Nous ne reviendrons pas trop sur l’histoire en elle-même qui figure parmi les meilleures aventures d’Astérix. Jules César, afin d’assurer son triomphe, est à la recherche du bouclier que Vercingétorix avait délicatement déposé à ses pieds lors de sa reddition. Abraracourcix, le chef gaulois, doit impérativement, sur les conseils du druide Panoramix, suivre un régime draconien dans une cure thermale en pays arverne (Auvergne). Lors de son périple d’abord très culinaire, il est accompagné d’Astérix, Obélix et Idéfix bien sûr. Les Romains vont en voir de toutes les couleurs et surtout du noir en visitant les caves à charbon de la région. Les scènes à se tordre de rire vont se succéder tout au long de ces 44 pages mémorables.
Mais intéressons nous de plus près à ce que propose cette version « de luxe » : tout d’abord l’album en grand format et aux couleurs retravaillées tel qu’il était proposé dans la « grande collection ». Jusque là, rien de bien neuf. Même Assurancetourix ne se sentirait pas le besoin d’entamer un chant pour l’occasion.
Ensuite, et là les choses commencent à devenir nettement plus tentantes pour susciter le lyrisme du barde et notre intérêt : un dossier constitué de photos de tournage, des dessins publicitaires inédits annonçant cette nouvelle aventure, des reproductions de dessins réalisés à la gouache comme la couverture par exemple, autant de bonus qui feraient déjà saliver plus d’un inconditionnel du Gaulois. Mais les extras ne s’arrêtent pas là car vient le synopsis de René Goscinny tapé sur sa bonne vieille machine à écrire Keystone Royal (provenant des archives d’Anne Goscinny). Ces feuilles reproduites telles quelles avec leur ratures, fautes de frappe, inscriptions ajoutées à la main, représentent exactement ce qu’Albert Uderzo a reçu en 1968 pour réaliser son travail de dessinateur. Ce document exceptionnel nous permet de réaliser au mieux combien ce duo de génies était en symbiose.
La dernière partie de l’ouvrage est également un trésor puisqu’il s’agit ni plus ni moins des scans des planches originales et donc, en noir et blanc. Cette présentation permet d’admirer tous les détails et procure une nouvelle lecture au passionné qui s’attardera sur le moindre détail (les figurants en arrière plan, les objets, arbustes, plantes, feuilles mortes jusqu’au plus petit brin d’herbe) car tout s’admire dans le dessin d’Albert Uderzo.
Toutefois (et non tu ne chanteras pas Assurancetourix !), notre esprit gaulois ne serait pas ce qu’il est si nous ne râlions pas sur un point ou l’autre. Même si le papier d’un blanc immaculé utilisé pour ces reproductions de planches originales n’est pas désagréable, on lui aurait préféré, tout comme ce fut le cas pour certains albums réédités dans cette collection « de luxe » (Le Domaine des dieux, Le Tour de Gaule, Le Combat des chefs,…) l’usage d’un papier gris-brun plus en adéquation avec ces planches normalement jaunies par le temps. Voir des traces de doigts ou de gomme (si toutefois il y en avait) du maître. Les voir tout simplement dans leur jus plutôt que de les recevoir nettoyées de toutes aspérités ou pliures. Aussi, les bonus du dossier pour cet album, même s’ils sont exposés sur le même nombre de pages que ses prédécesseurs, sont moins nombreux car plus étalés pour cet épisode.
En conclusion, cette réédition, malgré ces remarques dont il faudra tenir compte à l’avenir pour satisfaire les plus exigeants, vaut vraiment son pesant (raisonnable) de sesterces. Nous ne bouderons pas notre plaisir dans notre coin avec Obélix qui a dû subir un petit régime inutile dans cette aventure. Et même si nous avons empêché Assurancetourix de chanter, il lui est permis, comme c’est la cas de manière exceptionnelle à la fin du Bouclier arverne de s’attabler avec nous pour fêter cette sortie et de dire, en levant bien haut nos cornes remplies de cervoise, encore une fois à René Goscinny et Albert Uderzo : MERCI !
« Fin de l’épisode. »
(par David SPORCQ)
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