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"Axis Mundi" de Mathieu Lauffray : Cap pour l’Aventure !

Par Thomas Berthelon le 20 juin 2013                      Lien  
Un artbook somptueux consacré à l'univers du dessinateur de Long John Silver. Illustration, bande dessinée et cinéma sont abordés, le tout ponctué d'entretiens avec les collaborateurs de l'artiste.

Si bon nombre d’amateurs de bande dessinée connaissent Mathieu Lauffray pour ses albums de la série de pirates Long John Silver ou encore de Prophet, rares sont ceux qui ont suivi ses travaux de couverture pour les comics Star Wars publiés chez Dark Horse, ou ses concept designs pour des films tels que 10 000 de Roland Emmerich, ou ceux de Christophe Gans et Pascal Laugier.

Cela tombe bien, cet artbook conséquent édité chez CFSL Ink, permet de montrer les nombreuses cordes de l’arc de l’artiste. Né en 1970 et passionné de dessin dès son plus jeune âge, Mathieu Lauffray a étudié aux Arts Décos de Paris où il a rencontré Denis Bajram (qui préface d’ailleurs cert artbook).

Les premières pages offrent l’occasion à ce grand amoureux des récits d’aventure de parler de ses références : Little Nemo, Tintin, Strange, Tarzan pour les bandes dessinées, mais aussi un large panel de films allant de l’aventure à la science-fiction, comme La Planète des Singes, Voyage au centre de la Terre, Star Wars ou encore Superman.

"Axis Mundi" de Mathieu Lauffray : Cap pour l'Aventure !
L’encrage d’une page de "Long John Silver T2"
©Lauffray/CFSL Ink

Cette première partie plutôt bavarde aurait pu rapidement ressembler à des enfoncements de portes ouvertes ("quand j’étais gamin, je rêvais d’être pirate", "j’aime les monstres", ou "je rêve de planètes lointaines"), mais permet surtout de rallier le lecteur à la foi indestructible de Lauffray dans l’aventure au premier degré.

Des recherches graphiques pour le film avorté "Lord of the apes"
©Lauffray/CFSL Ink
L’illustration pour la couverture de "Long John Silver T1"
©Lauffray/CFSL Ink

En guise d’introduction, les premiers chocs visuels et questionnements, le chevauchement des références, son rapport à la technique, son regard sur son propre travail, l’importance du style comme déclencheur d’émotions, sont abordés à travers de longs entretiens avec David Doukhan (comédien et ancien collaborateur au magazine Mad Movies).

À leur tour, le chapitre "Bande dessinée" permet de découvrir les coulisses de la mise en images des séries Prophet (sur un scénario de Xavier Dorison, édité par les Humanoïdes Associés), Long John Silver (toujours scénarisée par Dorison, aux éditions Dargaud), Légion (avec Fabien Nury, chez Glénat), et une introduction à Siegfried d’Alex Alice (chez Dargaud). Des entretiens avec Dorison, Nury, Alice et François Le Bescond, directeur éditorial adjoint de Dargaud, viennent enrichir ce chapitre très intéressant.

Concernant Long John Silver, on se passionnera pour les secrets de fabrication des différentes couvertures, navigant entre considérations commerciales et motivations artistiques. D’ailleurs, ne manquez pas le témoignage de François Le Bescond sur la création de la couverture du tome 1, assez révélatrice des allers et retours nécessaires pour obtenir l’image "parfaite".

L’illustration pour la couverture de "Long John Silver T2"
©Lauffray/CFSL Ink

Aussi passionnant mais révélant un aspect moins connu du grand public, le chapitre consacré au concept design ravira les cinéphiles et donne un bon aperçu des échanges entre des grosses productions hollywoodiennes (à l’occasion de la pré-production du film peu reluisant 10 000 de Roland Emmerich) et les concept artists, tout en parlant du peu de considération que ce corps de métier rencontre dans le cinéma français. À travers les recherches visuelles pour les projets Fantomas, Nemo, et Lord of the apes, le fan du cinéaste Christophe Gans pourra se consoler de l’avortement de ces projets, tout en redécouvrant les aquarelles produites, et bien présentes à l’écran, pour le film Le Pacte des Loups consacré à la bête du Gévaudan.

Encre de Chine pour "Long John Silver"
©Lauffray/CFSL Ink

Un entretien avec ce réalisateur permet de confronter les deux univers, immédiatement suivi par le témoignage de Pascal Laugier, autre cinéaste français de genre, plus cérébral. Les concept artists débutants, et les artistes en général, pourront à travers ces deux entretiens, réaliser qu’il existe bien des univers différents à mettre en images, des modes de collaboration auxquels il faut s’adapter, ainsi que des budgets plus ou moins permissifs.

