Comment est née votre série, « Péchés Mignons », une satire drôle et sexy, de la drague et de la sexualité ?
Au début des années 2000, j’avais intégré une boîte de développement de jeux vidéo. On m’a demandé d’inventer des personnages typés pour un projet sur Internet. J’ai dessiné une petite amazone sexy. Bien qu’elle n’ait pas été retenue, cette illustration a rapidement fait l’unanimité parmi mes collègues. Je travaillais en parallèle pour Max Magazine. La rédaction avait vu ce petit projet. Ils voulaient que je crée une bande dessinée en utilisant ce style. J’y ai donc publié une planche de Péchés Mignons tous les mois. Quand Thierry Tinlot est devenu le rédacteur en chef de Fluide Glacial, il m’a proposé de publier les planches parues dans Max dans son journal.
Vous explorez les rapports hommes/femmes dans votre série. Arthur, le personnage central des deux premiers tomes, a des attitudes machistes. Mais l’est-il réellement ?
Arthur est largué. Au fond de lui, il a des restes machistes qui sont en train de disparaître. Il est surtout perdu car il ne comprend rien aux filles. Les rapports entre les hommes et les femmes sont en train de changer. Et lui, il ne sait pas quel comportement adopter. Il est soit trop macho, soit il ne l’est pas assez. Il se pose de nombreuses questions : au restaurant, il se demande s’il doit payer l’addition ou pas. S’il offre le restaurant à la fille, celle-ci risque d’être courroucée car elle n’a pas envie d’être une assistée. S’il ne la paie pas, il ne se montre pas galant. Arthur est décalage par rapport à son époque. Il se pose trop de questions. Le troisième album est plus centré sur les réflexions que portent les filles, avec une mise en avant d’un personnage féminin.
Quelles sont vos influences ?
Pour le côté poupée sexy, Betty Boop ! Et puis, les mangas même si je n’en lis pas beaucoup. Je suis plus influencé par ce que je vois au quotidien. J’essaie de mélanger des tendances adultes et enfantines dans mon graphisme…
Vous aimeriez que ces « Péchés Mignons » soient animés ?
J’ai d’autres projets dans l’animation. Dont un assez avancé qui est dans les tiroirs d’un producteur depuis trois ans ! Je reprends le même type de personnage, mais dans un univers de bureau : avec les potins, les crêpages de chignon, les coups-bas, etc. J’ai mené ce projet avec une coscénariste, Camille Serceau. Celle-ci a d’ailleurs écrit certaines histoires du deuxième tome de Péchés Mignons. Nous avons les personnages, les histoires, mais il ne manque plus que l’aval d’une chaîne pour que le projet se fasse. On attend patiemment...
De nombreuses filles sont créditées pour les scénarios des gags du deuxième tome. Avez-vous besoin d’avoir des conseils féminins ?
J’ai réalisé un tiers des histoires pour cet album. Des amies et des amis m’ont aidé pour le reste. Ils ne travaillent pas dans la bande dessinée. Cette touche féminine était importante. Les filles ont été plus trash que les hommes dans les thématiques abordées. Elles m’ont écrit des histoires sans aucun tabou. Tandis que les hommes se sont autocensurés. Je m’attendais à ce que cela soit l’inverse …
On vous voit partout dans les librairies : un art-book, trois albums de Péchés Mignons, les couvertures de la collection « Osez »…
Le style graphique des couvertures de Osez est fort proche de Péchés Mignons. C’est un graphisme que j’utilise uniquement pour ma production glamour et sexy. Lorsque je travaille pour la publicité, j’emploie un trait différent, plus rectiligne.
La collection Osez accueille des guides sur la sexualité, en éliminant le côté scabreux qui peut déplaire à certaines personnes. Des livres sont consacrés à l’échangisme, à la SM, etc… Bref, des pratiques dont on penserait qu’elles sont destinées à des initiés. L’éditeur voulait en faire une collection « tout public ». Ils m’ont demandé de leur dessiner des couvertures mignonnes, glamour, de manière à ce que les lecteurs se sentent tout de suite à l’aise.
Vous devenez le spécialiste du genre !
Je ne sais pas (Rires). Mais grâce à Osez et Péchés Mignons, j’apprends un maximum de chose sur les filles ! Parfois, je fais des réunions avec des amies pour avoir des idées pour Péchés Mignons. On part sur différents sujets, et les filles me racontent tout ce qu’elles connaissent sur le comportement des mecs. Elles sont pires que nous ! C’est dingue … C’est pour cette raison que j’ai fait le troisième tome avec une co-scénariste, Maïa Mazaurette, en l’axant sur un personnage féminin. Il y a tellement à dire sur elles !
Comptez-vous les faire évoluer ? Les confronter à la vie de couple, aux enfants, etc…
Je ne pense pas que cela dépassera le stade de la vie de couple ! Mes femmes, dans « Péchés Mignons » sont des poupées caricaturales avec de grosses hanches. Elles risquent de perdre tous leurs effets graphiques en étant enceintes. Et puis, je ne suis pas encore confronté au phénomène. Le jour où je serais concerné, je ferrais peut-être un album sur ce sujet. Mais pas avec ce dessin, qui colle beaucoup trop à la séduction, au côté sexy …
(par Nicolas Anspach)
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Propos recueillis en janvier 2008, à Angoulême.
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