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Au nord de White Sands - Les Innommables, n°11 - Yann et Conrad - Dargaud

Par Patrick Albray le 31 mai 2003                      Lien  
Née dans le journal Spirou en 1980, la série des "Innommables" a déjà connu plusieurs vies. Dans le Spirou des années 80, bien sûr, dont elle fut rapidement virée pour cause de contenu non-politiquement correct. Chez Temps Futurs, ensuite, pour le temps d'un album. Chez Bédéscope et Glenat, enfin, avant de trouver un nid douillet chez Dargaud, où se multiplièrent rééditions avec ou sans gadget, avec ou sans ordre chronologique, et suite plus ou moins compréhensible par les fans survivants. Pour ceux-ci (les autres sont largués depuis longtemps), voici donc, euh, la suite. Et ne comptez pas sur moi pour vous résumer les dix épisodes précédents.

Finalement, Les Innommables, c’est très simple.

Le tout est d’attaquer la bête calmement, sereinement, patiemment.
Début des années cinquante. Le bon gros Mac cherche Jade, l’enfant qu’il a fait à Alix, ex-agent secret du grand timonier Mao himself. Au nouveau Mexique, juste à l’est de Roswell, Mac trouve enfin la fillette qui a été adoptée par le fils d’un milliardaire fêlé grave qui rêve de régénérer la race humaine en faisant engrosser une extraterrestre par un fier représentant de la fière Amérique. Chouette l’extraterrestre, une blonde gironde comme on en trouve plus, même à Bordeaux.

Mais revenons à nos cochons. Le fifils du milliardaire étant homo comme un phoque, sa femme est évidemment un mec qui s’est fait poser des implants, mais des implants ! On vous dit que ça. Dans ce milieu de givrés, Jade a la comprenette qui se lézarde sévère. La pauvre chérie ne trouve réconfort qu’auprès de Lafayette, escroc de la plus belle eau qui fera plus tard fortune en écrivant de la SF et en créant une secte célèbre (on vous donne pas son vrai nom parce que Yann ne le mentionne pas, et comme Yann a lui aussi a un caractère de cochon, on préfère ne pas prendre de risques).

Lafayette s’occupe aussi de la femme du milliardaire qui se prend pour Cléopâtre (la femme, pas le milliardaire, un milliardaire en Cléopâtre, ça serait ridicule). Et, à vue de nez, son état n’est pas prêt de s’arranger. Mais oublions tout ça au profit d’un moment d’intense émotion : Mac et Jade se retrouvent ! Mais Mac ne sait pas (Yann sait doser le suspense, merci Yann) qu’Alix est là, dans l’ombre, ayant perdu la mémoire et se demandant qui est ce gros mec et cette enfant qui lui ressemble comme deux grains de riz. Vous visez la coupure ? On s’achemine vers du quiproquo grand cru !

Tout ça est évidemment persillé d’anecdotes à mourir. L’extraterrestre veut récupérer sa soucoupe volante, qui est une vraie soucoupe volante alors que, vous allez rire, l’extraterrestre est en réalité une espionne russe !

Passons les détails, les nazis évadés d’un camp de prisonniers qui rodent dans la nuit (authentique !), la base secrète planquée pas loin, Tony, le copain complexé qui comprend enfin ce que cache l’expression si galvaudée « se passer la bite au cirage », oui, passons et arrivons enfin - sonnez hautbois, résonnez musette ! - au happy end : Jade, après avoir constaté de visu qu’Alix n’a pas un zizi de garçon, tombe dans les bras de ses parents. C’est beau. C’est émouvant. En route pour de nouvelles aventures !

On vous l’avait bien dit : Les Innommables, ce n’est pas si compliqué que ça. Suffit de s’y attaquer calmement, sereinement, patiemment.

(par Patrick Albray)

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Code EAN :

Soit vous faites partie des aficionados qui suivent Yann et Conrad dans les multiples versions de leur saga, soit vous avez abandonné depuis longtemps une série qui avait superbement commencé mais dont les qualités se sont diluées depuis dans des scénarios de plus en plus invraisemblables. Certes, la formidable aisance graphique de Conrad, le talent de dialoguiste de Yann, réussissent chaque fois à sauver le nouveau nième album, mais la désagréable impression est désormais là à chaque nouveau tome : où est le vitriol d’antan, celui qui permettait à la série de bouleverser tous les tabous ? Tous les tabous ayant depuis été bouleversés, a-t-elle encore une raison d’être ?

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