Un jeune homme sérieux, ce Louis. Travailleur, ambitieux surtout. Le droit va lui permettre de sortir de la misère. Celle qui le fait végéter dans un petit studio d’un immeuble triste. Sa seule amie est une prostituée qui travaille à côté. Et de fil en aiguille, elle lui propose des petits boulots, dans des soirées pour initiés. Un engrenage dont Louis n’est pas prêt de se défaire.
Situé entre les années 1957 et 1958, ce polar au fort ancrage social semble jouer avec des modèles existants : Flaubert ? Maupassant ? Les films du siècle dernier ? Vincent Zabus a trouvé plusieurs parades pour échapper au déjà-vu : l’irruption constante d’un narrateur, d’abord. Il apostrophe le "héros" avec sarcasme et précision. Les personnages secondaires ensuite : cette pute courageuse et bienveillante au destin tragique, ou encore ce maquereau aussi subtil que malsain.
Et puis ce dessin somptueux de Thomas Campi qui évoque de multiples talents : Prado, Chauzy, Moynot... Avec une capacité d’élégance dans la noirceur qui impressionne.
Scandé par des citations de Shakespeare, Autopsie d’un imposteur traque les consciences agitées et la morale malmenée. En évoquant un milieu piégé par les désirs égoïstes, le récit paraît nous alerter sur nos ambitions dangereuses en nous ramenant constamment à notre modestie imposée d’êtres humains. Fragiles et torturés.
(par David TAUGIS)
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Autopsie d’un imposteur. Par Vincent Zabus (scénario) & Thomas Campi (dessin). Delcourt. Sortie le 22/09/2021. 22 x 29 cm. 88 pages couleur. 18,95 €.
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