Le marché entre Avery est le diable est simple : le bluesman devra fournir au diable une âme "pure". Jusque là, la référence au fameux pacte qu’aurait conclu Robert Johnson est claire : le célèbre artiste aurait vendu son âme au Diable en échange d’une virtuosité sans égale. Mais l’auteur, Angux, apporte une touche personnelle assez retorse : l’âme d’Avery n’est, aux yeux du Diable, pas suffisamment pure ; mais s’il parvient à fournir au Diable une âme qui le satisfasse, alors l’accord sera conclu.
À la recherche d’une victime idéale, le guitariste croise sur son chemin un jeune et tendre garçon, Johnny, maltraité par ses parents. Sous prétexte de le libérer de cette violence familiale, Avery prend Johnny sous son aile, et voici comment ce drôle de duo se dirige vers le Sud. Ensemble, ils apprennent à se découvrir le temps d’un voyage parsemé de rebondissements, qui va révéler la profondeur de leurs âmes. Avery sera-t-il au rendez-vous fixé avec le Diable ?
La balade des deux compères est aussi le prétexte pour dresser un portrait de l’Amérique ségrégationniste des années 1930, dans lequel la misère sociale et l’expérience de la violence sont inséparables – parce qu’elles en sont en partie la source – de cette « musique d’afro-américains », dont la mélancolie et les émotions transparaissent à travers ce récit d’errance.
Le dessin de Nuria Tamarit fait la part belle à des tons ocres qui donnent l’impression d’un crépuscule sans fin... qui appelle un jour nouveau. Mais pour qui ? Le scénario, riche en rebondissements, est étonnant de bout en bout.
Cet ouvrage des auteurs espagnols est la réédition, avec une nouvelle couverture, de l’album paru en 2016 chez le même éditeur.
(par Damien Boone)
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