil agit comme un déclic : le témoignage devient source d’apaisement et d’espoir. Seule la conclusion, extrêmement convenue, tombe un peu à plat.

Le dessin de Laurent Bidot, très encré, appuie efficacement le récit. Les planches consacrées à l’évasion des deux enfants, dans la toile des barbelés puis dans l’ombre protectrice des frondaisons, sont particulièrement fortes. L’album a été publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Nul doute qu’il soit appelé à devenir un support efficace de transmission du souvenir de cette sombre page de l’histoire.

Voir en ligne : présentation de l’album sur le site de l’éditeur

(par Paul CHOPELIN)

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Code EAN : 9791037505699

Après la rafle. Une histoire vraie - Par Arnaud Delalande (scénario), Laurent Bidot (dessin) et Clémence Jollois (couleurs) - d’après le livre de Joseph Weismann - Les Arènes BD - 19 x 27 cm - 128 pages couleurs - 21 €

Les Arènes ✍ Arnaud Delalande ✏️ Laurent Bidot à partir de 13 ans Biopic Histoire
 
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7 Messages :
  • C’est dommage, on ne reconnaît pas le style de Bidot, habituellement plus "ligne claire réaliste" et moins chargé.

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    • Répondu le 28 janvier 2022 à  15:47 :

      Je trouve au contraire que l’utilisation des aplats noirs apporte de la force à son graphisme et c’est de plus pertinent avec la gravité du sujet.

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      • Répondu par Milles Sabords le 28 janvier 2022 à  21:10 :

        Ce n’est pas parce-que le sujet et grave et terrible, qu’il faut en noircir encore plus l’esthétique visuelle. Les albums sur Madeleine Riffaud et Simone Veil le démontrent parfaitement.

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        • Répondu le 29 janvier 2022 à  10:57 :

          Ce n’est pas une raison en effet. Mais il ne vous a sûrement pas échappé que l’art expressionniste est concomitant de la première guerre mondiale. « Noircir » comme vous dites est à l’époque une réaction à l’angoisse des temps, à l’irruption de la terreur de masse, à l’industrialisation de la mort qui culminera quelques décennies plus tard avec la Shoah. On ne peut pas extraire les artistes de leur géographie et de leur époque.

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          • Répondu par Milles Sabords le 29 janvier 2022 à  16:12 :

            Sauf que nous ne sommes plus dans le sillage de Frans Masereel ou Erich Heckel, ni à l’aube du krach boursier de 1929. Depuis le film de Roberto Benigni, on peut très bien éviter les poncifs pour traduire l’horreur.

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            • Répondu le 30 janvier 2022 à  17:06 :

              La Vie est Belle de Begnini ? Vous êtes sérieux, là ?

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              • Répondu par Milles Sabords le 31 janvier 2022 à  05:52 :

                Film multiprimé à travers le monde, palme d’or à Cannes, tout est dit.

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