C’est une machine de guerre bien huilée : la fin de l’année 2013 était consacrée au lancement d’un tout nouvel album d’Astérix dont la réalisation, pour la première fois, n’était plus confiée à ses créateurs d’origine. Fin 2014, c’est le film d’Alexandre Astier et Louis Clichy tiré d’Astérix et le Domaine de Dieux qui fait l’affiche, en attendant le nouvel album qui devrait respecter une cadence d’une sortie tous les deux ans. Une bonne nouvelle pour Didier Conrad qui avait dû exécuter Astérix chez les Pictes en seulement quelques mois.
Là encore, la légion gallo-romaine montre son efficacité : Teasing savamment distillé, mise en avant d’auteurs charismatiques : le Alexandre Astier de Kaamelott et un des animateurs les plus doués de Pixar, le Français Louis Clichy.
Ici encore, nous avons une nouveauté : Astérix, adapté au cinéma depuis 1967, après avoir vécu le film d’animation en 2D et l’adaptation en prises de vue réelle, passe cette fois pour la première fois en 3D.
Et comme l’essentiel de l’album se déroule dans le village gaulois ou tout à côté, toute la galerie des personnages principaux d’Astérix peut être exploitée, suscitant une multitude d’actions secondaires. Le Domaine des Dieux est en effet le seul album où Rome, et pour cause, s’invite dans le village des irréductibles.
La 3D apporte une dimension inédite à l’univers d’Astérix : les personnages, même s’ils souffrent d’une esthétique graphique dépendante des logiciels et qui stéréotype quelque peu leurs traits (la filiation avec Pixar est évidente), gagnent une plasticité extraordinaire qui permet de restituer les qualités du dessin d’Uderzo : une science inouïe de la perspective et du placement d’un personnage dans l’espace qui permet à Astérix de jeter un Romain dans l’air, comme il le ferait d’une poupée de chiffons.
La 3D a un autre avantage : elle permet de conserver une base de données des personnages favorable aux économies d’échelle sur les productions futures. Il est plus que probable que M6 devrait bien se positionner pour les réalisations à venir dans le domaine de l’animation. On remarquera en souriant que l’un des coproducteurs du film n’est autre que Belvision, la société belge fondée par Raymond Leblanc, qui fut le producteur du premier film d’Astérix le Gaulois en 1967.
Autre pérennité d’Astérix : sa voix est assurée par Roger Carel qui l’incarnait déjà dans le premier dessin animé d’Astérix, il y a 47 ans !.
Affaire de fidélité
Cette longévité rappelle que toute l’histoire d’Astérix est une affaire de fidélité. Fidélité à l’esprit de René Goscinny qui disparaît en 1977, laissant Uderzo seul aux manettes ; fidélité de la reprise par Ferri et Conrad ; fidélité des adaptations cinématographiques par rapport à l’album ; fidélité au public enfin qui n’admettrait pas que l’on touche à "son" Astérix.
Pourtant, Astier et Clichy prennent des distances avec l’album : on ne trouvera pas dans le film la célèbre réplique "On ne parle pas sèchement à un Numide". Les réalisateurs mettent aussi en évidence, pour des raisons de dramaturgie, les failles de leurs personnages. Même Obélix, dans cette histoire, est réduit à l’impuissance aussi sûrement que Superman face à la kryptonite.
Mais les codes sont respectés, ce qui vaut à ce film une critique favorable à peu près unanime et un succès public qui le place en tête du Box Office dès la première semaine d’exploitation.
Évidemment, un tel événement suscite une actualité éditoriale. Les éditions Albert René en profitent pour ressortir une nouvelle édition de l’album avec un dossier spécial de 16 pages.
Par ailleurs, l’essayiste Nicolas Rouvière, déjà auteur de deux ouvrages sur le Gaulois, a publié au printemps un nouvel ouvrage, Le Complexe d’Obélix, une relecture de l’œuvre à la lumière du chouette copain d’Astérix.
Ali Rebeihi, revient d’ailleurs samedi prochain, dans son émission Pop Fiction sur France Inter, une émission dont ActuaBD anime la chronique BD avec Olivier Delcroix du Figaro, sur ce film et sur le phénomène Astérix en général, avec un plateau d’invités dont Nicolas Rouvière fera partie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
"Astérix au cinéma, Mission impossible ?" - Samedi - décembre 2014 à 20h00.
Mais on peut toujours podcaster l’émission sur LE SITE DE FRANCE INTER.
Commander "Le Domaine des Dieux" (édition spéciale) de René Goscinny et Albert Uderzo chez Amazon ou à la FNAC
Commander "Le Complexe d’Obélix" chez Amazon ou à la FNAC
© M6 Studio, Belvision, M6 Films et SND.
Participez à la discussion