Axis Mundi se révèle une réussite totale qui procurera de nombreuses heures de lectures à déguster lentement, une pile de romans de Jules Vernes attendant patiemment sur la table de chevet. La complémentarité des chapitres permet également d’appréhender les différentes pattes d’un même auteur, tant dans un style "rough" pour les études de décors, qu’au travers des encrages contrastés du neuvième art.

Une image produite pour le film "Lord of the apes" : la bataille entre Tarzan et le python albinos
©Lauffray/CFSL Ink

(par Thomas Berthelon)

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Axis Mundi - Par Mathieu Lauffray - CFSL Ink

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En médaillon : la couverture de l’artbook "Axis Mundi"

 
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3 Messages :
  • "Axis Mundi" de Mathieu Lauffray : Cap pour l’Aventure !
    21 juin 2013 17:38, par la plume occulte

    Un artbook somptueux oui !Qui transpire la générosité dans l’image et ...dans le propos,ce qui est plus rare.On y développe des idées de partage et de transmission.Avec ,surtout, des images superbes qui revisitent les termes éternels de l’imaginaire fiévreux comme de la grande et belle aventure .Avec cet incomparable goût d’ailleurs.Un ailleurs démesuré.Et de tout les possibles.

    Des images qui ont évidemment une saveur,classique, de déjà vues par la main d’autres artistes,et non des moindres,mais,ici, avec une originalité particulière due à la patte d’un brillant concepteur visuel ,qui préfère le souffle qui implique , immerge le spectateur ,à la distance créée par l’esthétisme du seul froid graphisme.De la différence d’une image signifiante qui se lit ,qui se vit, avec sa dose de stéréotype ,à une image qui se contemple ,avec une certaine marge et,qui à d’autres qualités.de l’ambiance ,de la spontanéité préférées à l’agencement calculé, séduisant et harmonieux.Un parti pris fort malgré tout .Certains en riront...On comprend toutefois son succès auprès des productions cinématographiques voraces en images édifiantes.Promptes à faire rêver .Le maximum de monde.

    Dans son genre Mathieu Lauffray est brillant.

    Pour le reste,il doit exister une vraie malédiction sur les projets cinéma de Christophe Gans.C’est rageant.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Alex le 21 juin 2013 à  22:51 :

      Vous voyez monsieur la plume que finalement, malgré vos mauvaises dispositions à mon égard- sur des bases totalement surfaites à mon avis, et pour mieux renforcer votre propos (je précise et je l’entends) que nous sommes dangeuresement cousins par alliance- même si on ne s’apprécie guère. C’est ça la famille ! Très impressionné par le travail de Lauffray, et au cas où vous ne connaitriez pas je vous joins ce lien d’un blog qui... fait le lien.
      [http://thegoldenagesite.blogspot.fr]

      Amicalement, pour cette fois...

      Répondre à ce message

      • Répondu par la plume occulte le 22 juin 2013 à  16:22 :

        Je connaissais déjà ce blog,notamment pour la page qui parle de l’histoire "Came The Dawn "de Al Feldstein.Avec une version dessinée superbement par Wallace Wood dans les années 50 et, quelques temps plus tard, par Frazetta. Mais dans une version inachevée où Frazetta se met lui même en scène.Un travail noir et blanc méconnu , sublime, du divin Frank.Travail qui me laisse inconsolable qu’il ait abandonné la BD ,au moment où il atteignait la parfaite maîtrise, pour d’autres domaines moins chronophages ,plus reconnus et... plus rémunérateurs.Ce qui nous ramène à un certain discours lucide que tient le talentueux Mathieu Lauffray.

        http://thegoldenagesite.blogspot.fr/2009/02/came-dawn-written-by-al-feldstein-art.html

        Je connaissais donc comme vous voyez ,mais vous remercie quand même pour le geste.

        Ensuite ,je n’ai aucune mauvaise disposition à votre égard pas plus que d’inclinaisons qui font que je ne vous apprécie guère.Qu’il s’agisse de vous ou de quiconque .Vous vous trompez complètement.De votre côté vous êtes libre de faire comme vous voulez.

        J’apprécie en revanche vos interventions et celles d’autres intervenants réguliers.Principalement parce qu’elles développent un point de vue qui n’est pas forcément le mien.Je reproche seulement à ce point de vue d’être un chouia trop hégémonique,avec ce goût prononcé pour la sélection et le classement.Avec surtout cette assurance de posséder la vision légitime ,que donne l’appartenance au camp des vainqueurs.Ceux qui font la loi.Sans partage.Il manque un équilibre dans la balance.La plupart des concernés s’en défendent par la parole . Certains en toute bonne foi.Les faits les contredisent.

        Je ne sais pas en revanche si nous somme cousin mais il n’y aura pas de rendez-vous guerrier.

        Oui le travail de Mathieu Lauffray est impressionnant.

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