Discrète et oubliée des siens, la jeune Asa ne rentrera jamais chez elle. Un étrange kidnappeur rôde et profite de l’imminence de la catastrophe pour vaquer à de basses besognes – au service de grands idéaux. Le nouvel improbable duo de Naoki Urasawa est en place et va s’appréhender au fil d’un tome classique de l’œuvre du mangaka.
Suivez leurs aventures et péripéties au milieu des décombres, secourant la population, jusqu’au cliffhanger de fin de tome : élargissement de la focale et révélation d’une mystérieuse et gigantesque trace de pas. La touchante mise en appétit s’est achevée, les personnages se sont appréhendés, l’intrigue peut s’amorcer.
Ce premier tome signe le retour de Naoki Urasawa derrière la planche à dessin pour une série au long cours. Capable de prouesses tant narratives que graphiques, à l’instar de 20th Century Boy ou Monster sur des créations originales, le maître japonais s’est également illustré en tant que repreneur sur l’excellent Pluto où il offrait un nouveau cadre de développement au célèbre enfant-robot d’Osamu Tezuka.
Avec Asadora !, Urasawa plonge au cœur des traditions culturelles japonaises en s’inspirant librement du type de production télévisuelle nippon éponyme : série dramatique feuilletonnante diffusée chaque matin de la semaine à raison d’un quart d’heure par jour. Si la référence paraît évidente, l’artiste s’apprête à explorer un autre pan de la culture audiovisuelle japonaise : les Kaiju !
Les scènes d’introductions colorisées, à la construction typique du genre cinématographique consacré par le succès mondial de Gozilla and co., relancées par les planches conclusives, évincent tout doute quant à la nature fantastique du récit.
Ce nouveau cadre de développement de récit suit toutefois les codes de la narration d’Urasawa. Comme évoqué en introduction, le renvoi au passé dès les première planches, typique des ressorts scénaristiques de l’auteur, prépare le lecteur à l’appréhension d’une ligne temporelle torturée, étalée sur plusieurs époques à la fois. L’auteur s’apprête ainsi à dresser un panorama historique du Japon, à la manière de 20th Century Boy, depuis l’après-guerre jusqu’à nos jours, comme énoncé par le narrateur en début de tome.
Enfin, de nombreux éléments de construction de l’univers résonnent au fil des pages comme autant de pistes de développement d’une intrigue joyeusement tortueuse : le sport et les Jeux olympiques avec le jeune Shôta ou encore la musique populaire qu’Asa ne semble pas parvenir à se sortir de la tête. Autant de fils rouges à garder en tête dans l’attente du prochain numéro de la série.
Reste donc des personnages émouvants, déterminés, aux caractères travaillés et profondément humains, un univers d’ores et déjà foisonnant, regorgeant de mystères et s’étalant sur plusieurs dizaines d’années ponctuée d’une première montée du suspens comme peu en ont le secret, aucun doute n’est possible, Urasawa senpai est de retour !
(par Thomas FIGUERES)
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Les encadrés sont à retrouver à la librairie parisienne Le Renard Doré au 41 rue Jussieu. L’exposition, en partenariat avec les éditions Kana, aura cours jusque mi-mars, foncez tant qu’il est encore temps !
Asadora ! T.1 - Naoki Urasawa - Éditions Kana - Sortie : 31 janvier 2020 - Prix : 7,45 euros.