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Ardalen, vent de mémoires - Par Miguelanxo Prado (traduction Andrea Beyhaut) - Casterman

Par David TAUGIS le 22 juillet 2013                      Lien  
Une femme au seuil de la maturité, à la recherche de traces d'un témoin des années d'aventure de son grand-père. Un prétexte à faire une pause, s'émerveiller d'un ailleurs fantasmé. Dans le petit village ou elle débarque, c'est pourtant un nœud de frustrations qu'elle découvre.

Prado balance souvent entre deux inspirations : des fictions élégantes, d’une grande finesse, qui grandissent les personnages et touchent à l’universel, et des portraits au vitriol, des tableaux d’une Espagne vieillissante, aigrie et recroquevillée. Ici, on a un peu des deux. Sabela arrive dans une vallée perdue, avec un vrai roman en tête, autour du passé naviguant de son grand-père. A un moment ou sa vie est morose, sans perspectives, elle espère y trouver un but, une récréation. Mais les villageois, piliers de bar, qui l’accueillent, n’ont que sarcasmes et cynisme à la bouche. Reste Fidel, qui aurait connu le personnage en question, mais qui semble souvent ailleurs, et pour tout dire, au bord de la mythomanie...
Ardalen, vent de mémoires - Par Miguelanxo Prado (traduction Andrea Beyhaut) - Casterman
Le soin extrême apporté à l’écrin va de pair avec l’esprit nostalgique qui a mu l’auteur dans ce Ardalen aigre-doux. Des chapitres superbement découpés, de vrais-faux documents d’époque intercalés, une palette de couleurs très riche. Les habitués connaissent ce style, et notamment un hachurage fin et clair qui a peu d’équivalents.

Tout en manifestant une grande tendresse à ses deux principaux personnages, Sabela et Fidel, Prado charge la barque : ces petits vieux bougonnants incarnent une micro-société effrayante, ou la médisance tient lieu d’ordre du jour permanent. L’un d’eux, l’abominable Tomas, en représentel’extrême monstrueux, et connaîtra un destin tragique. Une figure vraiment trop marquée, qui aurait mérité un peu de nuances.

L’autre cheval de bataille de l’auteur, ce sont les scènes oniriques, omniprésentes. Le vieux Fidel, cramponné à un passé qu’il ne maitrise plus, redouble d’efforts pour retrouver sa mémoire. L’occasion de rêver debout, avec force apparitions féminines et intrusions d’animaux aquatiques flottants. De jolis passages qui apportent de l’oxygène dans ce quotidien étouffant.

Ardalen propose au bout du compte une curieuse histoire de rédemption, avec un hommage appuyé aux solitaires rêveurs, et une Espagne "profonde" assez pathétique. Tout l’humanisme désabusé de Prado s’y retrouve.

(par David TAUGIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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