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Au coeur du strip

Par Le Bédénaute Marianne St-Jacques le 17 octobre 2009                      Lien  
Le 10e RVIBD de Gatineau était l’occasion d’une table ronde réunissant trois grosses pointures du {comic strip} : Christophe Bertschy qui vient de dépasser le 2 000e strip de {Nelson}, Daniel Shelton, qui alimente les aventures quotidiennes des retraités Ben et Olivia depuis 1997 et Lynn Jonhston, dont la série {For Better or for Worse} marche depuis 29 ans (plus de 10 000 strips quotidiens, en plus des pages en couleur de l'édition du week-end!). Questions et réponses sur les hauts et les bas du comic strip, animées par Hugues Beaudoin-Dumouchel, qui assurait également l’interprétation entre l’anglais et le français.

Mais d’où vient l’intérêt de ces auteurs pour le strip, cette bande dessinée de deux ou trois cases ?

Bertschy explique qu’il en lisait beaucoup dans sa jeunesse : « J’ai toujours été attiré par l’école anglo-saxonne / nord-américaine ». C’est également le cas pour Daniel Shelton, qui a remarqué que peu de strips abordaient la vie et les aventures de grands-parents ou de retraités, d’où l’idée pour Ben et Olivia. Lynn Johnston, quant à elle, explique comment elle a été embauchée par son syndicate : « On m’a demandé de faire vingt strips en une semaine pour voir si je pouvais travailler sous pression. Je l’ai fait et on m’a envoyé un contrat de vingt ans. » Elle a alors décidé de centrer l’action de For Better or for Worse autour les membres de sa propre famille parce qu’elle avait l’impression que c’était la seule chose qu’elle pouvait dessiner à répétition.

Au coeur du strip
Hugues Beaudoin-Dumouchel, Bertschy, Daniel Shelton et Lynn Johnston discutent des hauts et des bas du comic strip au quotidien.
(Photo : Marianne St-Jacques)

Utilisent-ils une méthode de travail pour pouvoir vivre avec des échéanciers aussi serrés ?

Pour Daniel Shelton, « Le lundi est un journée d’écriture. Le mardi, je procède à la réalisation du dessin et de l’encrage pour terminer le tout vendredi ». Bertschy travaille également semaine par semaine : « Avoir des deadlines, ça me discipline. » dit-il. Pour Lynn Johnston, la création quotidienne de strips est très exigeante : « Il faut travailler partout : dans l’avion, à l’hôtel... Il faut combler l’espace dans le journal à tous les jours, sinon on n’a plus d’emploi. Ça devient un mode de vie. »

Que font-ils lorsqu’ils sont en panne d’inspiration ?

Lynn Johnston choisit de faire le vide pour un moment : « Il faut faire autre chose, comme se rattraper dans son courrier, jusqu’à ce que l’inspiration revienne. Il faut travailler très fort. »

Bertschy explique qu’il est parfois obligé d’écrire des strips de qualité moyenne lorsque l’inspiration n’y est pas : « Parfois, j’utilise deux ou trois strips de remplissage pour la prépublication ; pour le recueil, je ne les mets pas, ou je les retravaille. »

Pour les journaux quotidiens, les strips sont le plus souvent distribués par l’intermédiaire de syndicates, des agents qui représentent les auteurs et placent leurs œuvres, mais à un certain prix !

Lynn Johnston parle justement de ses relations avec son syndicate : « Au début, j’avais un contrat de 20 ans où le syndicate empochait 50% des recettes, ce qui est acceptable car il travaille très fort pour nous faire connaître. Mais après sept ou huit ans, cette situation devient difficile : on n’a pas de vacances, on n’est pas payé pour le travail supplémentaire et nos personnages, ainsi que tous les droits sur notre création, continuent d’appartenir au syndicate. J’ai fait la grève, avec Cathy Guisewite (Cathy) et Jim Davis (Garfield) et nous avons gagné contre le syndicate. »

Quelles ont été les influences ou les sources d’inspiration de ces trois auteurs ?

Pour Bertschy, ce sont Gary Larson (The Far Side) et Scott Adams (Dilbert). Pour Daniel Shelton, ses modèles francophones sont Hergé et Franquin, mais comme il provient d’un milieu bilingue, ses influences proviennent à la fois de l’univers franco-belge et de l’univers anglo-saxon : « Pour les comic strips, j’appréciais beaucoup Shoe de Jeff MacNelly. J’admirais beaucoup son dessin. J’admire Lynn Johnston pour son habileté à raconter des histoires et à faire évoluer ses personnages à long terme », dit-il.

Arrive-t-il que le public lecteur se manifeste ?

Lynn Johnston partage l’anecdote du fameux strip, réalisé en 1993, dans lequel le personnage de Lawrence, un ami d’enfance de Michael, avoue son homosexualité : « J’ai mis un personnage gai dans mon strip parce que mon beau-frère est gai et parce qu’un homosexuel avait été assassiné récemment. Je savais que ce serait controversé. Mon syndicate m’a permis de le faire. Quelques journaux (une quarantaine) ont annulé leur abonnement au strip mais j’en ai gagné 53 nouveaux, car lorsqu’un journal laisse un strip, son concurrent l’achète. J’ai reçu beaucoup de lettres d’injures et même des menaces de mort à propos de ce strip en particulier. Mais j’ai aussi reçu beaucoup de lettres de soutient. J’étais très contente d’avoir fait ce strip. Il a été mis en nomination pour un prix Pulitzer. »

Cette table ronde était organisée dans le cadre du10e Rendez-vous International de la BD de Gatineau, le dimanche 11 octobre à 10:30 h.

Le site de Bertschy

Le site de Lynn Johnston

Le site de Daniel Shelton

Logo : Le diablotin Nelson est © Christophe Bertschy, le chien Farley est © Lynn Johnston et le retraité Ben est © Daniel Shelton.

(par Le Bédénaute)

(par Marianne St-Jacques)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Les discussions de cette table ronde s’étant déroulées en français et en anglais, certains propos ont été traduits de l’anglais par Marianne St-Jacques.

 
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1 Message :
  • Au coeur du strip
    19 octobre 2009 09:35, par Sergio Salma

    Sans trop généraliser, je prends au mot l’auteure de l’article qui pose d’entrée la question" mais qu’est-ce qui attire les auteurs vers le format strip ?"
    Il faut refaire l’historique et se rendre compte que c’est l’essence -même de la bande dessinée. Et sans vouloir trop la ramener, c’est dans les journaux que la bande dessinée est née, sous ce format particulier encore très pratiqué mais qui est aujourd’hui un genre parmi d’autres. On peut observer que le format strip a vite dévié vers la page complète ( le dimanche ou dans les suppléments, la bédé était déjà un cadeau pour les loisirs) et lentement les récits se sont allongé pour aboutir aux sagas et autres ballades de la mer salée.
    Dans son appellation francophone, il nous reste le vestige de sa place originelle puisque l’on dit" bande dessinée". C’était la partie dans les journaux qui n’était pas constituée de textes ou de photos ; la partie dessinée. D’où le nom.

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