« Comme beaucoup, j’ai tâtonné pour trouver mon chemin. J’y ai rencontré des gens géniaux, des imbéciles, des prétentieux et il m’est arrivé aussi souvent que les autres de faire preuve de bêtise. Mais si j’ai pu, à différents moments de ma vie, porter un regard décalé sur ce que j’étais censé voir et savoir, c’est au dessin que je le dois. »
C’est par ces quelques mots que le psychiatre Serge Tisseron défend (justifie ?) sa passion pour le dessin et les « Petits Mickeys » ». Un intérêt pas toujours bien accepté à une époque et dans certains milieux comme le rappelle malicieusement le titre de cet ouvrage aux partis pris assumés mais sans doute nécessaires... pour mémoire !
Psychiatre, docteur en psychologie et membre de l’Académie des technologies, auteur d’une quarantaine d’ouvrages, il a effectué de nombreuses recherches sur les secrets de famille et notre relation aux images.
Ce n’est évidemment pas un inconnu pour les amateurs de BD, encore moins pour tous ceux qui s’intéressent à la psychiatrie ! Ses interventions médiatiques ont fait de ce praticien un observateur reconnu de l’influence des médias sur notre quotidien et nos émotions. Très attentif à l’impact des images, il s’est également illustré par une approche particulière du monde Hergéen avec des livres qui ont fait date. Tintin et le secret d’Hergé aux Presses de la Cité ; Tintin et les secrets de famille, publié chez Aubier ; Tintin chez le psychanalyste en 1985, Aubier ou Psychanalyse de la bande dessinée, édité aux Puf (et repris par Flammarion en 2000), pour ne citer que les plus connus.
Tout au long de sa carrière, il s’obstinera à établir un lien entre ses deux passions. En témoigne sa thèse soutenue en 1975 intitulée Contribution à l’utilisation de la bande dessinée comme instrument pédagogique : une tentative graphique sur l’histoire de la psychiatrie, ce qui lui vaudra d’ailleurs une invitation au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. En 1976, il rédigea son mémoire sur le thème de l’utilisation pédagogique de la bande dessinée.
On sait moins que ce grand amateur a toujours dessiné, allant même jusqu’à rédiger certains travaux, dont sa thèse Contribution à l’utilisation de la bande dessinée comme instrument pédagogique : une tentative graphique sur l’histoire de la psychiatrie en bande dessinée.
Rien d’étonnant donc à retrouver dans ce livre quelques uns de ses thèmes de prédilection comme la question de la folie dans notre société ; les effets catastrophiques des stratégies des laboratoires pharmaceutiques sur le traitement de la souffrance psychique ou la fin de vie, en cases et en bulles !
En regard de textes souvent militants et engagés, notre auteur souligne son propos par un strip ou une planche au graphisme assez sommaire qui n’est pas sans rappeler certains auteurs des années 1970/80 comme Reiser, Copi ou Wolinski voire Jacques Rouxel et Jean-Paul Couturier, les créateurs des Shadoks.
Serge Tisseron dévoile ainsi avec près de 180 dessins son parcours professionnel et personnel entre 1965 et 1995. Cet amoureux du dessin et de la bande dessinée conclut son ouvrage en répertoriant 33 raisons de dessiner, pas forcément des conseils à suivre mais quelques vérités bien senties dont le rappel n’est sans doute pas inutile.
(par Patrice Gentilhomme)
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Au secours, mon fils dessine - Mémoires d’un psy - Par Serge Tisseron - humenSciences
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