En pleine rue, Miriam, une mère de famille, est kidnappée par deux hommes cagoulés. Nous sommes en 2011 dans la ville mexicaine d’Ensenada. La victime comprend vite qu’elle est aux mains de l’armée, et qu’on lui reproche de façon tout à fait ahurissante d’être liée au trafic de drogue. Commence alors en prison une longue série de viols et de violences, physiques et morales. Son mari, d’abord abattu, trouve de l’aide auprès d’une association nationale. Une autre lutte commence, avec d’un côté la volonté de sortir Miriam de cet enfer, et de l’autre faire condamner les bourreaux. Mission impossible ?
Le cas de Miriam a été suivi par Amnesty International, qui coédite l’album signé Van Linthout et Fisher, un duo déjà réuni dans Braquages et bras cassés. Si la violence extrême qui sévit au Mexique est connue du grand public, ces arrestations arbitraires le sont moins. D’autant que les cas se comptent par centaines. Le récit raconte les faits avec précision et retenue, et cela suffit largement à capter l’attention. Le climat oppressant et la force implacable de l’injustice évoquent le film Midnight Express.
Comme d’habitude dans cette collection, plusieurs pages complètent l’album : les commentaires de Georges Van Linthout autour de son travail, et un article d’Amnesty qui élargit le propos. Si le constat demeure relativement pessimiste, le témoignage s’impose dans sa pertinence, tant il pointe une situation sans équivalent de dérive totalitaire dans un pays démocratique.
(par David TAUGIS)
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