Le Japon est sous le choc : de nombreux humains se métamorphosent en monstres hideux au simple contact d’un parasite autodestructeur, devenant ainsi des créatures mi-hommes, mi-bêtes, brutales et déterminées à tout saccager.
Kanata, un lycéen banal, se retrouve malgré lui confronté de près à ces histoires scabreuses. Grâce à ses sens en éveil, il se projette au-delà de la réalité et perçoit l’inimaginable. Mais ses capacités intuitives hors-normes mettent la puce à l’oreille d’une brigade privée de scientifiques enquêtant sur ces drames. S’éveillant à un autre monde, Kanata visualise ces meurtres et comprend désormais qu’il se métamorphose lui aussi en autre chose qu’un simple jeune homme : Kanata est devenu un Awaken.
L’homme-girafe, la femme serpent, symboles de mystères, apparaissent jusqu’ici de manière furtive. Peu présents, certes, mais une fois sur l’échiquier, quelle prestance ! On en redemande, car l’originalité est de taille, et la trame scénaristique éveille à la fois une certaine curiosité et une fascination à cet égard.
Hitori Renda, auteur de la 1ère saison de King’s Game propose un thriller sombre et horrifique, qu’il place à nouveau dans un cadre lycéen, comme il nous l’expliquait à l’occasion de sa venue à Japan Expo. Sa touche personnelle est palpable, même si il emprunte pour Awaken un registre davantage psychologique. Ce premier tome se lit d’une traite et convainc par sa structure.
La narration apporte son lot de sensations fortes et ce, notamment par de réels effets de surprise non téléphonés. Un véritable plus qui permet au lecteur de fusionner avec le récit. Quant aux protagonistes, ceux-ci sont particulièrement attachants, chacun présentant des caractéristiques propres et distinctes. Remarquons également que l’auteur dessine les jeunes femmes avec la plus grande simplicité, sans jamais basculer vers le sexy... ce qui devient plutôt rare dans la catégorie Seinen.
La qualité graphique, quant à elle, parle pour elle-même : il suffit de considérer le premier plat de couverture pour être sous le charme. On peut quasiment parler de magnétisme visuel. Le trait affuté d’Hitori Renda prend une fois encore une dimension épatante. Les expressions des visages se veulent réalistes et soignées : qu’il s’agisse de colère, de peur ou encore de tristesse, la méticulosité et la précision sont de rigueur.
Vivement une suite qui, espérons-le, sera du même acabit !
(par Marc Vandermeer)
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Awaken T1 par Hitori Renda. Ki-oon. Traduction Thibaud Desbief. 208 pages. Sortie le 7 juillet 2016. Prix : 7,65 euros.
Lire une interview de Hirori Renda réalisée lors de Japan Expo 2016