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Arnest Ringard et Augraphie - Par Jannin, Franquin et Delporte - Marsu Productions

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 octobre 2006                      Lien  
Pistonné, le Jannin! Il a suffi qu'il soit le pote de Culliford, le fils de Peyo, pour qu'il rencontre le Dieu du dessin André Franquin et son prophète barbu, le scénariste Yvan Delporte. Un Dieu humble descendu de son Olympe et un bouffon à la barbe de feu qui lui apprirent les rudiments de la bande dessinée.

Il a eu, comme dirait Yvan, "le nul cordé de bouilles". Rétroactes : en 1977, le jeune Frédéric est recruté par Franquin et Delporte pour animer Le Trombone Illustré, le supplément de Spirou que nos deux complices et leurs amis conçoivent en ricanant dans la cave des éditions Dupuis, pendant qu’à l’étage le rédacteur-en-chef de Spirou fulmine. Car quoi ? FRANQUIN, LE Franquin de Spirou, Gaston Lagaffe et Marsupilami et LE DELPORTE scénariste des Schtroumpfs, le génial timonier des années d’or de Spirou, s’amusent, avec ce gamin, à produire des pages pas du tout commerciales au lieu de s’appliquer à débiter du Gaston à la chaîne ! Dieu doit être sadique pour s’obstiner ainsi à distribuer le talent aux gauchistes...

Cela donne les aventures d’Arnest Ringard et de son ennemie et locataire chérie, la taupe Augraphie. Le dessin de Jannin oscille entre le trait épaulé jeté de Brétécher et les entrechats graphiques du créateur de Gaston. Il y a chez lui une facilité du trait expressif, une rapidité que Franquin lui envie. Pour celui-ci, Jannin a trouvé la pierre philosophale. Il s’allie avec Delporte pour lui scénariser des récits d’une grande profondeur (normal, pour une taupe) et où la contrepèterie camoufle avec finesse des jurons d’une réjouissante verdeur. Delporte et Franquin, c’est le Ringard porté au sublime : "Tu es fait, Larsen", "J’en ai rien à brancher", "Qu’est-ce que c’est que ce boutoir de fort d’aile ?", "Ça me coûte la faux d’épaisse", "Il a le culot de venir moudre la ferte chez moi...", etc. Avec eux, l’Almanach Vermot est vermoulu, Tillieux, Audiard et Goscinny s’inclinent : même saouls, ils n’auraient pas osé. Le calembour vaseux a trouvé son Everest.

On se réjouit donc de cette intégrale qui paraît au moment où la grande exposition Franquin prend ses quartiers à Bruxelles. D’autant qu’à la fin de l’album, Jannin a pris soin de publier quelques extraits des conseils que le maître lui adresse en commentaire de ses dessins envoyés par fax. Des documents qui révèlent une observation aiguë exprimée avec une grande humilité. Si l’on apprécie une remise en couleurs sans faute, on déplore néanmoins un lettrage qui aurait gagné à disposer d’un oeil de lettre [1] un peu plus large.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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[1Pour la définition de "l’oeil de la lettre" qui régit les proportions entre la largeur et la hauteur d’une lettre, on peut lire cette page de l’Encyclopédie.

 
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