Les éditions Casterman retrouvent le chemin du Musée en Herbe puisque, après une expo Martine en 2014, Tintin en 2015, c’est au tour de Philippe Geluck et de son Chat d’investir cette vénérable institution créée en 1975 et qui vient de déménager dans le 1er arrondissement de Paris, rue de l’arbre sec, dans de nouveaux locaux prêtés par la Mairie de Paris.
Parce que l’art peut faire peur aux plus jeunes, surtout quand il prend, comme c’est le cas ces derniers années, un tour de plus en plus conceptuel, le Musée en Herbe s’emploie à le faire découvrir à travers un angle ludique, et la BD s’y prête particulièrement bien.
Ce dialogue avec l’art, d’ailleurs, Philippe Geluck le pratique depuis de nombreuses années, avec une impertinence appuyée, qui allie à la fois une admiration pour les chefs d’œuvre de l’histoire de l’art et une volonté de s’en emparer pour déconstruire les idoles qui se sont constituées au fil des ans : "Je suis un chatouilleur de mythes, nous témoignait-il récemment. Honnêtement, je fais ça pour me marrer. Après, ça fait réfléchir quand même : Pourquoi j’ai ri comme un con devant ce truc-là ? Cela peut mettre des choses en perspective."
Cette perspective, on l’a incontestablement dans l’exposition L’Art et Le Chat du Musée en Herbe. On est immédiatement surpris de découvrir un tel rassemblement d’œuvres authentiques signées Picasso, Vasarely, César, Fontana (l’un des peintres préférés d’Hergé), Warhol, Liechtenstein, Dubuffet, Soulages, Keith Haring, Basquiat, Nusz,... mis en relation avec des Geluck qui soit les parodient directement, notamment dans ce tableau où Le Chat écrase des Schtroumpfs pour obtenir un parfait "bleu Klein", soit les réinvente, comme ces Vénus de Milo aux bras reconstitués.
On ne trouvera pas un Buren, Philippe Geluck s’y est engagé personnellement auprès de l’artiste. La lettre dans laquelle le décorateur de colonnes du Palais-Royal interdit "instamment et avec fermeté" que l’on expose une quelconque de ses œuvres, est exposée aux côtés de la réponse que lui a faite Philippe Geluck dans... les toilettes de l’établissement (lesquelles deviendront à coup sûr les plus visitées de Paris...). Un lieu d’aisance customisé tout en rayures noires et blanches. Toute ressemblance avec une œuvre connue est fortuite, à moins d’avoir un pressant goût de chiotte !
Hier soir, le Tout-Paris (sauf Buren) était présent à l’inauguration : les politiques parisiens, des figures connues de la TV, des dessinateurs eux-mêmes devenus peintres, et tous les amis de l’artiste.
Philippe Geluck s’est modestement montré ravi de pouvoir aider des artistes : Picasso, Warhol... qui, contrairement à lui, avaient besoin d’un quart d’heure de célébrité. Sourires... L’exposition va rester là pendant presque qu’un an : jusqu’au 7 janvier 2017. Un outil de médiation idéal pour faire découvrir l’art aux plus jeunes, lesquels sont quelque 100.000 à visiter le lieu chaque année, depuis un peu plus de 40 ans.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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L’Art et le Chat
Le Musée en Herbe, du 11 février 2016 au 7 janvier 2017
23 rue de l’Arbre-Sec - 75001 Paris (M° Palais-Royal)
Le site de l’exposition
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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